Jeûne thérapeutique : bienfaits, protocole, durée, dangers

Le jeûne thérapeutique favoriserait la régénération du système immunitaire et la mise au repos du système digestif. Pourtant, ses effets positifs n'ont jamais été validés sur le plan scientifique et il reste controversée dans le milieu médical. Quels sont ses bienfaits ? Comment faire ? Protocole et dangers avec Karine de la Rouère, diététicienne nutritionniste.

Jeûne thérapeutique : bienfaits, protocole, durée, dangers
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Définition : c'est quoi un jeûne thérapeutique ?

Le jeûne thérapeutique consiste à se priver volontairement de tout aliment solide ou liquide pendant une période donnée. Seule l'eau est autorisée. On le qualifie de thérapeutique parce qu'il aurait des vertus préventives et curatives sur de nombreuses maladies. Le jeune thérapeutique est généralement partiel (jeûne intermittent ou fasting), ce qui signifie qu'il y a une alternance entre les périodes jeûnées et les prises alimentaires. Pourtant, à ce jour, le jeûne thérapeutique n'est pas proposé dans un cadre médicalisé en France. Il l'est en revanche dans d'autres pays d'Europe et à l'international. Les données scientifiques sur le sujet étant insuffisantes, l'efficacité du jeûne thérapeutique n'est pas prouvée. 

Quels sont les bienfaits d'un jeûne thérapeutique ?

Le jeune thérapeutique est avant tout un moyen de détoxifier son organisme puisqu'il accélère le nettoyage des cellules et des tissus, favorisant ainsi leur rajeunissement.

Le jeûne thérapeutique permettrait de prévenir un certain nombre de pathologies, dont certaines maladies cardiovasculaires, certaines pathologies digestives et autres maladies chroniques, et diminuerait la fréquence et l'intensité des douleurs articulaires. Toutefois, cela n'a jamais été réellement prouvé scientifiquement. Ce que l'on sait, c'est que le jeune thérapeutique est avant tout un moyen de détoxifier son organisme puisqu'il accélère le nettoyage des cellules et des tissus, favorisant ainsi leur rajeunissement. Il permet également l'amélioration des processus de digestion et d'assimilation. "Entre 12 heures et 16 heures de jeûne, le foie et les muscles n'ont plus de réserves en sucres (glycogène), ce qui va mettre le corps en cétose : l'organisme puise alors dans ses réserves de graisses qu'il utilise comme carburant. Ce phénomène entraîne une diminution de la production d'insuline, du stockage des graisses et du sucre dans l'organisme, ce qui active les cellules nerveuses et renforce les capacités intellectuelles et physiques. Le jeûne favorise également la gestion des hormones de la faim (ghréline) et de la satiété (leptine), ce qui peut aider à contrôler son alimentation. À partir de 14h de jeûne, le processus d'autophagie cellulaire, c'est-à-dire du renouvellement des cellules, se met en place", explique Karine de la Rouère. 

Protocole : comment faire un jeûne thérapeutique ?

Il est essentiel de préparer l'organisme progressivement.

Le jeûne ne doit pas se faire du jour au lendemain, il est essentiel de préparer l'organisme progressivement. "On commence par diminuer sa consommation d'excitants (thé, café, chocolat), puis on met de côté les protéines animales, les produits céréaliers et à J-3, on stoppe la consommation de produits laitiers, d'œufs et de protéines végétales. Deux jours avant de jeûner, on mange uniquement des fruits et légumes. Ensuite, il est recommandé de boire au minimum trois litres d'eau", indique la diététicienne-nutritionniste.

Quelle durée pour un jeûne thérapeutique ?

Selon le Ministère de la Santé et des Solidarités, la durée du jeûne thérapeutique ne devrait pas excéder quelques jours, une semaine maximum

Le jeûne thérapeutique a-t-il un bienfait sur le cancer ?

Les études portant sur l'intérêt du jeûne thérapeutique chez les sujets atteints d'un cancer sont controversées. Dans son dépliant grand public et patients "Jeûne et cancer" publié en 2018, le réseau NACRe explique que jeûner n'est pas une médecine d'avenir pour combattre le cancer : "actuellement, il n'y a pas de preuve scientifique confortant cette idée. Bien que le jeûne à visée "thérapeutique" soit à la mode, c'est une pratique dont les "bienfaits" ne sont pas prouvés scientifiquement, et qui comporte des risques". Autrement dit, personne n'est en mesure d'affirmer l'effet protecteur du jeûne sur la survenue de cancers. "Certes, les cellules cancéreuses se nourrissent de sucre donc on peut légitimement penser que le jeûne les affaiblira. Mais par la même occasion, on prend le risque d'affaiblir le corps qui répondra alors moins bien au traitement", commente notre interlocutrice.

Le jeûne thérapeutique présente un certain nombre de risques et ne doit jamais être réalisé sans avis médical

Quels sont les dangers d'un jeûne thérapeutique ?

"Le jeûne thérapeutique présente un certain nombre de risques et ne doit jamais être réalisé sans avis médical", prévient Karine de la Rouère. Cette pratique est formellement déconseillée aux sujets atteints d'une pathologie rénale, hépatique, aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu'aux personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire. Un avis est également requis pour les enfants, adolescents, sportifs et personnes âgées qui ont des besoins nutritionnels spécifiques. "Le jeûne est susceptible d'augmenter les effets de certains médicaments, il faut donc toujours demander l'avis d'un médecin en cas de traitement médicamenteux. De plus, le jeûne peut provoquer un certain nombre d'effets secondaires tels que : maux de tête, étourdissements et malaises. Il entraîne aussi des carences, notamment en fer, ce qui peut induire une anémie", précise-t-elle. 

Merci à Karine de la Rouère, diététicienne nutritionniste à Paris.

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