Hémorragie : définition, symptômes typiques, comment l'arrêter ?
Une hémorragie est un écoulement de sang en dehors de la circulation sanguine naturelle. Quels sont les signes d'une hémorragie (interne) ? Qu'est-ce qu'une hémorragie digestive, de l'oeil, du nez, de l'oreille ? Comment l'arrêter et comment déterminer sa gravité ? Le Dr Loïc Etienne, médecin urgentiste répond à toutes ces questions.
Définition : qu'est-ce qu'une hémorragie ?
Elle peut consister en un simple saignement de petite quantité, comme dans le cas d'une petite plaie cutanée, ou à l'opposé en une grande perte de sang qui peut engager le pronostic vital, le sang jouant un rôle primordial en transportant l'oxygène aux organes. L'hémorragie peut être extériorisée par la peau, ou par un orifice naturel.
Hémorragie interne
L'hémorragie peut être plus difficile à mettre en évidence en cas de saignement non extériorisé : on parle d'hémorragie interne, ce qui est le cas dans les hémorragies cérébrales ou méningées au niveau du cerveau ou d'autres hémorragies d'organes souvent abdominaux. L'hémorragie sévère nécessite une localisation et un traitement en urgence.
Hémorragie externe
L'hémorragie externe est visible à l'œil nu. Le sang s'écoule par une plaie ou un orifice naturel.
Le sang s'écoule par une plaie
"Un saignement dû à une petite coupure, une brûlure, un traumatisme s'arrête, en général, spontanément en quelques minutes", informe le Dr Loïc Etienne. "Dans le cadre d'une plaie banale, ce sont les petits vaisseaux veineux les plus superficiels qui sont atteints. Le sang s'écoule alors par nappes. Si une veine de plus gros calibre (une veine visible sous la peau) est touchée, en revanche, l'écoulement peut être plus important ". Si c'est une artère qui est touchée, la plaie doit être prise en charge rapidement par un médecin. "La blessure est plus profonde et plus grave. Le saignement se fait par pulsations, au rythme du pouls ". La plaie doit être comprimée immédiatement et suturée par la suite sous anesthésie locale ou générale selon son importance.
Le sang s'écoule par un orifice
C'est le cas, entre autres, du saignement de nez (ou épistaxis), hémorragie sortant par le nez, de l'hémoptysie, saignements d'origine respiratoire sortant par la bouche, de l'hématémèse, crachats de sang d'origine digestive, des rectorragies, sang rouge issu de l'anus d'origine digestive ou du melaena, sang noir extériorisé par l'anus.
Hémorragie digestive
"Une hémorragie digestive haute se caractérise par une hématémèse si le sang est vomi et/ou du mélaena si ce sang est digéré par les intestins ", explique le Dr Loïc Etienne. "Le sang est noir et sent très mauvais ". Le patient se sent généralement épuisé et est anémié car le saignement est souvent chronique. Cela n'est pas bon signe, il faut consulter. Ce type de saignement est à distinguer de la rectorragie, qui est habituellement le signe d'un saignement digestif bas (plutôt au niveau de l'anus). "Dans les deux cas, il est urgent de réaliser une exploration du système digestif", indique le médecin urgentiste.
Hémorragie méningée (sous arachnoidienne)
"L'hémorragie se situe au niveau des méninges, l'enveloppe qui entoure le cerveau, explique le médecin. Cela peut provoquer un coma, des troubles de la conscience, des vomissements… ". L'hémorragie méningée peut être liée à une tumeur, de l'hypertension ou à d'autres causes. "Ce type d'hémorragie est toujours très grave. Elle aboutit à une hospitalisation et les séquelles peuvent être importantes."
Hémorragie de l'oeil
La présence de sang dans le blanc de l'œil suscite généralement de l'inquiétude. "Celle-ci est compréhensible, mais ce n'est en général pas très grave. Ce n'est jamais une hémorragie massive ", explique le Dr Loïc Etienne. "Il s'agit, en fait, d'une hémorragie sous conjonctivale (la petite couche la plus superficielle de l'œil)". Il est cependant important d'en déterminer la cause "qui peut, témoigner d'un problème plus sérieux : un surdosage en anticoagulants par exemple qui peuvent être à l'origine de cette hémorragie ".
