Pollution sonore : définition, santé, quelles solutions ?
Transport routier, musique, voisinage… Si le bruit est vital car il est impossible de vivre dans le silence complet, il peut cependant avoir de lourdes conséquences sur la santé. Quels décibels sont gênants ? Quels sont les effets sur la santé mentale ? Voici quelques réponses avec Laurent Droin, directeur du Centre d'information sur le Bruit (CidB).
Qu'est-ce que la pollution sonore ?
Le terme "pollution sonore" est relativement récent. Promulguée en décembre 2019, la loi d'orientation des mobilités a engendré des avancées concernant la lutte contre le bruit. Tout d'abord, la notion de "pollution sonore" a été reconnue dans le Code de l'environnement et a remplacé le terme de "nuisances sonores". "Le texte (cf. article 93) consacre également la responsabilité de chaque personne publique (État, collectivités et établissements publics) et personne privée à mener des politiques qui permettent la mise en œuvre du droit reconnu à chacun de vivre dans un environnement sonore sain", explique Bruitparif. Les nuisances sonores désignent plutôt des bruits commis dans le cadre de la vie quotidienne tandis que la pollution sonore évoque "des bruits à un haut niveau d'intensité ou de répétitivité qui peuvent avoir un impact sur la santé comme les bruits de la ville ou des transports", précise Laurent Droin, directeur du Centre d'information sur le Bruit (CidB), association reconnue d'utilité publique.
A partir de quels décibels ?
"Il n'y a pas de seuil de décibels à partir duquel on estime qu'il s'agit d'une pollution. La différence entre la pollution sonore et les autres pollutions réside dans le fait que pour les autres types de pollution, l'objectif est de les réduire au maximum. Tandis que pour le bruit, l'objectif n'est pas qu'il y en ait le moins possible car il est vital, mais qu'il y ait le bon bruit au bon moment, au bon endroit", souligne Laurent Droin. De plus, la sensibilité au bruit et au nombre de décibels est très personnelle. Un bruit peut devenir pénible à partir de 40 ou 50 dB s'il impacte le sommeil par exemple et on le considère comme étant dangereux pour l'audition à 85 dB. Une douleur auditive peut apparaître au-delà de 100 dB. "Le code du travail et celui de la santé publique estiment qu'au-delà de 80 dB d'exposition sur 8 heures par jour, il y existe un risque auditif sur le long terme", précise le directeur du CidB.
Quelles sont les causes de la pollution sonore ?
Il existe de multiples sources de pollution sonore.
- Des sources mécaniques comme les véhicules, les avions, les usines…
- Des travaux et chantiers qu'ils soient ponctuels ou durables
- Des événements publics comme des manifestations, fêtes, feux d'artifice, festivals, concerts, stades
- Des nuisances sonores dues au voisinage
Quelles conséquences sur la santé ?
Selon l'Agence européenne pour l'environnement, "l'exposition à long terme au bruit peut avoir diverses conséquences pour la santé". La pollution sonore provoque notamment "des troubles du sommeil, des effets négatifs sur le système cardiovasculaire et sur le métabolisme, ainsi que des troubles cognitifs chez les enfants". Les données de l'AEE "permettent d'estimer que le bruit ambiant contribue à l'apparition de 48 000 nouveaux cas de cardiopathie ischémique chaque année et est responsable de 12 000 décès prématurés. En outre, selon nos estimations, 22 millions de personnes souffrent également d'une forte gêne chronique et 6,5 millions de personnes sont confrontées à d'importants troubles du sommeil chroniques. Nous estimons que 12 500 écoliers présentent des troubles de la lecture à l'école à cause du bruit généré par les avions". Selon un rapport de l'Ademe et du Conseil national du bruit, le coût social du bruit s'élève à 147milliards d'euros par an en France.
Quels effets sur la santé mentale ?
"Les gens exposés au bruit peuvent devenir anxieux, agressifs, dépressifs ou se retrouver isolés", assure Laurent Droin. Le CidB propose un service d'écoute par téléphone avec un psychologue car "les personnes sont souvent dans des états de détresse importants". Une enquête réalisée par le CidB en 2010 a démontré que le sommeil de 35% des personnes sondées était perturbé à cause du bruit. Pour 26%, le bruit est une source de stress, pour 22% il s'agit d'une source de fatigue et de tensions nerveuses et 7% des personnes interrogées seraient en dépression. Toujours selon ce sondage, 10% des sondés bénéficieraient d'une aide médicamenteuse à cause des dommages causés par le bruit.
Comment lutter contre la pollution sonore ?
"Il existe des solutions à tous les problèmes", assure Laurent Droin qui prévient tout de même que "les traitements préventifs sont beaucoup plus pertinents que les traitements curatifs bien plus complexes et coûteux". Il est prudent "d'éviter l'automédication en essayant de résoudre le problème par soi-même en achetant des matériaux inadaptés". A l'occasion de travaux, par exemple pour renforcer la performance acoustique des fenêtres, il est préférable de se faire conseiller par un acousticien. Au quotidien, l'une des solutions est de porter un casque isolant ou des bouchons d'oreilles, de ne pas rester près des enceintes lors d'un concert ou dans une boîte de nuit, ou encore de s'éloigner et faire des pauses au calme de façon régulière si votre lieu de travail se situe dans un endroit bruyant.
Les personnes souffrant des conséquences du bruit peuvent se rendre sur le site Bruit.fr où elles trouveront de nombreuses informations techniques et juridiques.
Merci à Laurent Droin, directeur du Centre d'information sur le Bruit (CidB)
Sources :
Code de l'environnement
Site de l'association BruitParif
Site de l'Agence européenne pour l'environnement
Rapport sur le coût social du bruit de l'Ademe et du Conseil national du bruit