Dermatite atopique : photo, cause, quels traitements ?
La dermatite (ou eczéma) atopique est une maladie fréquente chez l'enfant. On la retrouve chez certains adultes, notamment les femmes. Elle se caractérise par une sécheresse de la peau, des rougeurs et démangeaisons.
La dermatite atopique, aussi appelée eczéma atopique, est une des maladies les plus fréquentes de l'enfant qui peut apparaître dès les premiers mois de la vie. Elle concerne également les adultes. Parmi les symptômes, on retrouve des sècheresses et démangeaisons cutanées. Comment reconnaître une dermatite atopique ? Comment la soigner ? Infos, photos, crèmes et traitements.
Définition : c'est quoi une dermatite atopique ?
La dermatite atopique, aussi appelée eczéma atopique est une "maladie inflammatoire chronique de la peau qui devient rouge, et qui gratte chez des individus qui sont prédisposés à faire ces manifestations sous forme d'un eczéma auquel peuvent s'associer d'autres maladies : asthme, rhinite allergique…" définit le Pr Julien Seneschal, professeur de Dermatologie dans le service de Dermatologie de l'Adulte et de l'Enfant au CHU de Bordeaux.
A quel âge est-on à risque de dermatite atopique ?
► La dermatite atopique débute le plus souvent vers l'âge de 3 mois, mais peut également s'observer dès les premiers jours de la vie. Chez le nourrisson, "les lésions cutanées touchent essentiellement le visage (joues) et les zones de convexité (coude, genou)" précise le dermatologue. Il arrive parfois que la quasi-totalité de la peau du corps de certains bébés soient touchée.
► Lorsque l'enfant grandit, la dermatite atopique se localise généralement au niveau des plis (coudes, poignets et arrière des genoux). Les lésions se manifestent également sur les mains, le visage et les paupières. Lorsque l'enfant grandit et devient adolescent, il n'est pas rare que les symptômes s'améliorent avec des poussées moins fréquentes; voire disparaissent chez certains. "On estime que 10% des enfants sont touchés par la dermatite atopique" indique le Pr Julien Seneschal.
► A l'adolescence, il est possible de voir réapparaître des poussées d'eczéma en raison de l'état psychologique occasionné par cette période de la vie.
Photos de dermatite atopique
Peut-on avoir une dermatite atopique adulte ?
La dermatite atopique disparaît la plupart du temps avant l'âge de 5 ans, mais "10% des enfants avec une dermatite atopique vont garder ou réactiver une dermatite atopique à l'âge adulte, indique le dermatologue. 4,5% de la population adulte a une dermatite atopique, avec une majorité de femmes (60% des cas)." A l'âge adulte, les lésions touchent surtout le visage et les plis des coudes ou des genoux.
Quels sont les symptômes d'une dermatite atopique ?
La dermatite atopique évolue sous la forme de poussées entrecoupées de phases de rémission et d'accalmie. Une poussée de dermatite atopique débute très souvent avec l'apparition :
- de rougeurs de la peau : l'érythème
- des démangeaisons qui peuvent être importantes et perturber le sommeil et la qualité de vie des patients,
- d'une sécheresse de la peau, appelée xérose.
- Ensuite, des petites surélévations apparaissent donnant une sensation de rugosité à la peau.
- Elles évoluent sous la forme de vésicules, ressemblant à des petites bulles de liquide. Celles-ci se rompent et libèrent un liquide translucide provoquant un suintement.
- Une formation de croûtes s'effectue sur les vésicules rompues.
Quelle est la cause de la dermatite atopique ?
Les causes sont multiples. "De très nombreux facteurs peuvent entrer en compte pour prédisposer quelqu'un à la dermatite atopique dont une prédisposition génétique (avoir un parent ou un membre de sa famille qui a cette maladie ou une maladie associée) à avoir une peau plus fragile et plus perméable à des allergènes. Cette prédisposition génétique est associée à des éléments du système immunitaire qui vont s'activer de manière trop importante. Des facteurs environnementaux vont participer à l'émergence de la maladie (contact avec des allergènes, climat hivernal qui favorise l'assèchement de la peau, vie en milieu urbain...)", informe le Pr Julien Seneschal.
