Pilule qui ne convient plus : quels signes doivent alerter ?
Saignements, migraine, prise de poids, acné intensifiée... Ces effets indésirables peuvent être les signes d'une pilule non adaptée ou trop dosée. Quels symptômes quand sa pilule ne convient plus ? Comment savoir si on doit la changer ? Explications du Dr Juliette Cariou, gynécologue.
La pilule est un mode de contraception efficace qui permet de bloquer l'ovulation et d'empêcher une grossesse. Mais parfois, elle peut être mal adaptée, mal tolérée ou ne plus convenir, à cause du type d'hormone délivrée ou d'une concentration trop élevée. Quels sont les symptômes d'alerte qui indiquent que votre pilule ne vous convient pas ou plus ? Qu'une pilule est trop dosée ? Au bout de combien de temps doit-on s'inquiéter ? Les conseils du Dr Juliette Cariou, gynécologue-obstétricienne à Santé Atlantique (établissement Elsan) à Saint-Herblain, près de Nantes.
Quels sont les symptômes d'alerte d'une pilule mal adaptée ?
Une prise de 3-4 kilos doit alerter et amener à consulter.
► Saignements entre les règles. "Le premier signe d'alerte d'une pilule qui n'est pas ou plus adaptée, ce sont les saignements intermittents (peu abondants) entre les règles, que l'on appelle les métrorragies ou les spotting. Cela peut laisser penser qu'il faut changer de pilule contraceptive, dosée différemment", signale le Dr Cariou.
► Maux de tête. "Les migraines sont également un signal à prendre en compte. Si la patiente se plaint de migraines avec aura, caractérisées par des douleurs à la tête généralement unilatérales et pulsatiles, on l'orientera plutôt vers une pilule micro-progestative (qui ne contient donc pas d'œstrogène)", préconise-t-elle.
► Maux de ventre. "C'est un signe un peu plus difficile à interpréter tant les causes d'un mal de ventre sont variées. Néanmoins, un mal de ventre qui intervient pendant l'ovulation en milieu de cycle peut signifier que la pilule n'est pas assez forte et que les ovaires ne sont pas suffisamment bloqués", décrit notre interlocutrice.
► Prise de poids. "Une prise de poids, souvent due à une augmentation de l'appétit, est fréquente avec les pilules, particulièrement les micro-progestatives. Une prise de 3-4 kilos, notamment associée à de la rétention d'eau, doit alerter et amener à consulter", insiste la gynécologue.
► Acné. "Une acné qui s'intensifie à la prise de la pilule doit alerter. Sachez qu'il existe des pilules qui atténuent les problèmes de peau comme la Triafemi® et la Misolfa®. De manière générale, on orientera la patiente avec un terrain acnéique vers une pilule œstroprogestative", indique le Dr Cariou.
► Douleurs aux jambes. "Il s'agit du signe le plus grave car il peut être évocateur d'une phlébite. La douleur typique d'une phlébite respecte un trajet particulier : allant de la face postérieure/externe du mollet jusqu'au pied. Une patiente qui ressent ce type de douleur doit consulter en urgence afin de faire un échodoppler et arrêter sa pilule contraceptive", alerte notre spécialiste.
"D'autres signes, apparus depuis la prise d'une pilule contraceptive, peuvent également indiquer que votre pilule n'est pas adaptée comme la baisse de la libido, la sécheresse vaginale (muqueuses sèches), la perte de cheveux, des troubles de l'humeur (irritabilité, manque d'enthousiasme...)", liste notre interlocutrice. Pour savoir si ces signes sont attribuables à la pilule, vous pouvez tester d'arrêter deux à trois mois votre pilule (mais en veillant à prendre une autre contraception) et voir si ces symptômes persistent malgré l'arrêt.
Au bout de combien de temps le corps s'habitue-t-il à la pilule ?
Le corps doit s'adapter à la pilule, comme avec tous les traitements. "C'est pour cela que généralement, on dit qu'il faut 3 à 6 mois de recul pour savoir si la pilule est adaptée ou non. Par conséquent, les 3 à 6 premiers mois, on ne va pas s'inquiéter outre mesure car les effets indésirables préalablement évoqués (sauf les douleurs aux jambes qui constituent une urgence) sont fréquents. En revanche, s'ils persistent, il faut consulter et envisager un changement de contraception", prévient le Dr Cariou.
Des douleurs aux seins régulières peuvent être le signe d'une pilule trop dosée.
Pilule pas assez dosée : quel symptôme ?
"Des saignements hors des règles peuvent être le signe d'une pilule pas assez dosée. Il faut le mentionner à son gynécologue afin qu'il puisse vous orienter vers une pilule un peu plus dosée", insiste la gynécologue.
Pilule trop dosée : quel symptôme ?
"Les douleurs aux seins (mastodynies) qui sont régulières et qui interviennent n'importe quand dans le cycle, peuvent être le signe d'une pilule trop dosée. Ces douleurs sont rapidement pesantes et il ne faut pas hésiter à consulter", indique notre spécialiste.
Que faire ?
La pilule œstroprogestative est déconseillée aux femmes de plus de 35 ans qui fument moins de 15 cigarettes par jour
"On ne va pas forcément raisonner en termes de dosage, mais plutôt en termes de catégorie de pilules, qui sont classées en fonction du type d'hormones délivrées. Il y a deux familles de pilules : les pilules œstroprogestatives (qui contiennent des œstrogènes et de la progestérone) et les pilules micro-progestatives (qui ne contiennent que de la progestérone)", détaille la gynécologue. En cas d'effets indésirables, il faut consulter votre médecin prescripteur (gynécologue, sage-femme...) et lui faire part de vos symptômes. Le médecin pourra alors vous orienter vers une pilule progestative si la pilule œstroprogestative ne vous convient pas et inversement. Si les deux familles de pilules ne conviennent pas, on peut se diriger vers un autre type de contraception comme les stérilets (DIU au cuivre ou hormonal), l'implant contraceptif, pourquoi pas l'anneau vaginal. "A savoir qu'une pilule est choisie par rapport aux antécédents personnels et familiaux, à son âge et au fait d'être fumeuse ou pas. La pilule œstroprogestative est déconseillée aux femmes de plus de 35 ans qui fument moins de 15 cigarettes par jour et interdite aux femmes de plus de 35 ans qui fument plus de 15 cigarettes par jour. Ce sont les recommandations de la Haute autorité de Santé", conclut notre experte.
Merci au Dr Juliette Cariou, gynécologue-obstétricienne à Santé Atlantique à Saint-Herblain, près de Nantes.