Cancer du pancréas chez la femme : âge à risque, symptômes ?
Le nombre de cas de cancer du pancréas progresse de façon inquiétante chez les femmes. Le taux de mortalité aussi. Pourquoi ? Y-a-t-il des symptômes spécifiques ? Quel est l'âge à risque ? Le taux de survie ?
Le cancer du pancréas est le 7e cancer le plus fréquent chez les femmes (le 9e chez l'homme). Son incidence augmente de manière inquiétante chez elles, notamment à cause du tagabisme. Et le taux de mortalité également. Pourquoi ? Quels sont les facteurs de risque du cancer du pancréas chez les femmes ? Y a-t-il des symptômes spécifiques ? Quelle est l'espérance de vie ? L'âge au diagnostic ? Réponses avec le Pr Renato Lupinacci, Chirurgien pancréatique et digestif à l'Hôpital Ambroise-Paré (APHP-Université Paris Saclay).
Quels sont les chiffres du cancer du pancréas chez la femme ?
"Le cancer du pancréas est l'un des rares cancers en augmentation. L'incidence du cancer du pancréas augmente surtout chez la femme", rapporte le Pr Renato Lupinacci. En effet, de 1990 à 2018, le cancer du pancréas a augmenté en moyenne par an de +2.7% chez l'homme et +3.8% chez la femme (Données Defossez G. BMC Cancer 2021, voir le schéma ci-dessous). L'Institut national du Cancer (Inca) a ainsi estimé à 6 900 cancers le nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas chez la femme en 2018 contre 7 300 chez l'homme. "Si aujourd'hui, plus d'hommes ont un cancer du pancréas que de femme (51% d'hommes contre 49%), le fossé est en train de se réduire", poursuit-il. Le taux de mortalité du cancer du pancréas augmente aussi de façon plus marquée chez la femme (+1.2% par an chez la femme contre +0.3% par an chez l'homme)
Quels sont les symptômes du cancer du pancréas chez la femme ?
"Il n'y a pas de différences dans les manifestations cliniques chez l'homme ou la femme. La seule différence réside au niveau des facteurs de risque du cancer du pancréas : la mutation du gène BRCA, beaucoup plus fréquente chez les femmes et également associée à une prédisposition aux cancer du sein et de l'ovaire". Les symptômes du cancer du pancréas sont longtemps silencieux et peu spécifiques, surtout au début de la maladie. Quand la maladie progresse, le cancer peut entraîner :
- Une perte de poids involontaire
- Une perte d'appétit
- Des troubles de la digestion
- Une fatigue inexpliquée
- Un état de faiblesse généralisée
- Des douleurs abdominales et/ou dorsales
- Un jaunissement de la peau et du blanc de l'œil (ictère)
Quel est l'âge moyen au diagnostic chez la femme ?
"Le cancer du pancréas est diagnostiqué le plus souvent après les 70 ans", répond le Pr Lupinacci. Chez la femme, l'âge au diagnostic est un tout petit peu plus tardif que chez l'homme : 73 ans chez la femme contre 70 ans chez l'homme.
Quels sont les facteurs de risque (spécifiques) chez la femme ?
Comme pour tous les cancers, il existe des mutations génétiques qui prédisposent à un cancer du pancréas. "Les mutations génétiques les plus fréquentes touchent le gène BRCA2, et le gène CDKN2A (associé au mélanome de la peau). La mutation du gène BRCA qui est beaucoup plus fréquent chez les femmes et également associé à une prédisposition aux cancer du sein et de l'ovaire", explique notre interlocuteur. Outre ce facteur de risque spécifique à la femme, on peut également citer le tabagisme (actif et passif), la pancréatite chronique, le syndrome métabolique ou encore l'obésité, qui sont des facteurs de risque communs aux deux sexes.
"Le cancer du pancréas est le cancer digestif le plus mortel"
Le cancer du pancréas chez la femme jeune est-il possible ?
Le cancer du pancréas survient exceptionnellement avant l'âge de 50 ans. Dans les 3/4 des cas, le diagnostic est posé après 65 ans. Le cancer du pancréas chez la femme jeune (moins de 40 ans) est très rare.
Quelle est l'espérance de vie du cancer du pancréas chez la femme ?
Hommes comme femmes, "le cancer du pancréas est le cancer digestif le plus mortel, rapporte notre spécialiste. On a une survie globale à 5 ans tous stades confondus de moins de 10%"
Merci au Pr Renato Lupinacci, Chirurgien pancréatique et digestif à l'Hôpital Ambroise-Paré (APHP-Université Paris Saclay).