Bursite sous acromiale (épaule) : c'est quoi, IRM, traitement
La bursite sous-acromiale est une inflammation très fréquente au niveau de l'épaule, qui touche essentiellement des patients entre 45 et 70 ans. Il faut y penser en cas de douleurs chroniques de l'épaule. Le traitement médical est privilégié dans tous les cas. La chirurgie de l'épaule n'est envisagée qu'en dernier recours.
C'est quoi ?
On parle de bursite pour désigner l'inflammation d'une bourse séreuse. Les bourses séreuses sont des petites poches qui permettent le glissement des organes entre eux ou avec les structures adjacentes, mais également le glissement des tendons par rapport aux os. Elles contiennent un fin film de liquide synovial qui permet les mouvements ; on parle d'espace virtuel. "Quand une bourse s'inflamme (on parle de bursite), elle s'épaissit et le liquide synovial à l'intérieur devient très abondant. Cette inflammation va être à l'origine de sécrétions de molécules responsables de la douleur, mais aussi de molécules favorisant l'inflammation", explique le Dr Jérôme Cournapeau, Chirurgien spécialiste de l'épaule. La bursite sous-acromiale affecte l'épaule. "La bourse sous-acromiale est un espace en profondeur de l'épaule, situé entre les tendons de la coiffe des rotateurs et l'acromion (une partie de l'omoplate). Le plus souvent, la bursite est associée à un conflit sous-acromial (c'est-à-dire des frottements répétés entre l'os acromial et les tendons)", poursuit le spécialiste. Elle peut résulter d'une contusion, de mouvements répétés ou d'une tendinopathie. Elle entraîne des douleurs qui s'accentuent lorsque l'articulation est sollicitée. Les infiltrations locales, la kinésithérapie et la cryothérapie sont les traitements de premier choix. Les sportifs ou les professionnels qui effectuent des ports de charges lourdes ou des gestes bras en l'air répétés sont plus exposés à cette maladie de l'épaule. Les personnes ayant un espace sous acromial étroit sont aussi très à risques. On peut voir des bursites sous-acromiales chez des patients de tout âge, mais surtout entre 45 et 70 ans. L'âge moyen est 50 ans. Les hommes et les femmes sont également touchés.
Quelle est la cause ?
La bursite va être la conséquence de 2 phénomènes qui sont le plus souvent liés et associés :
- Un conflit mécanique entre le bord antérieur de l'acromion (bec acromial) et les tendons de la coiffe des rotateurs avec réduction de l'espace sous-acromial, ce qui entraine un frottement excessif.
- Une inflammation des tendons de la coiffe des rotateurs.
Les causes de bursite sont en général multiples :
- Activité professionnelle manuelle (bâtiment par exemple)
- Dégénérescence liée à l'âge
- Surutilisation de l'épaule dans un contexte sportif
- Anatomie constitutionnelle de la personne favorisant ce type de pathologie.
Quels sont les symptômes ?
Le symptôme principal est la douleur, d'évolution chronique (c'est-à-dire supérieure à 3 mois). "Le plus souvent, cette douleur est d'apparition et d'aggravation progressive ; mais elle peut aussi être post-traumatique" reconnait notre médecin. "La douleur, d'horaire inflammatoire, est particulièrement vive la nuit et peut être insomniante. La symptomatologie est alors très invalidante pour le patient qui n'arrive plus à se reposer." On note également une difficulté à bouger l'épaule, surtout quand le bras est au niveau de l'horizontal. Dans certains cas très sévères, il peut y avoir un enraidissement complet due à une capsulite rétractile.
Qui consulter ?
Devant toute douleur d'épaule inhabituelle, ou qui persiste, il faut consulter un médecin ou chirurgien spécialiste de l'épaule, qui après examen clinique de l'épaule, pourra prescrire les bons examens complémentaires.
Quel est le diagnostic ?
→ Le premier examen à réaliser est un bilan radiographique standard (radiographies d'épaule). Il a deux objectifs :
- Éliminer un autre diagnostic : arthrose, calcifications tendineuses, fracture
- Chercher des facteurs favorisants : acromion agressif sur les tendons entrainant un frottement trop important
→ L'échographie permet de mettre en évidence la bursite (présence de liquide en grande quantité dans la bourse sous-acromiale). "Elle va également rechercher un conflit (c'est-à-dire un frottement entre l'os et les tendons) par une analyse dynamique lors de la mobilisation de l'épaule. Enfin elle analyse l'état des tendons de la coiffe des rotateurs", complète le chirurgien.
"L'IRM est à réaliser en plus, si les symptômes sont invalidants (douleurs nocturnes, gêne importante dans les gestes de la vie quotidienne). Elle montre très bien la bursite. Elle permet surtout de rechercher de manière précise une lésion des tendons (déchirures, ruptures, tendinites)."
→ L'arthroscanner peut être une alternative à l'IRM chez les patients claustrophobes.
Quels sont les traitements ?
Le traitement est toujours médical dans un premier temps.
► Dans les cas les plus bénins, le médecin prescrira des anti-inflammatoires et des antalgiques. Le repos complet de l'épaule n'est pas indiqué : en effet, il risque de geler l'épaule et d'entrainer une capsulite rétractile. "On parle plutôt de repos relatif : il faut toujours se servir de son épaule en respectant le principe de non-douleur (arrêter les gestes qui font trop mal). On y associe de la rééducation qui a pour objectif d'augmenter l'espace sous-acromial et ainsi diminuer les frottements au niveau de l'épaule afin de soulager les douleurs, en abaissant la tête humérale." La cryothérapie est un bon complément à la rééducation.
► Dans les cas plus sévères (douleur intense, ou persistante), il faut envisager une infiltration de la bourse sous-acromiale. Elle consiste à injecter un anti-inflammatoire puissant (corticoïdes) directement dans la bourse. Ce geste est réalisé en consultation.
Il peut être utile également d'envisager une adaptation du travail. Dans l'immense majorité des cas (>90% des cas), ces traitements permettent de soulager complètement le patient.
Opération : dans quels cas ?
L'opération est indiquée en cas d'échec du traitement médical. "Elle consiste à enlever la bourse inflammatoire (bursectomie) et à fraiser un peu l'os (quelques millimètres) pour augmenter l'espace sous-acromial trop serré (acromioplastie). La bourse se reconstitue après l'opération, mais sans inflammation" détaille le Dr Cournapeau. L'opération est réalisée sous arthroscopie : le chirurgien ne fait que 3 petites incisions de quelques millimètres. Il réalise ensuite l'intervention sous contrôle d'une caméra. Le plus souvent, le patient peut rentrer à la maison le jour-même de l'opération (procédure ambulatoire). Après l'opération, il n'y a pas d'immobilisation stricte et le patient peut commencer rapidement la rééducation.
Merci au Dr Jérôme Cournapeau, Chirurgien spécialiste de l'épaule à la Clinique du Val d'Or à Saint-Cloud (92).