Prednisolone : définition, effet, contre la bronchite ?
La prednisolone est un anti-inflammatoire stéroïdien dérivé de la cortisone. Ce corticoïde de synthèse est indiqué pour les maladies inflammatoires. Quelle est la posologie ? Quelles indications ? Est-elle efficace contre la bronchite ? l'angine ? Dans quels médicaments ? Les explications du docteur Thierry Généreau.
Définition : c'est quoi la Prednisolone ?
La prednisolone est un anti-inflammatoire stéroïdien dérivé de la cortisone. "C'est un corticoïde de synthèse, un médicament dérivé de la cortisone, hormone naturelle dont on a amélioré certains effets pour la rendre plus efficace et moins toxique", explique le Dr Thierry Généreau, médecin interniste à l'hôpital privé du Confluent à Nantes.
Dans quels médicaments ?
La prednisolone est utilisée par voie générale, en comprimé. "D'autres corticoïdes peuvent être utilisés par voie générale ou par voie locale. On peut en trouver dans des pommades, des gouttes pour les yeux, pour les oreilles, pour des perfusions, sous tous types de formes. Mais la prednisolone est essentiellement dispensée en comprimés", explique notre expert.
"En milieu hospitalier, on utilise davantage la prednisone, un corticoïde proche, que la prednisolone car elle est mieux absorbée au niveau du tube digestif", précise le Dr Généreau. "Le seul avantage de la prednisolone, c'est qu'elle est sous forme effervescente, donc elle peut être utile pour des gens qui doivent faire des bains de bouche par exemple, ou pour ceux qui ont du mal à avaler".
Quels sont ses effets ?
La prednisolone est utilisée pour son effet anti-inflammatoire, effet de base attendu par les corticoïdes. Elle a donc une action contre :
- L'allergie
- Les maladies rhumatismales et auto-immunes
- Certains cancers notamment du sang et des ganglions
- Les œdèmes provoqués par certaines maladies. C'est une des raisons pour laquelle on l'utilise dans les formes graves de Covid pour limiter l'œdème pulmonaire
- La fibrose pulmonaire, la fibrose rétropéritonéale (quand les tissus deviennent fibreux)
La prednisolone n'a pas d'action ciblée, elle reproduit l'effet du cortisol, c'est-à-dire de la cortisone naturelle et a donc des actions sur de nombreux endroits de l'organisme. Le cortisol a un effet très large, ce qui explique la très large gamme de ses effets secondaires. Si on a fabriqué la prednisolone, c'était aussi pour essayer de réduire au maximum les effets autres que thérapeutiques du cortisol naturel mais ce n'est jamais complètement parfait.
Quelles indications ?
La prednisolone est utilisée dans les maladies inflammatoires comme :
- Les rhumatismes inflammatoires et maladies auto-immunes comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde
- Les vascularites, inflammation des vaisseaux sanguins (comme la maladie de Horton)
- Les poussées inflammatoires de l'arthrose
- La goutte
- Certains cancers comme les lymphomes, certaines leucémies de l'enfant liées à des cellules très sensibles à la cortisone
- Certaines formes d'allergie comme les asthmes graves ou l'œdème de Quincke
- Les fibroses
"Ces indications valent pour tous les corticoïdes car aucun corticoïde n'est spécifique. Les molécules sont choisies en fonction de leur mode d'administration (en intraveineuse, par voie orale ou en pommade), leur rapidité d'action et leur intensité d'action", précise l'interniste.
Contre la bronchite ?
La prednisolone n'est pas conseillée contre la bronchite.
"Quand il y a un peu d'asthme en réaction à la bronchite, on peut l'utiliser, mais il faut savoir que dans les maladies infectieuses, les corticoïdes ont tendance à favoriser le développement des germes et donc on utilise la cortisone uniquement dans certaines circonstances particulières, associée à un traitement anti-infectieux", indique le spécialiste.
Contre l'angine ?
