Puberté précoce : causes, âge, signes fille-garçon
La puberté précoce touche 10 fois plus les filles que les garçons. Outre le retentissement psychologique sur l'enfant, elle peut fortement impacter la croissance et nécessite souvent un traitement. Le point avec le Dr Bagot, gynécologue-obstétricienne et le Pr Barat, endocrinologue pédiatrique au CHU de Bordeaux.
Qu'est-ce que la puberté précoce ?
Le terme de puberté précoce désigne un déclenchement de la puberté avant l'âge normal.
A quel âge parle-t-on de puberté précoce ?
On parle de puberté précoce avant 8 ans chez la fille et 9 ans chez le garçon.
Quels sont les signes chez la fille ?
Chez la fille, la puberté précoce se caractérise par un développement mammaire avant l'âge de 8 ans. "Des poils pubiens et axillaires peuvent également commencer à apparaître, ajoute le Dr. Bagot. Ainsi que des écoulements vaginaux qui témoignent du début de la sécrétion oestrogénique". Il n'est parfois ps évident de faire la différence entre une poussée mammaire précoce et une petite fille "juste" potelée. En cas de doute, il est préférable de consulter un pédiatre, voire un pédiatre spécialisé en endocrinologie.
Quels sont les signes chez le garçon ?
Chez le garçon, la puberté précoce se manifeste par l'augmentation du volume testiculaire et le début d'une pilosité pubienne.
Quelles sont les causes d'une puberté précoce ?
Les causes sont multifactorielles et probablement environnementales. "Outre les facteurs génétiques et métaboliques (surpoids) qui ont souvent une incidence sur le démarrage précoce de la puberté, les perturbateurs endocriniens – notamment le bisphénol A qui a une activité "œstrogène-like" c'est-à-dire qu'il mime l'effet de l'œstrogène naturel – sont largement suspectés" précise le Dr. Bagot. Si la cause de la puberté précoce est souvent idiopathique, elle peut également être le signe d'une tumeur du système nerveux central (tumeur de l'hypothalamus, etc.).
Parmi les autres causes :
→ Une prise de poids progressive depuis le plus jeune âge avec un rebond de la courbe de corpulence vers 3-4 ans, est très souvent associé aux pubertés précoces chez les filles.
→ La consommation fréquente de sucre peut perturber par elle-même le fonctionnement de nombreux organes comme par exemple les ovaires. Ce phénomène, bien connu chez les femmes en surpoids, est décrit actuellement chez les petites filles. La sur-consommation de sucre induit une élévation anormale de la sécrétion d'insuline ("l'hormone du sucre") qui agit sur l'ensemble du corps. Cela conduit au diabète de type 2 mais également à de nombreux dérèglement d'organes. Finalement, le sucre agit aussi comme un perturbateur endocrinien.
Plus la puberté démarre tôt, plus l'enfant aura une petite taille.
Quelles sont les conséquences d'une puberté précoce ?
La puberté précoce n'est pas que physique. Elle a aussi des conséquences sur le comportement du pré-adolescent. D'une manière générale, le comportement se modifie : ce sont des sautes d'humeur liées aux hormones, des problèmes avec les parents ou à l'école... Une sorte de "crise d'ado" avant l'heure en quelque sorte. Chez les filles, on constate parfois un repli sur soi ou un mal-être avec son propre corps : elles n'osent pas aller à la piscine parce qu'elles craignent de se déshabiller. Les conséquences psychologiques peuvent mener à de la tristesse, voire à des symptômes de dépression. Outre le retentissement psychologique sur l'enfant qui pourra présenter un décalage entre sa maturité psychologique et de sa maturité sexuelle, la puberté précoce a une incidence sur la croissance. "La fin de la puberté est marquée par la soudure des cartilages de conjugaison et donc l'arrêt de la croissance, confirme le Pr. Barat, endocrinologue pédiatrique au CHU de Bordeaux et président de la Société française d'endocrinologie et de diabétologie pédiatrique. Plus la puberté démarre tôt, plus l'enfant aura une petite taille".
Les premières règles ne surviennent que 2 ans après le début de la poussée des seins.
Quand et qui consulter ?
Il peut être pertinent de consulter un pédiatre lorsqu'on constate un développement des seins chez une petite fille de moins de 8 ans ou l'apparition de poils pubiens avant l'âge de 9 ans chez un garçon. Ce dernier orientera ensuite, si besoin, le jeune patient vers un spécialiste. Et même si le sujet n'est pas simple et que nombre de parents ne sont pas à l'aise, il est important de savoir qu'ils peuvent en parler, soit avec leur enfant, soit avec le médecin. Lorsque l'enfant est examiné par le pédiatre et que les modifications précoces de son corps lui sont expliquées, dans bien des cas cela permet de diminuer son inquiétude.
Quel bilan faire ?
En première intention, le pédiatre demandera un âge osseux, c'est-à-dire une radiographie de la main gauche à la recherche d'une accélération de la maturation osseuse due aux hormones sexuelles. Des dosages hormonaux ainsi qu'une échographie pelvienne chez la petite fille peuvent également être réalisés. Le but de la consultation est de ne pas passer à côté d'une cause médicale sérieuse. Il faut ensuite évaluer si cette puberté précoce évolue rapidement ou non et si elle risque de conduire à des problèmes de croissance.
A savoir : Les premières règles ne surviennent que 2 ans après le début de la poussée des seins.
Quels sont les traitements ?
Le traitement consiste à freiner le développement pubertaire grâce à un analogue de la LH-RH qui va bloquer la synthèse des hormones sexuelles. "Celui-ci prend la forme d'injections mensuelles ou trimestrielles et s'étale sur au moins deux ans, explique le Pr Barat. Excepté une augmentation de l'appétit les premiers mois, le traitement n'a pas d'effets secondaires et la puberté reprend son cours normal dès l'arrêt des injections ".
Merci au Dr Bagot, gynécologue-obstétricienne et au Pr Barat, endocrinologue pédiatrique au CHU de Bordeaux.