► Les personnes ayant un parent proche souffrant d'un eczéma atopique ou de maladies associées comme l'asthme, la rhinite allergique ou des allergies alimentaires) sont plus à risque de faire une dermatite atopique. Ceci est en lien avec une prédisposition génétique (les gènes étant présents au niveau des chromosomes). Par ailleurs, certains facteurs de l'environnement comme un climat sec ou le fait de vivre dans les villes sont également des facteurs de risque de développer la maladie.
Est-ce que le soleil aggrave la dermatite atopique ?
L'exposition aux rayonnements ultraviolets du soleil a plutôt tendance à améliorer une dermatite atopique, mais à certaines conditions seulement :
- une exposition courte, avant 12h ou après 16h,
- en maillot,
- et s'il y a du vent.
En revanche, les infrarouges du soleil qui chauffent la peau peuvent aggraver un eczéma à cause de la production de sueur. Les enfants et adultes ayant une dermatite atopique doivent ainsi respecter quelques consignes :
- Appliquer un lait ou une crème émolliente.
- Porter des vêtements aérés en coton ou en lin pour laisser la peau respirer.
- Prendre une douche après l'exposition au soleil.
- Se protéger avec une crème solaire indice 50, sans parfum sans conservateurs, sans nanoparticules, particulièrement si on a une peau à tendance atopique.
Un asthme, une urticaire ou une rhinite chronique renforcent la nécessité d'effectuer un bilan allergologique
Comment reconnaître une dermatite atopique ?
"Le diagnostic de la dermatite atopique est principalement clinique : il repose sur un aspect clinique des lésions et la prise en compte des antécédents familiaux, indique le Pr Julien Seneschal. Des scores objectifs (évaluation par le médecin comme les scores SCORAD, EASI ou IGA par exemple) ou subjectifs (questionnaires remis aux patients) peuvent être utilisés pour évaluer la sévérité de la maladie et l'impact sur le quotidien". Les examens complémentaires ne sont pas nécessaires pour effectuer un diagnostic. Le bilan allergologique est fait lorsqu'il y a des arguments que la maladie peut être aggravée par un facteur de l'environnement. La présence d'un asthme, d'une urticaire ou d'une rhinite chronique renforce la nécessité d'effectuer un bilan allergologique.
Comment soigner une dermatite atopique ?
Le traitement de la dermatite atopique repose sur "un traitement des poussées et un traitement de maintien sur le long terme pour éviter les récidives, informe le Pr Julien Seneschal. Le traitement de la dermatite atopique, maladie chronique, demande une collaboration étroite entre patient et médecin." Les poussées de dermatite atopique sont traitées avec des anti-inflammatoires. "Les traitements de première intention sont des dermocortocoïdes locaux. Il peut falloir des doses importantes de dermocortocoïdes au début du traitement pour calmer l'inflammation. Ensuite nous réduisons les doses pour arriver à des doses moyennes sans effets secondaires", souligne notre interlocuteur. En général, le traitement passe de quotidien à hebdomadaire ou bi-hebdomadaire.
Évitez l'usage de corticoïdes sur le visage !
"Pour les adultes ayant des lésions sur le visage, il peut être prescrit un inhibiteur de la calcineurine (tacrolipus topique) car il faut éviter l'usage de corticoïdes sur le visage. Les anti-histaminiques sont rarement utiles et efficaces car ce n'est pas un traitement qui répond au mécanisme à l'origine du grattage", informe-t-il. "Lorsque les traitements dermocortocoïdes ne suffisent pas à calmer l'inflammation ou lorsque les poussées sont trop fréquentes, des traitements par voie générale (voie sous-cutanée ou orale) peuvent être proposés aux patients : la ciclosporine qui a une AMM pour la dermatite atopique et le méthotrexate qui ne dispose pas d'une AMM pour la dermatite atopique mais dont un certain nombre d'études ont montré un bénéfice pour les patients ainsi qu'une nouvelle molécule disponible depuis début 2019, le Dupilumab, un anticorps monoclonal (biothérapie) par voie injectable", indique le dermatologue. A savoir que de nombreuses molécules sont en voie de développement, selon le Pr Seneschal. Outre les médicaments, la prise d'une dermatique atopique passe par une bonne hydratation : boire suffisamment d'eau au quotidien et hydrater la peau tous les jours.
