Traitement des allergies : pollen, aliment, urgence, que faire ?

Selon l'allergie (respiratoire, saisonnière, alimentaire, cutanée), le traitement proposé par l'allergologue est différent. Antihistaminique, éviction de l'allergène, désensibilisation... Tour d'horizon des solutions anti-allergies avec le Dr. Jean-Marie Nguyen, allergologue, et traitements d'urgence en cas de graves réactions allergiques.

Traitement des allergies : pollen, aliment, urgence, que faire ?
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Quels sont les traitements des allergies respiratoires ?

On parle d'allergies respiratoires per annuelles lorsque les symptômes se manifestent tout au long de l'année, à la différence de l'allergie saisonnière qui survient davantage au printemps. Les allergènes responsables des symptômes sont principalement les acariens et les poils d'animaux. Pour traiter la maladie, le premier réflexe est d'adopter de bons gestes au quotidien. "Il est recommandé d'aérer chaque jour votre intérieur durant 30 min minimum, quelle que soit la saison, de laver vos draps chaque semaine, de lutter contre l'humidité, de ne pas surchauffer les pièces, en particulier les chambres à coucher, recommande le Dr. Jean-Marie Nguyen. En complément, il est important de veiller à diminuer la quantité de polluants intérieurs : éviter de fumer, même à la fenêtre, ne pas utiliser les produits de ménage agressifs et/ou parfumés comme l'eau de javel, éviter les parfums d'intérieur, encens et les huiles essentielles en aérosol… ". Si l'allergie est causée par les poils d'animaux, il est également recommandé d'éviter d'être en leur présence. "Si cela n'est pas possible, il faut au moins éviter qu'ils entrent dans les chambres et ne déposent leurs poils dans le lit", conseille l'allergologue. En parallèle, un traitement pourra être prescrit par le médecin afin de traiter les symptômes touchant le nez et les yeux.

"Il consiste en la prise d'antihistaminique de deuxième génération (car mieux toléré) par voie orale ainsi que des corticoïdes sous forme de spray nasal pour dégager le nez et de gouttes oculaires pour calmer les irritations qui touchent les yeux", précise le Dr. Nguyen. Le traitement peut durer de quelques jours à quelques semaines, selon l'importance des symptômes et leur évolution. Si l'allergie provoque de l'asthme, c'est-à-dire une inflammation de la muqueuse des bronches entrainant des symptômes tels que de la toux, un sifflement respiratoire, un essoufflement et une sensation d'oppression, au traitement antiallergique seront ajoutés des traitements inhalés de l'asthme :  un bronchodilatateur, un médicament qui permet d'ouvrir les bronches pour soulager les symptômes, et un traitement de fond anti-inflammatoire par corticoïdes inhalés au long cours. Enfin, autre solution : la désensibilisation si les traitements précédents n'ont pas été suffisants. "Elle fonctionne très bien contre l'allergie aux acariens, moins contre celle causée par les poils d'animaux, précise notre expert. Elle consiste à induire une meilleure tolérance à l'allergène en donnant chaque jour un comprimé ou des gouttes d'un concentré d'acariens sous la langue. Le traitement dure 3 ans, mais son efficacité est évaluée au bout d'un an". 

Quels sont les traitements des allergies aux pollens ?

Il s'agit d'allergies aux pollens d'arbres et d'herbes. Elle se manifeste de février à avril pour les pollens d'arbres et d'avril à août pour les pollens d'herbacées, selon les régions. "Le traitement est identique à celui de l'allergie respiratoire, c'est-à-dire la prise d'antihistaminique par voie orale et de corticoïdes en goutte dans les yeux et par pulvérisation nasale, le temps que durent les symptômes, indique le Dr. Nguyen. Il peut aussi être pris à titre préventif avant une sortie en pleine nature, comme une promenade en forêt ou un pique-nique dans l'herbe, afin d'éviter la survenue de l'allergie". Au quotidien, il est conseillé de n'ouvrir les fenêtres que tôt le matin ou tard le soir, de ne pas faire sécher votre linge à l'extérieur et d'éviter de faire du sport en plein air. Si les troubles sont insuffisamment contrôlés par les traitements précédents ou s'ils rechutent après l'arrêt, une désensibilisation peut être envisagée.

Le taux d'efficacité de la désensibilisation avoisine les 80%

Seul un allergologue pourra identifier le ou les allergènes qui serviront pour les modalités de ce traitement spécifique, en procédant à 3 formes d'exploration : l'interrogatoire (enquête soigneuse pour orienter la recherche), les tests cutanés (pricks-tests à lecture immédiate à 15 minutes) et/ou la recherche biologique d'anticorps IgE spécifiques pour batterie d'allergènes (choix selon l'environnement du patient recueilli et les circonstances d'apparition des symptômes). Une fois l'allergène identifié, le traitement consiste à déposer chaque jour, durant 6 mois, quelques gouttes d'allergène sous la langue. Le traitement doit être réalisé durant 3 ans. Peu à peu, l'effet vaccinant (induction de tolérance) s'instaure et les symptômes gênants s'atténuent, voire disparaissent. Le taux d'efficacité avoisine les 80% pour la plupart des allergènes disponibles. 

