C'est quoi un AVC ? Causes, symptômes, que faire ?
L'accident vasculaire cérébral (AVC) est soudain, imprévisible et frappe un Français toutes les 4 minutes. Il survient soit à cause d'un caillot soit à cause de la rupture d'une artère du cerveau. Causes, stress, symptômes, conséquences graves, prise en charge : tout savoir sur l'AVC.
L'AVC qui désigne l'accident vasculaire cérébral est une course contre la montre où chaque minute compte. "Chaque minute gagnée, c'est 2 millions de neurones sauvés et des semaines en moins de rééducation pour le patient qui pourra retrouver plus vite ses proches et sa vie antérieure" alerte d'emblée le Professeur Igor Sibon, Président de la SFNV et Chef du département de Neurologie - CHU de Bordeaux. Pourtant des inégalités existent dans la prise en charge de cette urgence médicale.
Qu'est-ce qu'un AVC ?
Un accident vasculaire cérébral est provoqué par l'obturation d'un vaisseau sanguin dans le cerveau à cause d'un caillot de sang (80% des cas) ou par la rupture d'un vaisseau sanguin à l'intérieur du cerveau entraînant une hémorragie (20% des cas). Les conséquences peuvent être dramatiques avec un défaut d'apport d'oxygène et glucose aux cellules du cerveau, pouvant aboutir à leur destruction, source de séquelles neurologiques.
Qu'est-ce qui cause un AVC ?
On estime aujourd'hui que le risque d'AVC peut être réduit de 90% au travers du contrôle de ces facteurs de risque :
- hypertension artérielle,
- diabète,
- dyslipidémie,
- obésité,
- consommation de tabac
- alcool,
- alimentation et sédentarité.
- arythmie cardiaque par fibrillation atriale
"Parmi tous les facteurs de risque de l'AVC, c'est clairement l'hypertension qui domine les autres", expose le Pr Mathieu Zuber, neurologue. Il est donc indispensable de surveiller sa tension artérielle régulièrement chez son médecin ou son pharmacien, de faire attention à ne pas trop saler son alimentation car le sel augmente la tension artérielle et limiter l'alcool qui élève aussi la tension. Les fumeurs ont deux fois plus de risque d'AVC que les non-fumeurs, le tabagisme étant associé à plus d'1 AVC sur 4. Un fumeur, quel que soit le nombre de cigarettes fumées, doit tout mettre en œuvre pour arrêter de fumer. Chez les femmes en particulier, il faut éviter la triade explosive "pilule, migraine, tabac", rappelle le Pr Zuber. La fibrillation atriale, FA, est un trouble du rythme cardiaque le plus fréquent, et est lié à un risque 5 fois supérieur de faire un AVC.
La consommation de drogue peut-elle entraîner des AVC ?
"Oui, la survenue d'un AVC est clairement associée à la consommation de cocaine, il y a un effet toxique direct du produit qui est un vasocontricteur très puissant et entraine notamment une occlusion des vaisseaux à direction du cerveau" a expliqué le Pr Bruno Megarbane sur le plateau de BFM-TV le 26 février suite à l'AVC de Pierre palmade. "La consommation répétée de cocaine favorise à distance un état inflamatoire chronique qui explique la survenue de tels AVC" a-t-il ajouté. Sans oublier "le contexte qui joue pour expliquer l'AVC comme ici (pour l'humoriste, ndlr) un stress extrêmement important". Parmi les drogues les plus fréquemment impliquées dans les AVC : les psychostimulants comme la cocaïne et les amphetamines. Selon un travail présenté à l'International Stroke Conference (San Diego, Californie) en 2016, la consommation de cocaïne multiplie par sept le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique dans les 24 heures suivant la prise. Les AVC associés à la consommation de ces drogues sont le plus souvent des AVC ischémiques et hémorragiques (80%), expliquait le Dr Anne-Evelyne Vallet en 2014.
Qu'est-ce qu'un AVC ischémique ?
L'accident vasculaire ischémique, ou infarctus cérébral, représente plus de 80 % des accidents vasculaires cérébraux. Un AVC ischémique est provoqué par l'interruption de la circulation sanguine cérébrale dans le cerveau par un caillot. Soit le caillot se forme localement dans le cerveau, soit il provient d'une artère plus éloignée. Dans ce second cas, le caillot se détache d'une plaque d'athérome, c'est-à-dire d'une couche de graisse qui s'accumule sur la paroi d'une artère. Le caillot peut provenir d'une artère du cou ou se former dans un recoin d'une cavité du cœur dans le cas d'une pathologie cardiaque.