Quelle crème pour une dermatite atopique ?
L'application quotidienne (matin et soir) de crèmes hydratantes neutres sans parfum, ni conservateur (les émollients) fait partie intégrante du traitement. Il est conseillé d'appliquer son soin émollient sur une peau humide après la douche. Cela facilite l'application et surtout facilite la rétention dans l'épiderme de l'eau qui a pu pénétrer durant la toilette. Le traitement de maintien consiste en l'application d'émollients qui ont pour but de restaurer la barrière cutanée. "L'émollient crée un film protecteur sur la peau et la protège de l'environnement" explique le dermatologue. Ce traitement doit être quotidien.
► L'utilisation d'huiles essentielles est déconseillée chez une personne ayant une dermatite atopique en raison du risque d'allergie.
Quelles sont les complications de la dermatite atopique ?
Les complications les plus fréquentes de la dermatite atopique concernent les surinfections de la peau : en effet, les lésions provoquées par la dermatite atopique peuvent être colonisées par le staphylocoque doré ou le virus de l'herpès.
- Si elles sont infectées par le staphylocoque doré, les lésions deviennent pustuleuses et les croûtes jaunâtres. Un traitement antibiotique doit être rapidement prescrit.
- Si elles sont infectées par le virus de l'herpès, il peut y avoir une apparition d'une fièvre, une modification rapide de l'aspect des lésions et une altération de l'état général. Il est urgent de consulter un médecin afin de mettre en œuvre un traitement antiviral.
Un retard de croissance peut être observé dans les dermatites atopiques sévères. Le retard de croissance se rétablit lorsque le traitement de la dermatite permet une amélioration des lésions. La dermatite atopique peut entraîner des troubles du sommeil (réveil nocturne, irritabilité, pleurs...). En revanche, les complications ophtalmologiques de la dermatite atopique, comme la kératoconjonctivite et la cataracte sont rarement observées.
Comment prévenir la dermatite ?
La prévention primaire de la dermatite atopique n'est pas possible aujourd'hui. "Devant les résultats prometteurs d'une première étude avec un faible nombre de patients ayant suggéré que l'utilisation d'émollients dès la naissance chez des nourrissons à risque permettaient de prévenir l'apparition de la dermatite atopique, deux études internationales récentes n'ont malheureusement pas confirmé ces premiers résultats", informe le Pr Julien Seneschal. En revanche, les émollients permettent en prévention secondaire les poussées. Toutefois, des mesures simples permettent d'éviter ou de ne pas aggraver les poussées inflammatoires de la dermatite atopique :
► Ne pas chauffer la chambre au-delà de 19 degrés, aérer en hiver et en été
► Respecter les mesures anti acariens
► Eviter de fumer
► Préférer les vêtements en coton car ils sont moins irritants
► Eviter de porter des tissus synthétiques et la laine
► Se laver les cheveux avec des shampooings dermatologiques doux
► Utiliser des produits sans savon
► Bien se couper les ongles pour éviter les lésions survenant lors du grattage
► Bien se rincer après un bain de mer car le sel irrite la peau
► Eviter les bains en piscine lors de poussées car le chlore est un irritant, en dehors des poussées, bien se rincer sous une douche après la baignade et appliquer un émollient sur le corps.
Merci au Pr Julien Seneschal, professeur de Dermatologie dans le service de Dermatologie de l'Adulte et de l'Enfant au CHU de Bordeaux.