Anti-vitamine K (AVK) : liste, effets, contre-indications
Les antivitamines K, ou AVK, sont des médicaments anticoagulants qui visent à fluidifier le sang. Ces médicaments sont prescrits en cas de phlébite, d'embolie pulmonaire, de certains troubles du rythme cardiaque. Une surveillance régulière du patient est nécessaire pendant tout le traitement. On fait le point avec le Dr Marie Bozon.
Définition : les AVK, c'est quoi ?
Les anti-vitamines K (aussi appelés AVK) sont des médicaments anticoagulants oraux. "Leur rôle est de fluidifier le sang et d'empêcher la formation de thrombus (caillots de sang), dans les vaisseaux sanguins, en provenance de la coagulation", explique le Dr Marie Bozon, pharmacienne biologiste. Ces médicaments sont notamment prescrits en cas de phlébite, d'embolie pulmonaire, de certains troubles du rythme cardiaque.
Comment agissent les médicaments AVK ?
Les AVK diminuent l'action de la vitamine K, laquelle contrôle la production et l'activation par le foie de différents facteurs de la coagulation. Le but est de fluidifier le sang. Les AVK peuvent être de deux sortes : les AVK à demi-vie courte et les AVK à demi-vie longue ayant une action plus stable et plus durable. "L'efficacité de ces anticoagulants est très variable d'un patient à un autre", poursuit le Dr Bozon : "Il est donc nécessaire de procéder à des prises de sang régulières pendant tout le traitement afin d'adapter, si nécessaire, la posologie".
Pourquoi prendre des AVK ?
"Les antivitamines K sont prescrites dans le traitement et la prévention des phlébites et des embolies pulmonaires, dans certaines pathologies cardiaques (troubles du rythme cardiaque, post infarctus du myocarde compliqué…) et chez les porteurs de valve cardiaque", complète notre interlocutrice.
Quels médicaments en contiennent ?
"La Coumadine® (warfarine), le Previscan® (fluindione) et le Sintrom ®(acénocoumarol) sont les trois principales spécialités de la classe des antivitamines K", ajoute la spécialiste ; la Coumadine® étant la molécule la plus prescrite.
Quels sont les effets secondaires et dangers ?
"Le risque majeur de ces médicaments est le surdosage avec apparition d'épisodes hémorragiques (saignements)", alerte le Dr Bozon. "C'est pourquoi, un contrôle du dosage est recommandé en cas d'apparition de bleus inexpliqués, de sang dans les urines ou les selles, de saignements de gencives importants, de fatigabilité, de pâleur importante ou de malaise inexpliqué". En cas de sous-dosage, le risque est l'apparition d'évènements thrombotiques comme les phlébites, ou les embolies pulmonaires.
Comment surveiller votre traitement par AVK ?
L'INR (International Normalized Ratio) est le dosage biologique qui évalue l'action de l'AVK. ""L'INR cible" varie pour chaque patient selon l'indication de son traitement", détaille le médecin. "L'ajustement de la posologie des AVK s'effectue par paliers, en contrôlant l'INR tous les 2 à 4 jours jusqu'à stabilisation de sa valeur sur deux contrôles successifs dans cette fourchette cible. Une fois l'INR cible atteint, les contrôles seront réalisés au moins une fois par mois ou plus fréquemment si un déséquilibre est suspecté".
Quelles sont les contre-indications ?
Les AVK sont contre indiqués en cas de grossesse et d'allaitement, d'insuffisance hépatique sévère. "L'association avec l'aspirine à doses anti-inflammatoires, antalgiques ou antipyrétiques, le DAKTARIN miconazole et le millepertuis est contre-indiquée", répond le Dr Bozon.
Quelles sont les interactions médicamenteuses ?
L'automédication est à proscrire compte tenu du risque élevé d'interactions médicamenteuses. "De nombreux médicaments peuvent induire une augmentation (risque de saignement) ou diminution (risque de thromboses) des effets des AVK", assure notre interlocutrice. "Un dosage de l'INR, au laboratoire, pourra être proposé en cas d'interactions suspectées, par exemple, lors d'une co-prescription avec des antibiotiques".
Quels aliments éviter quand on prend un traitement AVK ?
"Un traitement par AVK nécessite de suivre certaines recommandations : alimentation équilibrée et consommation d'alcool modérée", préconise la biologiste. La vitamine K se retrouve en très grande quantité dans les brocolis, le chou, la choucroute, les choux de Bruxelles, le cresson, les épinards, la laitue, le pissenlit, le persil, l'huile de colza et l'huile de soja et en grande quantité dans les haricots verts, les fèves, les asperges, le concombre, les pois, le chou rouge, le chou-fleur, le poireau, le foie et les abats, la margarine et l'huile d'olive. En revanche les tomates contiennent peu de vitamine K mais il convient de mettre en garde contre leur consommation fréquente et en quantités importantes de tomates sous formes de salades, sauces ou encore de ketchup. "Tous ces aliments ne sont pas interdits, à condition de les répartir dans votre alimentation de manière quotidienne et sans excès pour éviter toute variation importante d'apport. Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à s'informer auprès de son médecin ou de son pharmacien. Un carnet d'information et de suivi du traitement pourra vous être proposer".
Merci au Dr Marie BOZON, Pharmacien Biologiste co-responsable, Laboratoire UNIBIO, Romans-sur-Isère (26), membre du réseau Les Biologistes Indépendants.