Perfusion : technique, intraveineuse, sous-cutanée, durée
Cet acte technique médical permet d'injecter dans l'organisme du patient un produit comme un liquide d'hydratation, d'alimentation, un médicament ou tout produit dérivé du sang. Pour qui ? Quelles indications ? Est-ce douloureux ? Les explications de Pauline Dubar, Infirmière, responsable de projets et porte-paroles de l'association SPS.
Définition : c'est quoi une perfusion ?
Une perfusion est une injection longue et progressive d'un liquide dans l'organisme. "Un cathéter, sorte de tuyau souple, est introduit dans une veine périphérique (voie veineuse périphérique : main, coude…), ou parfois une grosse veine pour permettre la diffusion de plus gros débit (voie veineuse centrale : cou, aine), posée en cas de traitement long ou spécifique. Dans le cas d'injection de chimiothérapie, une chambre implantable peut être installée sous anesthésie pour protéger les veines du patient", explique Pauline Dubar.
Une perfusion permet une injection rapide dans l'organisme, différents produits peuvent être administrés en intraveineuse pour traiter un symptôme ou diagnostiquer une maladie. "La perfusion sanguine ou transfusion sanguine (si le liquide d'injection est du sang) est administrée en cas d'anémie (diminution de la quantité d'hémoglobine dans le sang)," précise Pauline Dubar. "D'autres produits dérivés du sang peuvent aussi venir combler un déficit de cellules (plaquettes sanguines par exemple) administrés également sous forme de transfusion (plasma, plaquettes…). En cas d'hémorragie ou d'une chute de la pression artérielle, d'autres médicaments peuvent être injectés comme des solutions composées de molécules ou de médicaments appelés " drogues vasoactives " (administrées sous forme de perfusion lente et contrôlées grâce à des pompes électriques) permettant ainsi de faire remonter une pression artérielle trop basse. Enfin, d'autres médicaments injectables (solutés, vitamines, antidouleurs, antibiotiques…) peuvent être administrés soit en injection directe, soit en injection lente via un pochon soit en injection lente contrôlée par une pompe électrique, appelée dans ce cas perfusion médicamenteuse ou d'hydratation".
Perfusion intraveineuse
C'est la manière la plus fréquente de poser une perfusion. Le produit est directement injecté dans une veine, donc dans la circulation sanguine.
Perfusion sous-cutanée
La perfusion sous cutanée peut être utilisée lorsque les veines ne sont plus exploitables. Cela peut notamment arriver chez les personnes âgées ou chez des patients ayant subi de lourds traitements intraveineux. Dès lors l'infirmier insère le cathéter ou l'aiguille sous la peau, le plus souvent pour administrer des solutions d'hydratation.
Comment poser une perfusion ?
Pour la pose dans une veine périphérique, le patient est installé sur une table d'examen, un fauteuil ou un lit d'hôpital. Un patch ou une crème anesthésiante peut être posé en amont. "L'infirmier ou le médecin place un garrot afin d'identifier la veine dans laquelle le cathéter sera posé. Il pique avec le dispositif composé du cathéter et de l'aiguille puis retire l'aiguille, ne laissant que le " tuyau " dans la veine. Un pansement est réalisé et refait en fonction des protocoles d'hygiène en vigueur", explique l'infirmière.
Pour des traitements ou une hospitalisation longue, la voie veineuse centrale sera privilégiée, la pose sera réalisée stérilement et une anesthésie locale pourra être proposée au patient. Le pochon ou la seringue sera branché au cathéter via une tubulure pour permettre de conduire le produit jusqu'à l'organisme du patient.
Matériel : à quoi sert le cathéter ?
Il s'agit d'un petit tuyau fin, en plastique souple, doté d'une très fine aiguille à placer dans la veine. Une perfusion se compose également d'une poche contenant le liquide à faire passer et d'une tubulure qui conduit le liquide jusqu'au cathéter.
Dans quelles indications ?
Le corps médical procède à une perfusion lorsque le patient n'est pas en état de prendre son traitement par voie orale ou lorsque l'on recherche une efficacité plus rapide dans le cadre de certaines infections potentiellement graves.
Pour accoucher
Dans le cadre d'un accouchement, la pose d'un cathéter est réalisée afin de sécuriser la maman au cas où un problème surgirait. "Il peut aussi servir à injecter des médicaments déclenchant ou favorisant le travail de l'utérus (ocytocine). Ce médicament est très bien toléré par la future maman et le bébé", précise l'experte.
En fin de vie
Lors d'une fin de vie, un patient pourra se voir proposer une perfusion de confort afin de lui apporter des médicaments pour soulager la douleur physique (antalgique) et morale (sédatif, anxiolytique), une solution de glucose ou salée permet de garantir le bon fonctionnement du cathéter (rinçage régulier).
Quand on manque de fer
Si l'anémie est importante au point que la perte sanguine et de fer est supérieure à la capacité d'absorption de fer par le tube digestif, si le traitement par voie orale n'a pas suffit à la corriger ou s'il existe une maladie inflammatoire intestinale (maladie de Crohn ou rectolite hémorragique), il est possible de procéder à une perfusion de fer ou, dans de rares cas, à une transfusion sanguine.
Pendant combien de temps laisser une perfusion ?
"La perfusion est posée à minima pour une seule perfusion environ 30 minutes, mais elle peut ensuite durer plusieurs heures voire plusieurs jours ou semaines, selon la durée du traitement", indique Pauline Dubar.
Un cathéter posé sur une voie périphérique est à changer toutes les 72 heures.
Est-ce que ça fait mal ?
"La mise en place d'une perfusion sur une voie périphérique est peu douloureuse : tout dépend de votre sensibilité et de votre capital veineux", signale Pauline Dubar. "Une voie centrale sera réalisée sous anesthésie locale voire parfois générale". L'injection de la perfusion, ne doit pas faire mal : si elle devient douloureuse, que la zone devient rouge ou gonflée, faites appel au personnel soignant rapidement.
Quels sont les risques de complications ?
"Les complications possibles d'une perfusion sont principalement des inflammations (rougeurs provoquées par le matériel lui-même), des infections locales ou systémiques (dans l'ensemble de l'organisme). Les infections sont limitées par des mesures strictes d'hygiène des professionnels de la santé et du patient lui-même", remarque l'infirmière.
Les embolies gazeuses (bulles d'air) sont des accidents peu fréquents dû à une mauvaise installation du matériel ou retiré dans de mauvaises conditions (surtout sur les voies veineuses centrales).
Merci à Pauline Dubar, Infirmière, responsable de projets et porte-paroles de l'association Soins aux Professionnels de la Santé www.asso-spf.fr