Troubles de l'odorat : liste, causes, symptômes, traitement

Un trouble de l'odorat correspond à une altération de l'olfaction, l'un de nos cinq sens. Quels sont les symptômes d'alerte ? Les causes ? Les examens à faire et les traitements pour se soigner ? Anosmie, parosmie, hyposmie... Liste des troubles et explications du Dr Georges Dib, médecin ORL.

Troubles de l'odorat : liste, causes, symptômes, traitement
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Un trouble de l'odorat correspond à une altération, partielle, totale, permanente ou temporaire, de la capacité d'olfaction (l'autre nom de l'odorat), l'un des cinq sens du corps humain. Il y a différents troubles : l'anosmie, l'hyposmie, la parosmie... Quels sont les symptômes d'un trouble de l'odorat ? Les causes ? Les examens pour poser un diagnostic ? Et les bons traitements pour se soigner ? Tour d'horizon et explications avec le Dr Georges Dib, médecin ORL à l'hôpital privé d'Eure-et-Loir (Etablissement ELSAN). 

Définition : c'est quoi un trouble de l'odorat ?

Un trouble de l'odorat est un trouble neuro-sensoriel ou post-traumatique qui correspond à l'altération de l'olfaction. L'olfaction (ou l'odorat) désigne le sens qui perçoit les odeurs. Cette altération peut être quantitative (diminution de l'odorat) ou qualitative (mauvaise perception de l'odeur). Un trouble de l'odorat s'oppose à une normosmie, le terme qui définit une perception olfactive normale. Le trouble de l'odorat le plus connu est l'anosmie qui correspond à une perte de l'odorat. "L'anosmie, c'est quand on perd totalement l'odorat. Après, entre un odorat normal et une anosmie, il y a différents troubles, différentes perturbations (appelées dysosmies) dont la cacosmie, la parosmie, ou l'hyposmie, liste le Dr Dib. Avec l'épidémie de Covid, on a observé une flambée de cas d'anosmie. Hors Covid, l'anosmie est une pathologie connue, mais qui était, avant la pandémie, presque méprisée car cette maladie parait bénigne. C'est un symptôme que les patients ont tendance à laisser traîner car il ne représente pas une gravité. Avant Covid, on avait deux ou trois patients par semaine, désormais c'est devenu presque le symptôme principal du Covid, avec le variant Omicron. Tandis qu'avec Delta et les premiers variants, l'anosmie était observée mais dans une moindre mesure", explique le Dr Dib. 

Quelle est la liste des troubles de l'odorat  ?

Cliniquement, les troubles de l'odorat quantitatifs sont à distinguer des troubles de l'odorat qualitatifs.

Les troubles de l'odorat quantitatifs sont par exemple :

  • l'anosmie : perte totale de l'odorat 
  • l'hyposmie : diminution de l'odorat
  • l'hyperosmie : augmentation de la sensibilité aux odeurs

Les troubles de l'odorat qualitatifs sont subjectifs et sont plus rares que les troubles quantitatifs :

  • la parosmie : distorsion d'une odeur vers une autre odeur, généralement désagréable (on va confondre les odeurs)
  • la cacosmie : perception permanente d'une mauvaise odeur, peu importe ce que l'on porte à son nez, due à une altération partielle des cellules olfactives.
  • la phantosmie (ou hallucination olfactive) : odeur fantôme, agréable ou désagréable, qui survient sans qu'une source d'odeur ne soit présente.

Mécanisme de l'olfaction

Une substance chimique odorante devient une odeur lorsqu'elle est détectée par la muqueuse olfactive (qui tapisse l'intérieur des cavités nasales). Cette dernière est constituée de cellules nerveuses (neurones olfactifs) qui transforment le message chimique en influx nerveux interprétable par le cerveau, notamment via le bulbe olfactif. Ainsi, si les cellules olfactives sont endommagées, elles ne sont plus capables de détecter correctement les molécules odorantes et d'assurer leur transmission jusqu'au bulbe olfactif.

Quelles sont les causes d'un trouble de l'odorat ?

Plusieurs causes peuvent expliquer l'apparition d'un trouble de l'odorat :

  • Consécutive à une inflammation de la muqueuse des fosses nasales (œdème), un rhumeune rhinite, une sinusite (nez bouché), un Covid ou à une infection des voies aériennes supérieures
  • Consécutive à un traumatisme crânien
  • Consécutive à une névralgie du nerf olfactif
  • Présence de polypes nasaux
  • Présence d'une tumeur proche d'un nerf olfactif
  • Consécutive à une maladie neurologique (maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer, sclérose en plaques...) 
  • Consécutive à une maladie métabolique (diabète) ou endocrinienne
  • Consécutive à l'inhalation d'une substance toxique
  • Consécutive à la prise d'un médicament (effet indésirable)
  • Cause congénitale

Avec l'âge, les cellules olfactives sont beaucoup moins réactives et l'odorat baisse naturellement.