Quels sont les traitements des allergies alimentaires ?

Il s'agit le plus souvent, chez les enfants, des allergies au lait, aux œufs, au poisson et à l'arachide. Chez les adultes, les crevettes, les fruits et les légumes (tomates, céleri…) ainsi que les fruits à coques sont au palmarès des allergènes. La réalisation d'un prick-test et du dosage d'IgE permet de déterminer l'aliment qui pose problème. Par la suite, la première des recommandations est d'éviter l'aliment en cause mais aussi les plats qui en contiennent. En parallèle, les symptômes de faibles intensités (picotement dans la bouche, œdème des lèvres, urticaire léger… pourront être soulagés par la prise d'un antihistaminique par voie orale. "Les signes d'allergie alimentaire sévère ou anaphylaxie (œdème de Quincke, difficultés à respirer ou à parler, douleurs abdominales fortes, malaises…) devront immédiatement être pris en charge par une injection d'adrénaline prescrit par le médecin et administrée par le patient lui-même et son entourage. Le patient allergique doit toujours avoir à disposition ces 2 traitements", prévient l'allergologue. Autre solution : entamer une induction de tolérance.

L'immunothérapie alimentaire se pratique d'abord en milieu hospitalier sous surveillance médicale

"Cela ne fonctionne que pour le lait et dans certains cas l'arachide, prévient l'expert. Elle consiste à administrer de très faibles doses de l'aliment concerné par voie orale au patient. Elles sont augmentées petit à petit de façon à habituer l'organisme et à relever son seuil de tolérance réactogène. Cela permet de limiter le risque de réactions sévères en cas d'exposition accidentelle. Mais attention, cela ne se fait pas chez soi : cette technique, appelée immunothérapie alimentaire, se pratique d'abord en milieu hospitalier sous surveillance médicale, puis se poursuit à domicile".

Quels sont les traitements des allergies cutanées ?

Le traitement sera différent selon la manifestation :

►En cas d'eczéma dû à une dermatite atopique : le traitement repose sur l'application quotidienne d'un soin émollient pour hydrater la peau irritée et d'une crème à base de corticoïdes sur les zones lésées.
►En cas d'eczéma de contact : cela survient le plus souvent en présence du nickel, du parfum, de certains conservateurs… "Le premier des traitements est l'éviction de l'allergène, précise l'allergologue. Pour l'identifier, on applique des patchs dans le dos du patient sur lesquels il a été au préalable déposé des extraits d'allergènes. Au bout de 3 jours, ils sont retirés : l'apparition d'une plaque d'eczéma signale une réaction allergique". Pour calmer les plaques rouges et irritantes, le traitement repose sur l'application de soins émollients et de crème à base de corticoïdes jusqu'à disparition des symptômes.  
►En cas d'urticaire aigu : il peut apparaître suite à la prise d'un médicament, d'un aliment… Pour déterminer l'allergène, des tests cutanés sont réalisés en ville pour les aliments, à l'hôpital pour les médicaments. Le traitement sera ensuite l'éviction de l'allergène et la prise d'antihistaminique par voie orale.

Quels sont les traitements naturels des allergies ?

L'homéopathie peut vous aider. Vous pouvez associer un médicament spécifique à la poussière : Dermatophagoïdes pteronyssimus 30 CH, à raison d'une dose chaque dimanche pendant le premier mois, puis un dimanche sur deux, pendant trois mois. A réévaluer ensuite. Ensuite, un médicament du processus allergique : Poumon histamine 15CH 5 granules chaque matin. A compléter en fonction des symptômes associés :
►En cas d'éternuement et de rhinorrhée abondante : Allium cepa 9CH
►En cas de yeux larmoyants : Euphrasia 9CH
►En cas de yeux rouges, secs et gonflés et de nez bouché : Apis mellifica 15CH 

Quel est le traitement en urgence en cas d'allergie ?

Le choc anaphylactique causé par le contact avec un allergène (un aliment, un médicament, une piqûre d'insecte, le latex…) est une urgence médicale car cette réaction peut être fatale. Elle se caractérise par des réactions cutanées (démangeaisons, urticaire, gonflement localisé…), des difficultés respiratoires (toux, respiration sifflante, difficultés à respirer…) et des signes cardiovasculaires (malaise, pression artérielle basse, arrêt cardiaque…).

Avoir en permanence sur soi une seringue auto-injectable d'adrénaline

C'est une urgence médicale qui nécessite d'appeler les secours (15 ou le 112) qui la perdront en charge. "Mais si l'on se sait très allergique il est vital d'avoir en permanence sur soi une seringue auto-injectable d'adrénaline, recommande le Dr. Nguyen. L'injection se pratique en intramusculaire à mi-cuisse. Il est possible de la faire soi-même ou de demander à une personne présente de s'en occuper au plus vite".

Merci au Dr. Jean-Marie Nguyen, allergologue à l'hôpital Bicêtre au Kremlin-Bicêtre et en centre de santé Ophtalys Haut de Seine.