Médicaments pour l'estomac : liste, risques, précautions
Aigreurs à l'estomac, remontées acides, brûlures, reflux... Votre médecin vous a prescrit un médicament pour calmer la douleur ? Mal utilisés, ils peuvent occasionner des effets secondaires. Liste des risques et précautions avec le Pr Jean-Christophe Saurin, chef du service d'hépato-gastroentérologie au CHU de Lyon.
Mopral®, Oméoprazole®, Maalox®, Bedelix®, Gaviscon®... Selon leurs effets, les médicaments utilisés dans le traitement de l'ulcère (non infectieux), des reflux gastro-oesophagiens (RGO) et des brûlures d'estomac appartiennent à différentes familles :
→ Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et les antihistaminiques H2 diminuent la sécrétion d'acide.
→ Les pansements gastriques absorbent l'acidité et servent de "rempart" entre la muqueuse lésée et les sucs digestifs.
→ Les analogues de la prostaglandine E1 stimulent la production de mucus, protégeant ainsi les parois de l'estomac contre les attaques acides.
Quand prendre des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ?
"Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont des médicaments anti-sécrétoires capables de traiter les reflux gastro-œsophagien (remontée d'une partie du contenu de l'estomac dans l'œsophage) en bloquant le relâchement des ions H+ (protons) dans l'estomac. Ils sont très puissants, très efficaces, extrêmement bien tolérés et ne présentent pas de risque de surdosage", explique le Pr Jean-Christophe Saurin, chef du service d'hépato-gastroentérologie au CHU de Lyon. Les IPP sont disponibles sur ordonnance mais certains - comme le Mopralpro® ou le Pantozol Control® - sont en vente libre en pharmacies. Consultez votre médecin si les symptômes persistent.
Quels sont les effets secondaires ?
"Les IPP peuvent entraîner quelques effets secondaires comme des ballonnements et une légère diarrhée car le fait d'avoir moins d'acide dans l'estomac peut provoquer une prolifération de bactéries", prévient le Pr Saurin. Il faut donc les éviter s'ils ne sont médicalement pas nécessaires ou si leur prise est indiquée, veiller à bien respecter une durée de traitement la plus courte possible (sauf si votre médecin a fait une prescription prolongée, parfois indiquée) et la dose recommandée. "Certains patients en ont besoin au long cours, sans risque important", tient tout de même à ajouter le spécialiste. Par ailleurs, "Il peut également il y avoir d'autres effets indésirables comme un risque d'allergie, mais ils sont très rares. En revanche, il y a très peu de risques d’interaction médicamenteuse. Par ailleurs, il y a eu ces deux dernières années une grande polémique sur les risques des inhibiteurs de la pompe à protons au long cours, notamment des risques infectieux ou des risques d'insuffisance rénale. Or, tout ce qui a été étudié a finalement été considéré comme "invalide" sur le plan statistique et ces risques n'ont jamais été avérés. En somme, les risques sur le long terme ont été à peu près écartés dans les évaluations statistiques récentes et les effets indésirables sur le court terme sont connus (troubles digestifs)".
Liste des IPP disponibles en France : ésomeprazole (Inexium®), oméprazole (Mopral®, Zoltum®), lansoprazole (Lanzor®, Ogast®), pantoprazole (Eupantol®, Inipom®), rabéprazole (Pariet®) et leurs génériques.
Les anti H2 sont beaucoup moins efficaces que les IPP.
Quand prendre les antihistaminiques H2 ?
Les antihistaminiques H2 agissent en inhibant l'action de l'histamine au niveau de l'estomac et en diminuant la sécrétion acide. Ils sont indiqués dans le traitement de l'ulcère gastrique ou duodénal évolutif et de l’œsophagite par reflux gastro-œsophagien. "Leur utilisation est actuellement très anecdotique car ils sont beaucoup moins efficaces que les IPP et ont beaucoup plus d'effets secondaires et d'intolérance. Donc, sauf en cas d'allergie aux molécules actives des IPP, il n'y a pas d'intérêt à préférer les anti H2" estime le Pr Saurin. Certains antihistaminiques H2 sont disponibles sans ordonnance.
Quels sont les effets secondaires ?