  • Cause idiopathique (pas de cause connue)
  • "Avec l'âge, les cellules olfactives sont beaucoup moins réactives et l'odorat baisse naturellement. Un patient jeune qui perd l'odorat aura donc beaucoup plus de chances de le récupérer qu'une personne de 60-70 ans par exemple, car de facto l'olfaction a été altérée par le temps", explique le Dr Dib. Le fait d'être sujet à des allergies saisonnières (rhinite allergique par exemple) représente par ailleurs un facteur de risque d'une baisse ou d'une perte de l'odorat.
Schéma des différents troubles de l'odorat
Schéma des différents troubles de l'odorat © rob3000 - stock.adobe.com

Quels sont les symptômes d'un trouble de l'odorat ?

En plus de ne pas percevoir les odeurs (ou de mal les percevoir), dans la plupart des cas, les troubles de l'odorat sont associés à :

  • Une obstruction nasale (nez bouché)
  • Des symptômes caractéristiques d'une infection des voies respiratoires supérieurs comme une rhinopharyngite, une sinusite ou un Covid-19 (toux, nez qui coule, maux de tête...)
  • Une diminution du goût (agueusie). "L'altération du goût est consécutive au fait qu'on perd l'odorat. Mais ce n'est pas vraiment une perte de goût (car il n'y a pas d'atteinte des papilles gustatives), ce sont les saveurs qui sont perturbées. La nourriture sera plus fade, avec une saveur atténuée", précise notre interlocuteur.

Les patients atteints de troubles de l'odorat sont plus sujets aux accidents domestiques

Quelles sont les conséquences d'un trouble de l'odorat ?

"Un trouble de l'odorat n'est pas grave en soi mais il a des répercussions significatives sur la qualité de vie du patient", tient à rétablir notre interlocuteur. Une perte de l'odorat peut ainsi devenir très gênante au quotidien. Parmi les conséquences potentielles d'un trouble de l'odorat sur le long terme :

  • Une incapacité à déceler une odeur de gaz ou de brûlé (les patients atteints de troubles de l'odorat sont donc plus sujets à un risque d'accidents domestiques)
  • Une mauvaise appréciation de la qualité de l'alimentation, entraînant une baisse de l'appétit et du plaisir à manger
  • Un risque de dépression plus élevé...

Qui consulter en cas de trouble de l'odorat ?

En cas de sensation de diminution de l'odorat ou d'une obstruction nasale qui perdure, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin généraliste qui pourra ensuite orienter vers un médecin ORL si des examens complémentaires sont nécessaires. Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), un avis spécialisé ORL et une IRM des voies olfactives sont à réaliser au-delà de 2 mois : en cas de persistance des symptômes cités ci-dessus (hyposmie, anosmie, sensation de gêne ou d'obstruction nasale, fluctuations de l'odorat).

Comment est posé le diagnostic d'un trouble de l'odorat ?

Le médecin procède à un examen clinique et à l'interrogatoire du patient afin de déterminer le contexte de la baisse de l'odorat et connaître les antécédents médicaux. Il s'agit d'un élément d'orientation diagnostique fondamental. Selon les observations faites pendant l'examen clinique, le professionnel de santé a des indices sur la cause potentielle du trouble. Ensuite pour affiner le diagnostic, un bilan stomatologique et ORL avec un CT-scan (tomodensitométrie) des sinus et une endoscopie nasale permettant de visualiser une partie des cavités nasales et des sinus est prescrit. En fonction des résultats du bilan stomatologique et ORL, des examens complémentaires peuvent être réalisés : tests allergiques, tests de sensibilités à différentes odeurs (tests d'olfactométrie), IRM cérébrale, prises de sang... 

Globalement, la majorité des patients peuvent récupérer leur odorat, du moins une partie

Quels sont les traitements d'un trouble de l'odorat ?

Le traitement va dépendre de la cause du trouble. "La récupération des perceptions olfactives est aléatoire. Globalement, la majorité des patients récupèrent leur odorat, du moins une partie", tient à prévenir l'expert.

Corticoïdes en local (principalement) : "c'est le traitement de base", indique le médecin ORL. Ces médicaments peuvent être prescrits et permettent de traiter une inflammation de la muqueuse nasale ou des sinus, après avis d'un spécialiste et selon la présentation clinique. 

► Inhalations de vapeurs (ou vaporisateurs nasaux) : en cas d'infections ou irritations des sinus

Traitement des allergies si elles sont présentes.

Stimulation par rééducation olfactive "qui permet de restimuler les cellules olfactives pour qu'elles refonctionnent"

► Chirurgie : quand elle est possible et quand des polypes nasaux obstruent la cavité nasale ou en cas de tumeur.

Merci au Dr Georges Dib, médecin ORL à l'hôpital privé d'Eure-et-Loir - Etablissement ELSAN. 

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