Temps de saignement : définition, norme, calcul, allongé
Le temps de saignement était calculé pour diagnostiquer un trouble de la coagulation ou une hémophilie. Aujourd'hui, cette technique n'est plus pratiquée en France, pour des raisons décrites par la HAS. Quelles étaient les indications ? Les normes ? Par quelle analyse est-il remplacé ?
Définition : à quoi correspond l'analyse du temps de saignement ?
D'après la définition du rapport de Haute autorité de Santé (HAS) publié en 2011, le temps de saignement était un test qui explorait l'hémostase primaire in vivo. Il permettait de vérifier la coagulation du sang après une légère ponction ou incision cutanée (lobe de l'oreille, intérieur de l'avant-bras) en chronométrant le temps entre la blessure et l'arrêt du saignement. Cette mesure, décrite pour la première fois par Milian en 1901, n'est plus utilisée depuis plus d'une dizaine d'années en France.
Pourquoi calculait-on le temps de saignement ?
Calculer le temps de saignement était une technique qui permettait "de vérifier si un patient était atteint d'un trouble de la coagulation", précise Denis-Jean David, docteur en sciences, adjoint au chef de service évaluation des actes professionnels de la HAS. Cette technique était notamment utilisée dans un cadre hospitalier, avant une opération chirurgicale, pour s'assurer qu'il n'y avait pas de pathologie ou de risque hémorragique.
Quelles méthodes pour le calculer ?
Il existe plusieurs méthodes pour calculer le temps de saignement :
La première, la technique de Duke : une incision horizontale de quelques millimètres était effectuée sur le lobe de l'oreille à l'aide d'un vaccinostyle. A l'apparition d'une goutte de sang, le professionnel de santé chronométrait le temps d'écoulement du sang avant l'arrêt du saignement.
La deuxième, la technique d'Ivy-incision ou à 3 points : le brassard d'un tensiomètre était placé sur le bras du patient puis, sous une pression de 40 mm de Hg, une incision de 5 à 8 mm était pratiquée à l'horizontale sur la partie de l'avant-bras où la peau est la plus fine. A la place de l'incision, il était possible d'effectuer trois points de piqûre à l'aide d'une aiguille appelée "microlance". Un chronomètre était également déclenché après le geste jusqu'à l'arrêt du saignement.
Quelles sont les valeurs normales ?
- Épreuve de Duke : 2 à 5 min.
- Test d'Ivy-3 points : 2 à 5 min.
- Test d'Ivy-incision : 4 à 8 min.
Temps de saignement allongé : le signe de quoi ?
"Un temps de saignement allongé pouvait être le signe d'un trouble de la coagulation comme l'hémophilie ou bien la maladie de Willebrand", précise le Dr Denis-Jean David. Un temps de saignement allongé, et donc un problème de coagulation, pouvait mettre le praticien sur la piste d'un taux de plaquettes trop bas. Pour rappel, les plaquettes sont de petits composants présents dans le sang qui s'agrègent lors d'une coupure et permettent à celle-ci d'être colmatée.
Pourquoi ne l'utilise-t-on plus aujourd'hui ?
Le temps de saignement pouvait être faussé par la prise d'un médicament comme l'aspirine
Pour plusieurs raisons. Dans son rapport de 2011, la HAS observait déjà un recul de la pratique dès 2006 et concluait à un manque de pertinence de celle-ci. A la suite de ce rapport, l'acte n'a d'ailleurs plus été remboursé et a été considéré comme obsolète par la HAS "à cause d'une mauvaise reproductibilité : lorsqu'il était pratiqué à plusieurs reprises sur la même personne, il pouvait ne pas donner le même résultat". Le résultat n'était également pas fiable car "un temps de saignement normal n'excluait pas la présence d'une pathologie, et a contrario, un temps de saignement anormal de signifiait pas que le patient présentait un trouble de la coagulation". Par ailleurs, la valeur du temps de saignement pouvait être faussée par la prise d'un médicament comme l'aspirine qui a la réputation de fluidifier le sang. En plus d'un résultat approximatif, l'examen était invasif et pouvait laisser de petites cicatrices.
Par quoi a-t-il été remplacé ?
Selon le contexte, plusieurs examens remplacent désormais le calcul du temps de saignement comme par exemple la numération des plaquettes et le dosage du fibrinogène, réalisés par une simple prise de sang. "En amont, un interrogatoire est important pour connaître les antécédents familiaux et suspecter un trouble de la coagulation", assure le Dr Denis-Jean David.
Merci au Dr Denis-Jean David, docteur en sciences, adjoint au chef de service évaluation des actes professionnels de la HAS.