Qu'est-ce qu'un AVC hémorragique ?
L'accident vasculaire cérébral hémorragique, aux conséquences plus sévères, concerne 20 % des accidents vasculaires. Un accident vasculaire hémorragique est provoqué par un saignement à l'intérieur du cerveau, inondant le cerveau. "Il peut être lié à une rupture d'anévrisme, qui correspond à une dilatation d'une artère", explique le Dr Bertrand Lapergue, chef du service de neurologie de l'Hôpital Foch (Suresnes). La rupture d'anévrisme est responsable de 50 % des AVC entraînant la mort chez les personnes jeunes (de moins de 45 ans). Une malformation des vaisseaux sanguins du cerveau présente le plus souvent dès la naissance, augmente les risques d'AVC hémorragique. L'hypertension artérielle ou un traumatisme peut provoquer un saignement dans le cerveau.
Qu'est-ce qu'un AIT ?
Quelques jours, quelques heures, voire quelques minutes avant un AVC, des symptômes peuvent apparaître de façon transitoire. On les appelle des accidents ischémiques transitoires ou AIT.
A quel âge survient l'AVC ?
L'âge moyen de survenue d'un AVC est 74 ans (quelque soit le sexe) mais près de 25% des AVC surviennent avant 65 ans et le taux de patients "jeunes" hospitalisés pour un AVC croit chaque année avec des augmentations importantes entre 35 et 64 ans. Chez les moins de 18 ans, l'AVC reste rare, moins de 1%.
2 patients sur 3 présentent des séquelles après un AVC
Symptômes d'AVC
- Une paralysie, une faiblesse ou un engourdissement d'une partie ou de la moitié du corps
- Une déformation de la bouche,
- Des difficultés à parler
- Une perte de la vision d'un œil
- Des troubles de l'équilibre, de la coordination ou de la marche
- Un mal de tête très fort inhabituel
Ce sont les symptômes les plus fréquents, mais il en existe d'autres. Contrairement à l'infarctus du myocarde qui se caractérise par une douleur dans la poitrine bien spécifique, l'AVC peut en effet se manifester différemment, selon la région du cerveau qui souffre.
Que faire en cas d'AVC ?
Le premier réflexe à avoir c'est d'appeler le Samu au 15. "Chaque minute gagnée, c'est 2 millions de neurones sauvés et des semaines en moins de rééducation pour le patient qui pourra retrouver plus vite ses proches et sa vie antérieure" explique le Professeur Igor Sibon, Président de la SFNV et Chef du département de Neurologie - CHU de Bordeaux. Le Samu travaille en réseau avec les unités neuro-vasculaires (UNV), c'est-à-dire des services spécialisés dans la prise en charge des patients victimes d'AVC.
- Il ne faut, ni se déplacer soi-même,
- ni appeler son médecin généraliste : c'est une perte de temps.
- En attendant les secours, la personne doit rester allongée, avec la tête relevée, au calme.
- Il faut veiller aussi à ne pas lui donner à boire ou à manger en raison du risque de fausse route.
Un transfert rapide du patient, dans un délai le plus court possible, vers un établissement hospitalier disposant d'une UNV permet une confirmation de l'accident vasculaire cérébral grâce à l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et/ou un Scanner et de débuter le traitement le plus précoce possible.
Comment diagnostiquer un AVC ?
En présence d'une suspicion d'AVC, un examen d'imagerie cérébrale, scanner ou IRM, doit être mis. "Aucun symptôme ne peuvent différencier la forme hémorragique de la forme ischémique, d'où l'importance de la réalisation en urgence de cette imagerie", alerte le spécialiste.
Quelles sont les conséquences d'un AVC ?
L'accident vasculaire crée un barrage au niveau d'une artère.
► Le sang ne passe plus et l'artère ne peut plus irriguer correctement le cerveau afin de lui apporter les éléments nécessaires à son fonctionnement, comme l'oxygène ou le sucre.
► La zone se mortifie, c'est-à-dire que les cellules de la zone concernée meurent progressivement.
En France, environ 2 patients sur 3 présentent des séquelles après un AVC. La gravité des troubles varie selon les cas. Les séquelles les plus fréquentes sont :
- les troubles de l'équilibre
- des troubles de la parole
- les troubles de la mémoire
- des dépressions
Qu'est-ce que la rééducation après l'AVC ?
