Fuite de gaz : effets sur la santé, que faire ?
Incolore, inodore, toxique et potentiellement mortel, le monoxyde de carbone (CO) résulte d'une combustion incomplète, quel que soit le combustible utilisé : bois, butane, charbon, essence, gaz naturel, propane... Chaque année, ce gaz toxique est responsable d'une centaine de décès en France.
Qu'appelle-t-on fuite de gaz ?
Il est tout d'abord important de préciser le vocabulaire. "Le gaz dit de ville, que l'on utilise pour les gazinières par exemple, présente surtout un risque d'explosion, précise le Dr Norbert Berginiat, médecin-pompier. On n'a peu de chance de l'inhaler car il sent très mauvais. Si cette odeur est détectée il faut appeler les pompiers qui mettront en place un périmètre de sécurité avec GDF". En revanche, le monoxyde de carbone (CO) présente des risques d'intoxication. "Il résulte d'une mauvaise combustion, poursuit le médecin. Il provient des appareils de chauffage ou de cuisson qui marchent au gaz, au bois, au charbon, à l'essence, au fuel ou à l'éthanol. Il est très souvent lié à une mauvaise évacuation des produits de combustion (conduit de fumée obstrué), à un défaut d'entretien des appareils de chauffage, ou à un usage inapproprié de certains appareils, conçus exclusivement pour une utilisation en extérieur (groupes électrogènes...)". Par ailleurs, des intoxications collectives sont observées chaque année dans des lieux publics : écoles, grandes surfaces, restaurants, églises….
Pourquoi est-ce dangereux de respirer du gaz ?
"Oui il est dangereux de respirer du monoxyde de carbone (CO)", rappelle le pompier. "Il ne se voit pas et ne sent rien, mais car c'est un gaz toxique. Et quand on le respire, il prend la place de l'oxygène dans le sang, ce qui est potentiellement mortel".
Quels sont les effets d'une fuite de gaz sur le corps ?
"En cas d'intoxication aigüe, le CO va provoquer, selon la durée et la concentration du monoxyde, des maux de tête, des vertiges, des nausées, des troubles cardiaques, voir au coma et à la mort, parfois en seulement quelques minutes". Les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées sont plus rapidement touchées. "En cas d'intoxication chronique, c'est-à-dire lorsqu'une personne respire un peu de CO sur une longue durée, il peut ressentir de fréquents maux de tête et développer des troubles cardiaques ou neurologiques". Certains cas de démence ont été constatés.
Quels sont les symptômes d'alerte en cas de fuite de gaz ?
"En cas d'inhalation de CO, la personne va avoir mal à la tête, envie de vomir, et va ressentir une très grande fatigue. Elle peut aussi s'évanouir ou même mourir", décrit le médecin.
Ne bouchez jamais les entrées d'air
Que faire lors d'une fuite de gaz ?
Il est important d'agir très vite. "En cas de suspicion d'intoxication, aérez immédiatement les locaux, arrêtez si possible les appareils à combustion, évacuez les locaux et appelez les secours en composant le 15, le 18 ou le 112", insiste notre interlocuteur. "En arrivant sur place, les pompiers pourront à l'aide d'un détecteur vérifier ou non la présence de CO". Les pompiers vont également pouvoir détecter la concentration de CO dans le sang des victimes à l'aide d'un capteur. "En cas de diagnostic positif, on placera les patients sous masque à haute concentration en oxygène. Les personnes les plus atteintes seront placées dans un caisson hyperbare à l'hôpital". Dans les logements, il est possible d'installer en plus des détecteurs de fumée, des détecteurs de monoxyde de carbone, qui se déclencheront en sa présence.
Quelques conseils :
► Faites vérifier vos installations par un professionnel qualifié :
► Aérez votre logement
► Ne bouchez jamais les entrées d'air.
► Respectez les consignes d'utilisation des appareils à combustion indiquées dans le mode d'emploi par le fabriquant.
► N'utilisez jamais pour vous chauffer des appareils non destinés à cet usage : cuisinière, brasero, etc.
► N'utilisez pas les chauffages d'appoint en continu. Ces appareils ne doivent fonctionner que par intermittence.
► En cas de coupures d'électricité, installez impérativement les groupes électrogènes à l'extérieur des bâtiments et jamais dans des lieux clos. Ils ne doivent jamais être utilisés à l'intérieur.
Merci au Dr Norbert Berginiat, médecin Chef du Service de Santé et de Secours Médical du SDIS50 (Manche) et vice-président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France.