Témoignage coronavirus : "C'est un truc costaud qui met par terre"
A 30 ans, Olivier Sadou a été contaminé par le coronavirus et hospitalisé pendant une semaine à Paris. Ses premiers symptômes, son diagnostic, son hospitalisation, sa convalescence et guérison... Il témoigne pour le Journal des Femmes.
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Le coronavirus fait de nouveaux malades chaque jour en France. Parmi eux, des personnes jeunes comme Olivier Sadou, 30 ans, contrôleur de gestion à Paris et hospitalisé mi-mars des suites de l'infection. Témoignage.
Le Journal des Femmes : Comment sont survenus vos premiers symptômes ?
Olivier Sadou : J'étais au travail, c'était le mardi 10 mars. En fin de journée, j'ai commencé à sentir des bouffées de chaleur et des maux de tête vraiment importants. Je fais rarement des maux de tête si violents. J'ai décidé de rentrer. Chez moi, je prends ma température, je suis à 38,5°c, je ne m'inquiète pas plus que ça, c'est la grippe saisonnière, je suis allergique au pollen. Je n'ai pas pensé une seconde au coronavirus. Je prends un Doliprane et je m'endors. Le lendemain, ça n'allait pas du tout. J'étais dans un état patraque, plus d'énergie, c'est un truc costaud qui met par terre.
Avez-vous déjà eu la grippe ?
Olivier Sadou : Oui, j'ai déjà eu la grippe mais là c'est un état grippal puissant. Et c'est comme ça que j'ai pensé au coronavirus. J'ai appelé le numéro vert (0 800 130 130, ndlr) et on m'a répondu qu'il fallait avoir de la fièvre plus longtemps que ça pour suspecter le coronavirus. Ils m'ont dit de patienter jusqu'au lendemain et d'aller voir mon médecin traitant si ça n'allait pas mieux. Et le lendemain, le jeudi 11 mars, j'avais toujours de la fièvre, j'ai appelé mon médecin qui m'a dit de venir le voir. Dans le doute, j'ai pris un masque. J'avais des masques comme j'ai eu un cancer il y a quelques mois et que j'étais immuno-déficient.
Que vous a dit le médecin ?
Olivier Sadou : Il m'a ausculté et a suspecté une méningite comme j'ai fait une méningite du nourrisson quand j'étais plus jeune. Il a vu que j'avais une raideur à la nuque, a écarté le coronavirus et m'a envoyé aux Urgences. Arrivé aux Urgences de l'hôpital Saint-Joseph dans le 14e arrondissement de Paris, on me fait des examens, une prise de sang, des radios pulmonaires et une ponction lombaire. Ils écartent tout risque de méningite.
Comment avez-vous su que c'était le coronavirus ?
Olivier Sadou : Il était 22 heures et ils n'ont pas voulu me laisser repartir sans me faire un test Covid-19. Ils me font le test, m'enfoncent 10 cm de coton-tige dans le nez, c'est pas agréable, et dans le doute, m'hospitalisent. Mais ils ont eu un problème avec les automates qui font les tests. Je n'ai eu mes résultats que le samedi et donc le midi on m'annonce que j'ai le Covid-19.
Avez-vous été inquiet ?
Olivier Sadou : Je ne voulais pas y croire, jusqu'au bout. Je me suis dit que ce n'était pas possible parce que je ne prends pas les transports, je suis en voiture. J'évitais certains endroits aussi comme j'étais encore un peu immuno-déficient.
Quels traitements vous a-t-on donné à l'hôpital ?
Olivier Sadou : Je suis asthmatique et comme j'ai eu des gènes respiratoires, on m'a donné à inhaler des produits en masque pour détendre mes bronches, ça m'a fait du bien. Et du paracétamol.
"Je n'ai jamais eu quelque chose comme ça de ma vie, c'est vraiment particulier."
Comment a évolué la maladie au fil des jours ?
Olivier Sadou : Pour moi le pic était le jeudi où je devais aller voir mon médecin. J'ai eu un vertige, je suis tombé par terre, je me suis allongé, j'ai vomi. Mes maux de tête étaient très forts. J'ai eu la toux aussi et plus tard des diarrhées. Les symptômes changent et arrivent différemment. La perte du goût et de l'odorat je l'ai depuis 5 jours mais pas dès le début. Je n'ai jamais eu quelque chose comme ça de ma vie, c'est vraiment particulier.
Vous a-t-on indiqué une durée de guérison quand vous êtes sorti de l'hôpital ?
Olivier Sadou : Le professeur que j'ai vu m'a dit : "On ne connait pas du tout ce virus donc on ne sait pas du tout quand est-ce que vous allez guérir, on ne peut pas se prononcer la-dessus. Si quelqu'un vous dit le contraire c'est qu'il n'y connait rien. Tout ce que je peux vous conseiller à partir du jour de votre sortie c'est de rester confiné au moins 8 jours chez vous, vous verrez comment ça évolue." J'étais l'un des premiers cas dans l'hôpital.
De retour à la maison, avez-vous encore des médicaments à prendre ?
Olivier Sadou : On m'a fait une ordonnance avec le traitement asthmatique, du Doliprane® et des masques, à raison de trois par jour, mais il n'y en a pas en pharmacie. Pendant mon séjour, ils ne m'en ont donné qu'un seul. Le personnel soignant en avait difficilement pour eux, ils n'avaient pas de FFP2 mais le masque chirurgical de base.
Comment allez-vous aujourd'hui ?
Olivier Sadou : Je sens une nette amélioration, je suis encore un peu fatigué mais je vais mieux. Je n'ai plus de fièvre.
Un dernier message à faire passer aux internautes qui vous liront ?
Olivier Sadou : Le message c'est de remercier le personnel soignant car ils prennent des risques et on ne s'en rend pas assez compte. Ils n'ont pas de moyens et ils font tout ce qu'ils peuvent.
Et aux gens qui ont du mal à respecter le confinement ?
Olivier Sadou : Il faut être un minimum solidaire et conscient des choses. Moi j'ai eu la grippe "star" du moment avec plein d'effets indésirables qui durent dans le temps mais quand on voit que des gens en meurent, on reste chez soi et on ne bouge pas, c'est tout.
Témoignage réalisé le jeudi 19 mars par téléphone. Merci à Olivier Sadou.