Combien de temps peut-on vivre avec un cancer du sang ?

Le pronostic dépend beaucoup de l'âge du patient et du type de cancer.

Combien de temps peut-on vivre avec un cancer du sang ?
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Chaque année en France, près de 45 000 hommes et femmes reçoivent un diagnostic de cancers du sang. Cette famille de cancers regroupe les leucémies (chroniques ou aiguës), les lymphomes, les myélomes, ou encore les néoplasies myéloprolifératives (plus rares). Ces cancers font peur car ils évoluent la plupart du temps de manière silencieuse, sans symptômes spécifiques, et sont donc détectés tardivement, ce qui diminue inéluctablement l'espérance de vie. 

Les pronostics des cancers du sang ont pu être déterminés grâce à des recherches moléculaires et des marqueurs. "Le pronostic des cancers du sang reste très variable. Il dépend franchement de plusieurs paramètres, comme le type de maladie, l'avancée du cancer, les résultats d'analyses sanguines ou encore l'âge du patient au diagnostic. On peut par exemple avoir des leucémies de bon pronostic comme des leucémies de mauvais pronostic, des myélomes de bon pronostic comme de mauvais pronostic. Pour les lymphomes de Hodgkin, dans 90% des cas, la maladie se guérit très bien chez un patient jeune de moins de 20 ans", nous répond le Dr Nathalie Chéron, cheffe de service hématologie du Centre Hospitalier de Bligny.

Le pronostic dépend également du caryotype du patient et de la présence d'anomalies cytogénétiques (altération du matériel génétique comme des anomalies au niveau des chromosomes ndlr). "Pour la leucémie ou le myélome, schématiquement, on peut dire que moins la personne a d'anomalies cytogénétiques, meilleur est le pronostic. En revanche, plus la personne a d'anomalies cytogénétiques ou des anomalies complexes au niveau des chromosomes, plus la situation sera grave et plus le pronostic sera réservé", indique le Dr Chéron.   

Le pronostic dépend aussi du contexte d'apparition et des facteurs favorisants. A titre d'exemple, les leucémies induites par l'exposition de pesticides, d'insecticides ou d'herbicides (le cas de certains agriculteurs par exemple qui sont plus à risque de développer une leucémie) sont globalement de moins bon pronostic. Même chose pour les leucémies secondaires à un cancer du sein. "Le traitement par chimiothérapie peut à long terme entraîner une leucémie secondaire qui est en général, de mauvais pronostic, explique notre interlocutrice. C'est donc très compliqué de donner des pronostics précis, tant ils dépendent de plusieurs facteurs."

Des estimations de survie en fonction du type de cancer ont été données par Santé publique France dans une étude sur la survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine sur la période la plus récente (2010-2015). Une survie plus basse est observée lorsque l'âge au diagnostic augmente, avec une différence plus marquée pour certains cancers du sang.

→ La leucémie myéloïde aiguë (7 % des nouveaux cas annuels de cancers du sang), présente le pronostic le plus défavorable, avec une survie moyenne à 5 ans de 27 %. Les disparités sont importantes en fonction de l'âge : 69 % pour les personnes les plus jeunes (30 ans) contre 6 % chez les plus âgées (80 ans).

→ La leucémie myéloïde chronique est de pronostic globalement favorable avec une survie estimée à 96% à 1 an et 85% à 5 ans, quel que soit l'âge au diagnostic.

→ Le lymphome de Hodgkin est un cancer de bon pronostic avec un taux de survie à 5 ans de 84 % toutes formes confondues

→ Le lymphome folliculaire est bien pris en charge dans un premier temps avec un taux de survie de 86 % à 5 ans, mais le taux de rechute est quasi-inévitable

→ Le lymphome diffus à grandes cellules B a une survie nette standardisée de 76 % à 1 an et de 61 % à 5 ans quel que soit l'âge au diagnostic.

→ Le myélome multiple a une survie à 5 ans comprise entre 42 % à 63 % (meilleure chez les plus jeunes)

Globalement depuis 10 ans, on observe une nette amélioration de la survie pour la majorité des cancers du sanggrâce à la fois aux avancées thérapeutiques ainsi qu'aux actions mises en œuvre pour diagnostiquer les cancers à un stade plus précoce et pour améliorer leur prise en charge. "Si toutes ces maladies étaient dépistées suffisamment tôt, on pourrait plus facilement les soigner et le pronostic serait meilleur", conclut l'hématologue. 

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