Allergie aux médicaments : lesquels, comment soigner ?
Les effets indésirables des médicaments peuvent être nombreux et variés. Un des plus redoutés : l'allergie. Quels sont les symptômes ? Des boutons ? Après un antibiotique ? Combien de temps après la prise ? Que faire ? Explications avec le Dr Alice Seringulian, allergologue à Paris.
Définition : c'est quoi une allergie médicamenteuse ?
"L'allergie médicamenteuse correspond à un mécanisme immunologique très spécifique au cours duquel on peut mettre en évidence soit des anticorps, soit des mécanismes cellulaires spécifiques dirigés contre les médicaments. L'allergie médicamenteuse ne doit pas être confondue avec les effets secondaires d'un médicament, dont elle ne représente qu'une infime partie", explique le Dr Alice Seringulian.
Symptômes : comment se manifeste une allergie aux médicaments ?
L'allergie médicamenteuse immédiate se manifeste par :
- une urticaire
- une rhinite
- un asthme
- des troubles digestifs (vomissements, diarrhée)
- un œdème de Quincke
- une gêne respiratoire
- dans les cas les plus sévères, un choc anaphylactique associé à une chute de tension et à une tachycardie.
"Toutes les réactions aux médicaments ne sont pas des allergies, il peut exister d'autres effets secondaires des médicaments qui peuvent être graves", nuance l'allergologue.
Combien de temps survient l'allergie après la prise ?
L'allergie médicamenteuse peut survenir quelques minutes à quelques heures après la prise d'un médicament. On distingue trois types d'allergies médicamenteuses : les allergies immédiates, les allergies semi-retardées et les allergies retardées.
- Les allergies immédiates surviennent dans l'heure qui suit la prise du médicament et sont les plus violentes. La durée de ces réactions est très limitée dans le temps, elle ne dépasse pas 24h après l'arrêt du médicament.
- Les allergies semi-retardées surviennent quant à elles entre 1 et 6 heures après la prise du médicament, et sont souvent moins violentes.
- Les allergies retardées se manifestent au minimum 6 heures après la prise du médicament. "Des réactions cutanées, que l'on assimile parfois à tort à des urticaires, peuvent être observées. Plus rarement, des réactions beaucoup plus graves avec des atteintes de la peau et des organes peuvent survenir. Elles se traduisent par des décollements cutanés graves pouvant aller jusqu'au syndrome de Lyell qui est une allergie médicamenteuse retardée grave", précise l'allergologue.
L'aspirine, les AINS, les morphiniques et les curares, les produits de contraste iodés et les anesthésiques qui sont le plus souvent en cause.
Quels sont les médicaments qui causent le plus de réactions allergiques ?
Tous les médicaments peuvent provoquer une réaction allergique, et toutes les formes de médicament peuvent être en cause : comprimé, sirop, pommade, injection... Cependant, ce sont les antibiotiques, comme la pénicilline et les sulfamides, L'aspirine, les AINS, les morphiniques et les curares, les produits de contraste iodés et les anesthésiques qui sont le plus souvent en cause dans les réactions allergiques.
Quel test pour savoir si on a une allergie médicamenteuse ?
Un bilan allergologique permet de confirmer l'allergie médicamenteuse : il s'effectue en général dans un centre spécialisé, en structure hospitalière le plus souvent et s'étale sur une demi-journée mais peut parfois nécessiter plusieurs jours. Ce bilan comprend :
- Des tests cutanés effectués avec les médicaments suspectés dans certains centres spécialisés ou auprès de quelques allergologues spécialisés dans les allergies médicamenteuses.
- Des tests sanguins possibles pour certains médicaments.
- Des tests de réintroduction orale du médicament : il s'agit de tenter de redonner le médicament et d'observer l'apparition de manifestations. Ces tests sont pratiqués sous surveillance médicale en hôpital de jour.
"Les tests sont validés uniquement pour certaines classes de médicaments, à savoir les pénicillines, les AINS, les produits de contraste iodés et les anesthésiques. Il ne s'agit pas de tests cutanés classiques comme ceux effectués dans le cadre d'une allergie aux acariens ou aux pollens, on utilise des techniques différentes telles que l'injection intradermique de doses de médicaments diluées", commente la spécialiste.
En cas de réaction grave, on appelle le 15
Que faire en cas d'allergie aux médicaments ?
"Cela dépend de la gravité de la réaction. Si elle est modérée, on arrête le médicament en cause ainsi que ceux faisant partie de la même famille et on consulte son médecin traitant. En cas de réaction grave, on appelle le 15", indique notre interlocutrice.
Comment soigner une allergie médicamenteuse ?
L'éviction du médicament suspecté est en général effectuée, même si les tests sont négatifs. "Et pour cause, il peut y avoir une perte de la réactivité cutanée avec le temps, ce qui induit des tests négatifs alors que l'allergie persiste. Concernant les réactions sous pénicilline, seules 20% sont confirmées être des allergies par des tests cutanés et des épreuves de réintroduction. Les autres sont liées à l'infection virale ou bactérienne en cause", souligne le Dr Alice Seringulian. Dans le cas où le médicament suspecté est indispensable, en cas de tests cutanés négatifs, la réintroduction orale permettra d'innocenter le médicament si cette épreuve est bien supportée. Le patient est alors hospitalisé sur une journée. Des doses progressives de médicament lui sont administrées pour voir s'il le supporte. Mais les risques existent toujours et il est indispensable d'en informer le patient. En cas d'allergie prouvée, il ne faut pas réutiliser le médicament en cause. Porter une carte en permanence sur soi sur laquelle est notée le médicament auquel la personne est allergique. Tous les médicaments, y compris ceux que l'on imagine inoffensifs et que l'on prend depuis plusieurs mois, peuvent provoquer des manifestations.
Merci au Dr Alice Seringulian, allergologue à Paris