Hémorragie du nez
Le saignements sont provoqués par la rupture de vaisseaux sanguins "généralement à cause de poussées de tension ou d'un rhume qui se complique ", informe le médecin. Le seul moyen de l'arrêter ? "Se pincer le nez au niveau des narines de manière à les obstruer et pencher la tête en avant pour éviter que le sang coule à l'arrière de la gorge ". Au bout de cinq à six minutes, le Dr Loïc Etienne recommande de se moucher le nez "afin de faire partir les caillots de sang inefficaces. La coagulation peut alors repartir sur des bases saines". Si, malgré tout, le sang continuer de s'écouler il faut consulter un médecin pour faire un méchage. "Les saignements de nez ne sont généralement pas très graves, mais ils peuvent témoigner de problèmes plus sérieux ".
Hémorragie de l'oreille
"Tout saignement de l'oreille après un traumatisme au niveau de la tête indique qu'il y a un risque de fracture au niveau du rocher (os du crâne sur lequel repose le cerveau. C'est grave. Il faut alerter le 15 ", informe le Dr Loïc Etienne. En dehors d'un traumatisme, ces saignements sont bénins et sont souvent dus à un petit bouton dans l'oreille, ou, plus inquiétant, à un saignement en provenance de l'oreille moyenne. Dans tous les cas, il faut consulter.
Hémorragie de la délivrance
"Au moment de l'accouchement, le placenta se décolle, explique le médecin. Mais il arrive que certaines partie ne soient pas entièrement expulsées. Du sang en provenance de ces morceaux de placenta s'écoule alors par le vagin ". C'est ce qu'on appelle l'hémorragie de la délivrance. Ce problème est réglé en salle d'accouchement par l'obstétricien qui fera "une révision utérine".
Quels sont les signes d'une hémorragie ?
Les signes d'une hémorragie sont divers en fonction de la gravité : perte importante de sang, pâleur, sueurs froides, accélération de la fréquence cardiaque. Ces saignements peuvent provoquer une sensation de soif et de langue sèche et une chute de tension responsable de malaises. "De simples questions posées au patient, suffisent pour évaluer l'intensité de l'hémorragie", précise le spécialiste.
Quelles sont les causes d'une hémorragie ?
Les causes sont multiples, mais le phénomène résultant est le même : brèche dans un vaisseau. Il peut s'agir d'une plaie, mais aussi d'un hémorragie interne ou extériorisée liée à à un choc, à l'éclatement d'un vaisseau (rupture d'anévrysme ou hypertension…), à une tumeur qui finit par infiltrer la paroi d'un vaisseau, ou à un sang trop fluide (maladie, traitement anticoagulant…)
Quelles sont les complications ?
"Les complications d'une hémorragie peuvent être très graves ", explique le médecin urgentiste. Elles peuvent aboutir à la mort quand elles sont massives ou touchent des organes vitaux comme le cerveau ou le cœur, qui ont besoin de recevoir de l'oxygène présent dans le sang pour pouvoir fonctionner.
Comment arrêter une hémorragie ?
En cas d'hémorragie externe, dans un premier temps, comprimer la plaie qui saigne. De préférence, utiliser une compresse, un gant, un tampon... propres. Allonger la victime sur le sol (la victime ne doit en aucun cas rester debout). Alerter les secours, en donnant bien les détails sur l'état général de la victime (pâleur, sensation de froid, tremblements...), et l'endroit de la plaie. Le garrot ne se justifie qu'en cas d'hémorragie massive en dehors de tout moyen d'aide médicalisé. Si celui-ci se montre obligatoire, desserrez-le toutes les 15 minutes afin d'irriguer les tissus en aval du garrot. Ne relâchez pas votre attention avant l'arrivée des secours. La vie de la victime peut en dépendre. Si le saignement est important (artériel) et plutôt sur les membres, positionnez le blessé allongé, membres inférieurs relevés, afin de privilégier la circulation vers le cerveau. Si la plaie se trouve en haut du corps, positionnez-le assis, adossé. Attention : il ne faut en aucun cas donner à boire ou à manger à la victime. Il ne faut pas laisser la victime debout en cas de chute. Il ne faut surtout pas lui administrer de l'aspirine.
Quand et qui consulter ?
Lorsque l'hémorragie est importante, il convient de prévenir les urgences : Samu au 15, Pompiers au 18 ou se rendre directement aux Urgences les plus proches.
Merci au Dr Loïc Etienne, médecin urgentiste.