Pour récupérer un maximum d'autonomie, la rééducation peut être débutée dès que possible en hospitalisation et se poursuit à domicile ou au sein d'un centre spécialisé. La rééducation a pour objectifs d'éviter les complications et de récupérer au maximum les fonctions essentielles comme la marche, l'usage des membres supérieurs et le langage. Plusieurs séances par semaine voire quotidiennes sont nécessaires. La phase de rééducation permet également de réapprendre les gestes du quotidien : toilette, préparation des repas, conduite, etc. Les spécialistes impliqués dans la phase de rééducation sont, selon l'état de santé du patient, un kinésithérapeute, un ergothérapeute, et un orthophoniste.
• L'ergothérapeute a un rôle prédominant pour aider le malade à retrouver une autonomie. Pour les activités du quotidien (habillage, préparation des repas, démarches administratives), il propose des manières de faire, des aides techniques et aménagements du domicile (fauteuil roulant, barres d'appui sur les murs, sièges de baignoire) et des soins à domicile (pour le ménage, les repas). Pour retrouver une vie sociale, l'ergothérapeute apporte des solutions pour mieux accepter le regard des autres, surmonter les difficultés de communication, pour se déplacer et s'orienter à l'extérieur, etc.
• Le kinésithérapeute aide à retrouver une motricité par différents exercices (renforcement des muscles, amélioration de la circulation du sang, exercice physique...) ou à stabiliser les positions (assise, debout). Et aussi à retrouver l'usage du membre atteint : utiliser la main atteinte pour des petits gestes, développer le toucher, etc.
• L'orthophoniste. Lorsque c'est la partie gauche du cerveau qui est touchée par l'AVC, les séquelles concernent généralement les troubles du langage (aphasie). Concrètement, le malade éprouve des difficultés pour construire des phrases, exposer sa pensée, prononcer les mots et aussi comprendre. Le travail de l'orthophoniste consiste à rééduquer parallèlement le langage écrit et le langage oral. Lorsque c'est la partie droite qui est en cause, le malade perd la conscience de son côté gauche. En fait son cerveau ne fait plus les connexions. Ainsi, il se cogne souvent, il cherche les objets placés à sa gauche, son champ visuel occulte le côté gauche, etc. L'orthophoniste va l'aider, petit à petit et sur une longue période, à réduire ses troubles de lecture, à écrire, à mieux s'orienter par exemple.
Contrairement à l'infarctus où les soins peuvent commencer avant d'arriver à l'hôpital, l'AVC nécessite de confirmer le diagnostic et d'en déterminer la cause grâce à l'imagerie médicale. Et ce AVANT de commencer le traitement. |
---|
Quels sont les traitements pour soigner un AVC ?
Dans le traitement d'un AVC, il faut rétablir aussi vite que possible le flux sanguin pour limiter les séquelles sur le cerveau.
► Un médicament thrombolytique est administré par perfusion pour dissoudre le(s) caillot(s) qui obstrue(nt) l'artère cérébrale. Ce traitement permet de rétablir la circulation sanguine et l'apport en oxygène du cerveau.
► Des médicaments antiagrégants plaquettaires ou anticoagulants sont prescrits pour prévenir la formation de nouveaux caillots et la survenue de complications.
► D'autres médicaments peuvent être prescrits après identification de la cause de l'AVC : traitement du diabète, de l'hypertension, ou d'un excès de cholestérol. "Grâce à une prise en charge précoce permettant l'administration d'un traitement de reperfusion (thrombolyse ou thrombectomie), c'est aujourd'hui 1 malade sur 2 qui est complétement guéri."
Qu'est-ce que la thrombectomie ?
La thrombectomie peut être envisagée si une grosse artère est obstruée. Elle consiste à extraire le caillot au moyen d'un filet miniature (stent) sans ouvrir le cerveau en passant le matériel par les artères depuis l'aine. La thrombectomie peut être pratiquée jusqu'à 24 heures après l'apparition des premiers symptômes, en fonction des données de l'imagerie cérébrale et peut être employée comme alternative en cas de contre-indication à la thrombolyse.
Merci au Dr Bertrand Lapergue, chef du service de neurologie de l'Hôpital Foch (Suresnes). Source : AVC : chaque minute compte Des traitements qui sauvent à condition d'agir vite dès les premiers symptômes ! Communiqué de presse SFNV 29 octobre 2022