La prednisolone n'est pas du tout indiquée dans l'angine, "à moins d'avoir un très bon contrôle anti-infectieux mais les angines sont des maladies infectieuses donc a priori, on ne l'utilise pas", et surtout jamais sans avis médical.
Peut-on boire de l'alcool si on en prend ?
Il n'y a aucune contre-indication formelle concernant la prise de prednisolone et la consommation d'alcool. "Si c'est un traitement à court terme, de quelques jours pour une douleur ponctuelle par exemple, il n'y a pas de démarche diététique particulière à avoir", assure le Dr Généreau. En revanche, "si vous prenez de la cortisone longtemps pour une maladie inflammatoire chronique comme la polyarthrite rhumatoïde, il y a des mesures diététiques qui vont inciter les gens à avoir une bonne hygiène de vie", poursuit-il. Et l'alcool n'est pas forcément recommandé dans ces circonstances-là.
En revanche le sport (voire simplement la marche) est recommandé car il limite les effets secondaires.
Quels effets secondaires ?
Il y a de nombreux effets secondaires à la prednisolone, de plusieurs catégories qui dépendent de la longueur de la cure :
- Effet psychologique dopant, exaltant, boostant. "La prise de prednisolone peut énerver, créer une insomnie. C'est pourquoi on la prescrit le matin. Cet effet peut être gênant chez certains patients, allant jusqu'à des formes de délires. Il y a des suicides qui ont été décrits sous corticoïdes", complète le médecin.
- Favorise les infections car il fait baisser l'immunité. "Son mode d'action est d'agir sur certains globules blancs pour limiter leur capacité à faire de l'inflammation", explique le scientifique. "Mais du coup, il peut y avoir davantage d'infections".
- Au long cours, la tuberculose aime beaucoup la cortisone. Donc les médecins font attention aux gens qui rentrent de l'étranger car il y a certains microbes, virus, bactéries ou parasites qui peuvent profiter de la corticothérapie pour se développer et prospérer.
- Effet décalcifiant au niveau des os quand on prend de la prednisolone au long cours (plus de trois mois). Elle peut favoriser l'ostéoporose allant jusqu'à des fractures.
- Effet secondaire sur la peau : la prednisolone peut la rendre fine et fragile, gêner la cicatrisation,
- Effet sur les yeux : la prednisolone (au long cours) peut aussi entraîner des problèmes ophtalmologiques comme la cataracte ou le glaucome.
- Aggraver ou révéler un diabète car la cortisone est une hormone du stress et peut donc augmenter la libération de glucose.
- Prise de poids et déformation du corps (avec visage arrondi) ce qui a été illustré par le président Pompidou. Il faut faire attention à son alimentation lors des corticothérapies prolongées (plus de 3 mois), sans s'imposer de principe un régime "sans sucre" ou "sans sel" qui n'est pas indiqué de principe. L'aide de son médecin traitant, du prescripteur des corticoïdes, voire d'une diététicienne, peut être utile en cas de prise de poids.
Quelles contre-indications ?
On n'administrera pas de prednisolone (si on a une alternative) à des patients souffrant :
- D'infections évolutives (varicelle ou zona par exemple) sauf exception comme pour le Covid où il est possible d'avoir des effets bénéfiques pour réduire une inflammation tellement abusive, et sous strict contrôle médical
- D'un diabète mal équilibré
- D'une ostéoporose grave
Cela dit si la corticothérapie est incontournable (ça peut arriver) des mesures d'accompagnement seront proposées.
Attention aussi à ne pas prendre de prednisolone si vous venez de vous faire vacciner avec des vaccins dits "vivants" (rougeole, oreillon, rubéole, BCG, fièvre jaune) qui contiennent un germe susceptible de profiter de la corticothérapie.
Concernant les associations de médicaments, attention à certains médicaments qui peuvent inactiver la cortisone, comme certains antibiotiques par exemple.
Merci au Dr Thierry Généreau, spécialiste de médecine interne à L'Hôpital privé du Confluent à Nantes