Bradycardie (ralentissement anormal du rythme cardiaque), douleurs musculaires, maux de tête intenses et troubles endocriniens peuvent être associés à la prise d'anti H2. Ils ont également un risque d'interaction médicamenteuse avec certains anticoagulants oraux, benzodiazépines, bêtabloquants... En 2019, l'Agence du médicament a rappelé tous les médicaments à base de ranitidine (Azantac® et ses génériques) utilisés contre les brûlures et ulcères de l'estomac à cause de la présence de N-nitrosodiméthylamine (NDMA), une substance possiblement cancérigène.
Liste des anti H2 disponibles en France : cimétidine, famotidine, nizatidine (Nizaxid®).
Attention : ne prenez pas de médicaments à base de famotidine et de cimétidine en cas de maladie rénale et de sujet âgé. Demandez toujours un avis médical.
Quand prendre des pansements gastriques ?
"Les pansements gastriques sont globalement bien tolérés et permettent de soulager les symptômes d'une gastrite. En revanche les médicaments à base de sucralfate (Keal®, Ulcar®) ont une efficacité modérée sur le traitement de l'ulcère."
Quels sont les effets secondaires ?
- "Les médicaments à base de sucralfate peuvent constiper et entraîner la diminution du phosphate dans l'organisme en cas de forte dose."
- "Le Maalox® est un mélange de sels d'aluminium qui peuvent constiper et de sels de magnésium qui peuvent entraîner une diarrhée" précise-t-il. Ces deux effets indésirables peuvent se compenser chez certaines personnes, mais pas chez toutes.
- Le Gaviscon® est un gel qui surnage dans la partie supérieure de l'estomac et protège l'œsophage en cas de reflux. Il doit être pris après le repas et ne pas être mélangé à d'autres aliments. Ce médicament peut également constiper.
Exemples de pansements gastriques disponibles en France : Keal® et Ulcar® (sucralfate) Maalox®, Bedelix®, Gaviscon® et leurs génériques... Ces médicaments sont contre-indiqués en cure prolongée chez les patients atteints d'insuffisance rénale.
Quand prendre les analogues de la prostaglandine E1 ?
Les analogues de la prostaglandine E1 (médicaments à base de misoprostol) sont utilisés dans la prise en charge des ulcères gastriques ou duodénaux et des lésions gastroduodénales induites par les anti-inflammatoires non stéroïdiens. "Ils sont cependant moins efficaces que les IPP", estime le Pr Saurin. A noter que le misoprostol bénéficie aujourd'hui d'une double autorisation de mise sur le marché pour son utilisation en gynécologie-obstétrique (déclenchement du travail, interruption volontaire de grossesse).
Quels sont les effets secondaires ?
"Le misoprostol peut provoquer, chez environ 30% des utilisateurs, une diarrhée invalidante", alerte le spécialiste.
Exemple d'analogue de la prostaglandine E1 disponible en France : Misoprostol. Le misoprostol peut être vendu sans ordonnance en pharmacie mais il est conseillé de demander un avis médical avant utilisation. Il ne doit pas être prescrit pour le traitement des ulcères chez la femme enceinte.
Les antibiotiques en cas d'ulcère infectieux
"L'ulcère est une maladie infectieuse dans 98% des cas lorsqu'il est duodénal et dans 90% lorsqu'il est gastrique", précise notre interlocuteur. Le traitement de l'ulcère en cas d'infection par la bactérie Helicobacter pylori consiste à prendre des antibiotiques associés aux IPP. Demandez conseil à un médecin ou à un pharmacien. Les antibiotiques détruisent progressivement les bactéries. Pour être efficace, le traitement doit être pris jusqu'à son terme - même si votre état de santé s'améliore - et selon la posologie recommandée. Chaque traitement est spécifiquement administré en fonction du type d'infection à traiter et du profil du patient (âge, poids, antécédents médicaux...). A noter que certains traitements antibiotiques sont contre-indiqués pendant la grossesse et l'allaitement.
Antibiotiques les plus utilisés en cas d'ulcère : amoxicilline (Amodex®, Clamoxyl® et leurs génériques), clarithromycine (Zeclar® et ses génériques)
En savoir plus sur la liste des effets secondaires des antibiotiques.
Ne vous auto-médicamentez pas et consultez un médecin si :
Ne continuez pas de vous-même le traitement en cas de :
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Merci au Pr Jean-Christophe Saurin, chef du service d'hépato-gastroentérologie au CHU de Lyon.