Mal des montagnes : symptômes, traitements, comment l'éviter ?
Le mal aigu des montagnes (MAM), autrement appelé "mal d'altitude", apparaît généralement à partir de 3000 mètres. Le point sur ses causes, ses principales manifestations et son traitement avec le Dr Frédérique Thiennot, médecin urgentiste en Ariège.
Définition : qu'est-ce que le mal des montagnes ?
Le mal aigu des montagnes affecte les personnes qui montent en haute altitude. Il est provoqué par une mauvaise oxygénation du corps liée à la diminution de la pression d'oxygène dans l'air (plus l'altitude est élevée, plus la pression d'oxygène baisse). Les signes surviennent en général pour des altitudes supérieures ou égales à 3000m et chez des sujets particulièrement sensibles soumis à des activités physiques intenses et prolongées.
Quelles causes ?
Le mal des montagnes est dû à la baisse de la pression atmosphérique en altitude, qui elle-même conduit à un manque d'oxygène. Plus l'altitude augmente, plus la densité de l'air s'affaiblit. Plusieurs facteurs favorisent le mal des montagnes : "On peut citer d'abord la rapidité de l'ascension, l'usage de l'avion ou de l'hélicoptère pour atteindre les zones de haute altitude favorise les signes contrairement aux marches d'approche. L'activité physique durant les premiers jours doit éviter un exercice musculaire trop intense au début : il doit être progressif et précédé d'un entrainement avant l'expédition. Le froid et le vent majorent les effets de l'altitude", précise le Dr Frédérique Thiennot.
Qui sont les plus vulnérables ?
Les sujets atteints sont en général jeunes et sans maladie particulière. Si un séjour en altitude est envisagé, il est important de réaliser un bilan cardio pulmonaire. "Il existe une susceptibilité individuelle, c'est-à-dire que les personnes ayant présenté ces symptômes auront tendance à récidiver à une altitude équivalente. Les sujets porteurs d'une anomalie cardiaque ou pulmonaires sortent de ce cadre car le séjour en haute altitude leur est contrindiqué car le risque de faire décompensé leur maladie est majeur", indique le médecin.
Délais d'apparition
Surtout durant les 4 premiers jours suivant l'arrivée en altitude, de façon exceptionnelle après le 10e jour.
A partir de quelle altitude ?
Le mal des montagnes touche les alpinistes qui gravissent des sommets de plus de 3 000 mètres.
Quels symptômes ?
"Le mal aigu des montagnes regroupe plusieurs symptômes explique le Dr Frédérique Thiennot. L'organe le plus sensible est le cerveau : les signes de souffrances sont le mal de tête, de survenu brutal, aggravé par l'effort ou le sommeil ; il peut s'associer à des vertiges des bourdonnements d'oreille des troubles de la vue, une fatigue importante, des crampes mais aussi de troubles de la mémoire, une désorientation, un ralentissement des idées, des troubles du sommeil.. On peut voir aussi un état d'euphorie qui peut être source d'accident". Des signes digestifs : perte d'appétit, nausées vomissement. Des signes cardiaques ou pulmonaires : essoufflement au repos, augmentation des pulsations cardiaques. Le sommeil est une situation durant laquelle les troubles se manifestent avec une plus grande fréquence en lien avec la mise au repos des centres respiratoires.
Traitements et médicaments pour se soigner
Evolution favorable
Il est recommandé de stopper l'ascension lorsque les premiers symptômes apparaissent. En cas de mal d'altitude léger, il n'est pas nécessaire de redescendre de manière immédiate. Les solutions conseillées sont de se reposer très souvent et de prendre des comprimés d'analgésiques contre les maux de tête (paracétamol). Les somnifères sont déconseillés car ils aggravent la dépression respiratoire et peuvent nuire à l'effort physique. Si les troubles persistent ou s'accentuent le repos est de rigueur et il faut conseiller la descente à un niveau inférieur (le fait de descendre de 400/500 m est souvent suffisant pour une amélioration spectaculaire des troubles)
Evolution défavorable
L'évolution défavorable est un drame respiratoire : l'œdème aiguë du poumon de haute altitude est le drame neurologique : l'œdème cérébral.
- L'œdème aigu du poumon (le poumon se remplit d'eau) : son apparition est fonction de la vitesse de montée, de l'altitude et de la susceptibilité individuelle : essoufflement progressif avec toux, crachats mousseux ou sanglants, aspect violacée de la face et des mains, pouls rapide. Le traitement repose sur le repos, l'oxygénothérapie et la redescente.
- L'œdème cérébral (hypertension majeure au niveau des cellules du cerveau qui empêche leur fonctionnement) : c'est l'accident le plus grave il impose la descente dans les plus brefs délais, il existe des signes avant-coureurs : le mal de tête très important, les vomissements, les troubles de l'équilibre, de la vue, les hallucinations, une confusion, un ralentissement de la réflexion… La situation s'aggrave spontanément et aboutit à un coma et la mort. Le traitement repose sur l'oxygénothérapie, la redescente. Certains autres traitements ont été proposés (diamox, diurétiques..) dans le cadre d'une prise en charge médicale.
Il est recommandé de stopper l'ascension lorsque les premiers symptômes apparaissent. En cas de mal d'altitude léger, il n'est pas nécessaire de redescendre de manière immédiate. Les solutions conseillées sont de se reposer très souvent et de prendre des comprimés d'analgésiques contre les maux de tête. Il est en revanche indispensable de redescendre de l'altitude en cas d'oedème, ou d'inefficacité du traitement. Lors d'un épisode aigu, pouvant se produire à plus de 4000 m d'altitude, il peut être envisagé d'avoirs recours à un caisson hyperbare portable utilisé dans ce cas par des professionnels. Le malade est alors allongé dans le caisson qui est ensuite gonflé à une pression permettant une chute de dénivellation de 2500 m à 3000 m.
Prévention : comment éviter le mal des montagnes ?
L'effort physique envisagé doit être en rapport avec la capacité physique et donc l'entraiment préalable. La préparation du voyage doit intégrer la prévention avec une progression en dent de scie adoptée par la plupart des expéditions : après une journée d'effort, redescendre pour trouver un sommeil réparateur. Comme lors de tout effort physique, il est également recommandé de s''hydrater, de s'alimenter sans excès, de ne pas fumer, et de ne pas boire d'alcool. L'équipement de lutte contre le froid doit être adapté. Enfin la susceptibilité individuelle peut être dépistée par de courts séjours en montagne au dessus de 3000 m. "Pour éviter le mal des montagnes : une activité bien préparée physiquement, en terme d'équipement et d'organisation des étapes et compatible avec le niveau de l'équipier le plus faible…", conclue le médecin.
Merci au Dr Frédérique Thiennot, médecin urgentiste en Ariège.