Quels sont les premiers symptômes d'une cirrhose du foie ?
Le foie ne fait généralement pas mal. Mais une cirrhose du foie, surtout quand elle évolue, entraîne des symptômes qui doivent conduire à consulter. Ventre gonflé, yeux jaunes, vomissements : liste des premiers symptômes.
La cirrhose du foie est une maladie chronique du foie. Au début, on dit qu'elle est au stade de "cirrhose compensée", elle évolue silencieusement ou ne provoque que des symptômes légers et peu évocateurs. Les "premiers" symptômes d'une cirrhose se manifestent quand elle évolue vers la décompensation (on parle de cirrhose décompensée). Liste des premiers symptômes qui doivent alerter.
1. Un ventre gonflé
"Dans le cas d'une cirrhose, le foie est beaucoup plus fibreux et dur. Et le fait que le foie durcisse peut développer une ascite, qui correspond à du liquide pouvant s'accumuler dans le péritoine (ventre)", explique le Dr Christophe Hézode, gastro-entérologue et hépatologue. Cela est due à ce qu'on appelle une hypertension portale, qui correspond à l'augmentation de la pression du sang dans la veine porte, causée principalement par la dureté du foie qui freine la traversée du sang dans le foie. "Concrètement, le ventre gonfle, avec du liquide à l'intérieur. Et ça, c'est l'une des premières manifestations d'une cirrhose", poursuit-il.
2. Des varices œsophagiennes
Une autre manifestation de la cirrhose : des varices qui se situent non pas au niveau des jambes mais dans l'œsophage (varices œsophagiennes). "Le foie étant dur, le sang a du mal à passer à l'intérieur et emprunte donc des voies de dérivation (un autre chemin), ce qui crée des varices dans l'œsophage. Et ces varices peuvent de temps en temps éclater (rupture de varices œsophagiennes), ce qui peut entraîner des hémorragies digestives", indique notre expert. La personne vomit du sang ou a des selles noires.
3. Des yeux jaunes (jaunisse)
"Etant donné qu'en cas de cirrhose, il y a moins de cellules hépatiques opérationnelles, le foie fonctionne moins bien. Et un foie qui marche moins bien peut entraîner une jaunisse (ictère dans le langage médical)", prévient le Dr Hézode. La jaunisse est caractérisée par une peau jaune, une coloration du blanc de l'œil en jaune ou encore des urines foncées.
4. Une confusion mentale
Le foie est une espèce d'usine qui va détoxifier l'organisme de toutes les mauvaises substances. Mais lorsqu'il fonctionne moins bien et qu'il ne parvient pas à métaboliser les substances dites "neurotoxiques" (autrement dit, toxiques pour le cerveau), il y a un risque d'encéphalopathie hépatique. "La personne est somnolente, a des troubles de la concentration, est confuse (fait de "répondre à côté" ou de faire des choses inadaptées). L'encéphalopathie peut, dans d'extrêmes cas, mener au coma".
"La cirrhose peut être asymptomatique, quand elle est non compliquée et non décompensée"
5. Une perte de poids brutale
Un amaigrissement brutal ainsi qu'une perte d'appétit soudaine peuvent être le signe d'un dysfonctionnement du foie comme une cirrhose.
6. Une importante fatigue
Et enfin, comme quasi toutes les maladies du foie, la cirrhose entraîne une importante fatigue. Mais la fatigue est un symptôme commun à de nombreuses pathologies, elle n'est donc pas évocatrice spécifiquement d'une cirrhose du foie.
Est-ce qu'une cirrhose fait mal au ventre ?
Le foie est un organe silencieux qui ne fait généralement pas mal. En effet, "le foie est un organe qui n'est pas innervé, n'a pas de terminaisons nerveuses, responsables de la sensation de douleurs", tient à préciser notre interlocuteur. L'ascite peut donner la sensation de ballonnements, et peut être douloureuse lors des premiers épisodes du fait de la distension de la peau. Lorsque l'ascite est chronique ou peu volumineuse, il n'y a pas pas de véritables douleurs.
Une cirrhose peut-elle être asymptomatique ?
Oui. "La cirrhose peut être asymptomatique, quand elle est non compliquée et non décompensée. Le foie peut être simplement un peu plus dur et gros à la palpation ou au Fibroscan. Les symptômes vont venir au moment de la décompensation et des complications", conclut notre interlocuteur.
Merci au Dr Christophe Hézode, Directeur Médical Hépatologie à la Direction internationale des Affaires Médicales de Gilead et ancien chef du service d'Hépatologie à l'hôpital Henri Mondor et professeur d'Hépatologie à l'Université Paris-Est Créteil.