Urétrite (femme, homme) : causes, comment la soigner ?
L'urétrite est une inflammation de l'urètre, le plus souvent transmise lors d'un rapport sexuel. Contagieuse, elle majore le risque d'infection par le VIH et peut rendre stérile. Comment l'éviter ? Quelles sont ses causes ? Ses symptômes ? Comment la soigner ?
Définition
L'urétrite est une inflammation de l'urètre, la voie qui conduit l'urine depuis la vessie jusqu'au méat urinaire, l'orifice par lequel sort l'urine ainsi que des glandes péri-urétrales. Cette inflammation est d'origine infectieuse dans la plupart des cas, et elle fait alors partie des infections sexuellement transmissibles (IST). On dénombre plusieurs germes à l'origine de l'urétrite comme le gonocoque ou les chlamydia. Cependant, signale le Dr. Georges Delamare, médecin généraliste "l'urétrite n'est pas forcément une IST et peut survenir de manière spontanée". Les urétrites représentent un enjeu important de santé publique dans le monde entier, car elles sont fréquentes, très contagieuses et augmentent le risque d'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et sont une cause fréquente de stérilité chez la femme. Chez l'homme, les urétrites peuvent provoquer une prostatite, qui sera également une cause d'infertilité.
• Urétrite non infectieuse
Quoique plus rares que l'urétrite infectieuse, des forme non infectieuses d'urétrite existent. Elles sont causées par une inflammation, une augmentation de la taille de la prostate ou une anomalie testiculaire ainsi que, plus rarement, des causes chirurgicales ou encore un cancer de l'un de ces organes. Le Dr. Delamare met également en garde contre "certaines pratiques sexuelles telles que le sodurètre, elle consiste à enfoncer des tiges, doigts, crayons ou autres dans le pénis via l'urètre, superficiellement ou en profondeur, jusqu'à éventuellement chatouiller la vessie". L'absence de cause infectieuse doit néanmoins faire évoquer des diagnostics différentiels tels que : tumeur, irritation (spermicide, savon etc...), vessie hyperactive, cystite interstitielle ou autres troubles de la vidange vésicale. . Dans tous les cas, un avis spécialisé auprès d'un urologue ou gynécologue s'impose alors.
• Urétrite gonococcique
L'urétrite gonococcique est causée par une bactérie, le gonocoque (Neisseria gonorrhoeae ) appelée gonorrhée. C'est l'urétrite la plus fréquente. Elle se manifeste généralement quelques jours après la contamination qui a probablement eu lieu au cours d'un rapport sexuel non protégé avec une personne déjà infectée. La gonorrhée peut être associée à la seconde bactérie fréquemment en cause, la Chlamydia (Chlamydia trachomatis) : cette forme mixte est fréquente et représente 25% des cas. C'est typiquement ce que l'on appelle la "chaude pisse" explique le Dr. Delamare.
• Urétrite non gonococcique
On parle d'urétrite non gonococcique (UNG) lorsque la gonorrhée a été exclue : on peut trouver d'autres germes comme le streptocoque. Certaines UNG sont transmises lors des rapports sexuels. Plusieurs causes sont possibles et, chez certaines personnes, la cause n'est jamais déterminée. Cependant les infections les plus fréquemment responsables d'une UNG sont les infections à Chlamydia et à Mycoplasma genitalium, qui représentent 20 à 70 % des cas. Les autres germes ou virus pouvant entraîner une UNG sont Trichomonas vaginalis, U. urealyticum, des adénovirus ou par des virus comme l'Herpes simplex types 1 et 2. Des bactéries responsables d'une infection des voies urinaires (reins, vessie et urètre) peuvent aussi entraîner une inflammation de l'urètre. Enfin, une infection vaginale chez la femme, comme une mycose ou une vaginose bactérienne, peut être responsable d'une UNG chez son partenaire.
• Urétrite aiguë
L'urétrite aiguë est typiquement ce que l'on appelle la "chaude pisse" ou gonorrhée. Les symptômes se manifestent 2 à 5 jours après le moment de l'infection chez l'homme. "Il convient de consulter en urgence" signale le Dr. Delamare.
