Immunoglobuline M - IgM : basse, élevée, causes, que faire ?
Les immunoglobulines M (IgM) ont un rôle de reconnaissance des antigènes, principalement en cas d'attaque virale ou bactérienne. Certains cancers et pathologies du système immunitaire sont caractérisés par une absence d'immunoglobulines M. Le Professeur Patrice Faure, médecin biologiste-biochimie, nous en dit plus.
Définition : qu'est-ce qu'une immunoglobuline M ?
Les IgM, également appelées immunoglobulines M, sont des anticorps qui font partie du système immunitaire et possédant le plus important poids moléculaire (masse). "Ils font partie de la catégorie des macroglobulines que l'on trouve au sein du plasma sanguin", précise le Professeur Faure, médecin biologiste-biochimie. Les IgM sont produites au niveau de la moëlle osseuse et du thymus. On en trouve également dans la rate, les ganglions lymphatiques et les amygdales. "Les immunoglobulines M vont permettre de lutter contre les antigènes ne nous appartenant pas et considérés par l'organisme comme des agressions (c'est le cas des bactéries, des virus ou parfois des parasites), dès le système immunitaire détecte leur présence", poursuit le spécialiste. Un taux anormalement élevé d'IgM est constaté lorsque l'organisme subit une infection. Les valeurs de référence chez l'adulte et l'adolescent de race caucasienne, établies sur la base de l'utilisation du CRM 470, sont de 0,4 à 2,3 g/l. Le taux d'IgM est bas à la naissance (0,05 à 0,30 g/l) puis augmente progressivement (à 3 mois : 0,15 à 1 g/l) pour atteindre les valeurs "adultes" à 9 mois environ. Le dosage se fait par prise de sang.
Quel est son rôle ?
Les IgM (immunoglobulines M) constituent la première réponse du système immunitaire face à un antigène "étranger". Elles sont produites pendant l'exposition initiale à l'antigène et augmentent pendant plusieurs semaines, puis diminuent à mesure que la production d'IgG commence. Une immunoglobuline a pour fonction de se fixer sur l'agresseur à la fois pour l'immobiliser grâce à sa structure lourde, et pour en prendre une sorte d'empreinte. L'agresseur une fois immobilisé et quel que soit sa nature (molécule, microbe, ou parasite) prend alors le nom d'antigène. "L'immunoglobuline va alors prendre le nom d'anticorps et stimuler secondairement d'autres éléments du système immunitaire comme les plasmocytes pour neutraliser l'agresseur", ajoute notre interlocuteur. Les IgG garderont en mémoire cette empreinte antigénique de l'agresseur et seront immédiatement disponibles en cas de nouvelle agression.
IgM basse : pourquoi, que faire en cas de déficit ?
"Un déficit d'IgM est une pathologie rare, le plus souvent secondaire à des difficultés de production de tous les types d'immunoglobulines (complications du diabète, insuffisance rénale, prise d'immunosuppresseurs…) ou à des pertes de protéines via les reins, les intestins ou la peau", confirme le Professeur. Il peut être également lié à des causes génétiques affectant la production d'une ou de toutes les classes d'anticorps. "En cas de déficit il faut absolument protéger le patient de toute exposition à des infections, cette protection dépendant du taux résiduel d'IgM."
IgM élevée : causes, que faire en cas d'augmentation ?
"Des augmentations isolées des immunoglobulines M (monoclonales) peuvent être de signification indéterminée (MGUS) ou associées à une maladie de Waldenström due à une production anormale d'IgM par une lignée de lymphocytes, un lymphome ou une leucémie lymphoïde chronique, conclut le Professeur." Des taux élevés d'IgM entraînent un épaississement du sang symptomatique surtout par temps froid. Il faut traiter la cause, et parfois par des dialyses diminuer le taux d'igM, pour éviter les thromboses." Un taux élevé d'IgM associé à un taux élevé d'IgG et d'IgA est le signe d'infections aiguës et chroniques, de maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, lupus) ou de cirrhose du foie.
Merci au Professeur Patrice Faure, chef du service de Biochimie, Biologie Moléculaire, Toxicologie Environnementale au CHU Grenoble Alpes.