Mifépristone : nom, effet, IVG, agit en combien de temps ?
La mifépristone est hormone stéroïde de synthèse qui empêche l'action de la progestérone. Elle est utilisée en France dans les interruptions de grossesse (IVG). Quel est le nom commercial ? Quel effet ? En combien de temps agit-elle ?
Définition : c'est quoi le mifépristone ?
Le mifépristone est une hormone stéroïde de synthèse qui empêche l'action de la progestérone en se fixant spécifiquement sur ses récepteurs. Son action anti-progestative a pour conséquence d'empêcher le développement de l'embryon dans l'utérus et d'entraîner le détachement et l'élimination de la muqueuse utérine. Son effet abortif (c'est-à-dire qui provoque l'avortement) est généralement complété par l'action du misoprostol, prostaglandine qui provoque des contractions utérines expulsant ainsi le contenu de l'utérus. Le mifépristone, molécule découverte dans la fin des années 70, est également appelée RU 486, dénomination en lien avec le nom du laboratoire l'ayant synthétisée (Roussel-Uclaf) et le numéro d'attribution du stéroïde breveté. Elle est utilisée en France dans les interruptions de grossesse, que ce soit lors d'une mort fœtale in-utero ou une interruption thérapeutique de grossesse.
Indications : dans quels cas utiliser le mifépristone ?
Le mifépristone est indiqué dans les interruptions médicales de grossesse intra-utérines, avant une prise de misoprostol (analogue des prostaglandines) jusqu'au 63ème jour d'aménorrhée. Le mifépristone est également utilisé dans le cadre du ramollissement et de la dilatation du col de l'utérus avant une interruption chirurgicale de grossesse au cours du 1er trimestre de grossesse, ainsi que dans la préparation à l'action des prostaglandines au-delà du 1er trimestre. Enfin, le mifépristone peut être indiqué dans le déclenchement du travail lors de mort fœtale in utero, si les prostaglandines ou l'ocytocine ne peuvent pas être administrées.
Comment agit le mifépristone ?
Le mifépristone agit par compétition avec la progestérone sur ses récepteurs, et notamment ceux intervenant au niveau de l'utérus. Son affinité pour les récepteurs de la progestérone est environ 5 fois plus élevée que la progestérone elle-même. Chez la femme, à des doses supérieures ou égales à 1 mg/kg, le mifépristone bloque les effets de la progestérone sur l'endomètre et le myomètre (muscle utérin). Cela a pour conséquence d'entraîner une mise à l'arrêt du développement embryonnaire et ainsi de la grossesse, puis un détachement et une élimination des débris intra-utérins. C'est l'action du second médicament (analogue des prostaglandines, généralement le misoprostol) qui, pris quelques jours après le mifépristone, favorisera l'expulsion du produit de la conception par contractions utérines. Pendant la grossesse, le mifépristone sensibilise le myomètre aux contractions provoquées par les prostaglandines. Au cours du premier trimestre, il permet la dilatation et l'ouverture du col utérin.
En combien de temps le mifépristone agit-il ?
Le mifépristone est rapidement absorbé après son ingestion. Sa concentration maximale est retrouvée dans le sang après 1h30 environ. La dilatation maximale du col de l'utérus a lieu 36 à 48 heures après la prise de mifépristone. Sa demi-vie d'élimination est de 30 heures environ.
Le mifépristone est-il disponible que sur ordonnance ?
Le mifépristone, médicament de la liste 1 des substances vénéneuses, n'est disponible que sur ordonnance établie par un professionnel de santé habilité. Sa délivrance par les pharmacies d'officine est strictement encadrée, et, sauf dérogations relatives aux cas de téléconsultations, ce médicament est remis directement au professionnel de santé encadrant l'interruption volontaire de grossesse et non à la patiente directement.
Quel est le nom commercial du mifépristone ?
Le mifépristone est commercialisé sous le nom de Mifegyne®.
Quels sont les effets secondaires et risques du mifépristone ?
Les effets indésirables les plus fréquents du mifépristone sont des contractions utérines et des crampes, des troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales), des saignements vaginaux parfois abondants et des infections de l'utérus (endométrite et maladie inflammatoire pelvienne). Plus rarement, peuvent s'observer des chutes de la tension artérielle, de la fièvre, des maux de tête, un mal-être ou une fatigue, des bouffées de chaleur, des vertiges, des frissons ou encore des cas de rupture utérine lors du 2ème ou du 3ème trimestre (surtout chez les femmes ayant eu plusieurs enfants ou ayant subi une césarienne). Des effets graves parfois mortels peuvent également survenir, tels que des réactions allergiques sévères, des éruptions cutanées (tâches, vésicules, desquamations, ulcères) précédées ou non de fièvre et de symptômes grippaux ainsi qu'un choc toxique ou septique (fièvre, douleurs musculaires, fréquence cardiaque élevée, étourdissements, diarrhées, vomissements, faiblesse), ce dernier survenant notamment lorsque le misoprostol (deuxième médicament du protocole) n'est pas pris après l'administration de mifépristone. En cas d'échec de l'interruption de grossesse suite à la prise du mifépristone, il existe des risques de malformations congénitales (à la naissance). Aussi, il est possible que l'expulsion soit incomplète. Il est donc nécessaire de procéder aux examens et aux suivis adéquats en cas d'échec du traitement ainsi qu'à la visite de contrôle après la prise de mifépristone.
Il ne faut pas consommer de jus de pamplemousse lors du traitement
Quelles sont les contre-indications du mifépristone ?
Les contre-indications du mifépristone sont une hypersensibilité (allergie) au mifépristone ou à l'un des excipients, une insuffisance des glandes surrénales, un asthme sévère non contrôlé, une porphyrie héréditaire, une grossesse non confirmée biologiquement ou par échographie, ou encore une suspicion de grossesse extra-utérine. Dans le cadre d'une interruption médicamenteuse de grossesse, le mifépristone est contre-indiqué au-delà du 63ème jour d'aménorrhée et du 84ème jour en cas de d'interruption chirurgicale de grossesse. Ce médicament est également contre-indiqué si l'analogue de prostaglandine nécessaire au protocole ne peut être pris. Certains médicaments sont contre-indiqués avec le mifépristone (tels que des antifongiques, des corticoïdes, des antibiotiques, des anti-inflammatoires, des antiépileptiques ou encore le millepertuis), c'est pourquoi il est important d'en avertir le médecin. De même, il ne faut pas consommer de jus de pamplemousse lors du traitement au risque de compromettre son efficacité. En cas de présence d'un stérilet, il doit être retiré avant le traitement par le mifépristone. Des précautions s'imposent en cas de maladie hépatique ou rénale, d'anémie ou de malnutrition, de troubles cardiovasculaires, d'un âge supérieur à 35 ans, de tabagisme, de diabète, de troubles de la coagulation ou d'asthme. Il ne faut pas allaiter lors de la prise de mifépristone car ce médicament passe dans le lait maternel.
Quel est le prix du mifépristone ?
Il n'existe pas de prix fixé pour le mifépristone, ce médicament étant soit utilisé en milieu hospitalier (où les prix d'achat sont négociés), soit remis au professionnel de santé (ou à la patiente selon un protocole strict si le RDV médical a lieu en téléconsultation) pour un usage professionnel et pris en charge dans le cadre de forfaits relatifs aux IVG médicamenteuses. Ce médicament ne peut pas être acheté librement sur simple présentation d'une ordonnance.