Causes
Les urétrites sont la manifestation la plus fréquente des infections sexuellement transmises (IST). La transmission de l'agent ou des agents pathogènes se fait par contact avec le pénis, le vagin, la bouche ou l'anus d'une personne infectée, même asymptomatique. La contamination peut se faire aussi en l'absence d'éjaculation.
Symptômes
Chez l'homme, l'urétrite se manifeste par :
- une douleur vive au moment de la miction, ressemblant à des brûlures (on parle communément de "chaude pisse",
- une irritation au niveau du méat urinaire et des douleurs urétrales.
- Un écoulement par le méat urétral, présent plus fréquemment le matin,
- une pollakiurie (envie fréquente d'uriner associée à une faible quantité d'urines émises)
La femme est plus volontairement asymptomatique, ou passe inaperçue car une cystite est associée. Les symptômes sont :
- d'envies fréquentes d'uriner comme une cystite avec brûlures ou douleurs à la miction
- d'une sensation de pesanteur dans le bas ventre
- d'une inflammation et de démangeaisons au niveau de la vulve et du vagin
- d'écoulements vaginaux anormaux
- d'une dyspareunie (c'est à dire de douleurs lors des rapport sexuels)
À noter : des atteintes extra-génitales non compliquées, pharyngées ou ano-rectales, peuvent être associées à l'urétrite ou une cervicite.
Diagnostic
Le diagnostic repose sur un interrogatoire du patient et sur un examen clinique et ainsi que sur des analyses d'urine et/ou de prélèvements urétraux pour déterminer la nature de l'agent pathogène et d'éventuelles résistances aux antibiotiques .
Cet examen microbiologique comprend :
- un examen direct pour rechercher Neisseria gonorrhoeae et Trichomonas vaginalis ;
- une mise en culture pour rechercher Neisseria gonorrhoeae et les autres bactéries ;
- une PCR (réaction en chaîne par polymérase) pour rechercher Chlamydia trachomatis ou Neisseria gonorrhoeae.
Soigner une urétrite chez la femme
"L'urétrite passe souvent inaperçue chez la femme car il y a fréquemment une cystite associée" explique le Dr. Delamare. Néanmoins, après prélèvements bactériologiques pour examen direct et culture (1er jet urinaire, écoulement urétral, gorge, cervico-vaginal), des antibiotiques adaptés seront prescrits. La patiente doit absolument prévenir ses partenaires et le port d'un préservatif est nécessaire.
Soigner une urétrite chez l'homme
Toute suspicion d'urétrite ou de cervicite doit être confirmée par un examen microbiologique recherchant la présence de N. gonorrhoeae et de C. trachomatis. Si la culture est positive à N. gonorrhoeae un antibiogramme est indispensable afin de vérifier les éventuelles résistances aux antibiotiques. Le médecin prescrit un traitement antibiotique aussitôt après le prélèvement. Le traitement recommandé associe un traitement anti-gonococcique par ceftriaxone 500 mg en une injection IM et un traitement anti-chlamydia par azythromycine 1 g per os en prise unique ou doxycycline 200 mg par jour en deux prises per os pendant 7 jours1.
Le patient doit être informé des risques de recontamination et il est indispensable qu'il prévienne ses partenaires récents (2 mois précédents les premiers symptômes). L'examen, le dépistage et le traitement de ces partenaires récents sont indispensables. Enfin, l'utilisation des préservatifs est essentielle. Tous les rapports doivent être protégés durant les 7 jours qui suivent un traitement en dose unique ou jusqu'à la fin d'un traitement en plusieurs prises, et jusqu'à la disparition des symptômes.
Des traitements minute ?
L'Azithromycine en dose unique pourra être prescrit lorsque l'infection est causée par le gonocoque et/ou par le chlamydia. "Ce traitement cause très fréquemment des troubles digestifs" prévient le Dr. Delamare.
Des traitements naturels ?
"Il n'existe aucun traitement naturel pour soigner l'urétrite, met en garde le Dr. Delamare. Il faut absolument éviter l'automédication et consulter son médecin."
Merci au Dr. Georges Delamare, médecin généraliste, pour ses précisions.