Syndrome de Morton (pied) : cause, semelles, quand opérer ?
Le syndrome de Morton (ou névrome) est une atteinte de l'avant-pied. Douloureux, il touche surtout les femmes après 50 ans. Quels sont les signes ? Comment la soigner ? Quelles chaussures mettre ?
Le syndrome de Morton se caractérise par une douleur de l'avant-pied : la plante du pied brûle ou chauffe. Les femmes de plus de 50 ans sont particulièrement touchées.
Quelle est la définition du syndrome de Morton ?
Aussi appelé "le névrome de Morton", ce syndrome est une maladie qui touche le pied. Le syndrome se caractérise par une compression d'un nerf sensitif de l'avant-pied, au niveau de l'extrémité des métatarsiens, os précédents les orteils. Le nerf le plus souvent atteint se situe entre le 3e et le 4e métatarsien, souvent entre le 2e et le 3e, voire les deux. Ce syndrome touche surtout les femmes à partir de 50 ans.
Qu'est-ce qui provoque le syndrome de Morton ?
Il y a deux possibilités à son développement. "Soit la maladie est un syndrome canalaire avec compression, soit le névrome de Morton serait secondaire à des phénomènes d'irritation nerveuse répétés par les microtraumatismes dus à la marche et les troubles statiques éventuels de l'avant-pied et également un mauvais chaussage souvent plus esthétique que confortable (talon trop haut, semelles trop mince, bout trop étroit…)", explique le Dr Laurent Grange, rhumatologue.
Quels sont les symptômes d'un syndrome de Morton ?
Cette affection se caractérise par :
- Un renflement, dont la taille varie selon les cas.
- Des picotements qui s'aggravent avec le temps
- Des douleurs fortes qui augmentent lors de la marche ou en position debout prolongée
- Parfois la sensation de décharges électriques à l'avant de pied qui irradie vers les orteils.
"Devant toute douleur aiguë localisée, il faut rechercher cette maladie, recommande le Dr. Grange. Cette douleur peut être paroxystique, à type de décharge électrique très intense. Néanmoins elle peut être continue influencée parfois par la marche. Elle est très souvent calmée par le retrait de la chaussure".
Comment détecter le syndrome de Morton ?
Le podologue ou le médecin généraliste peuvent à la palpation du pied évoquer le diagnostic. La douleur provoquée est violente et correspond parfaitement à la localisation anatomique du nerf. L'examen de référence pour confirmer l'examen clinique est l'échographie, beaucoup plus fiable que l'IRM, en raison des manœuvres effectuées par le radiologue avec sa sonde.
Quels sont les traitements du syndrome de Morton ?
"Le traitement médical est bien souvent suffisant lorsque le syndrome de Morton ne se traduit que par des douleurs fugaces et bien tolérées. Il consiste en deux infiltrations à 2 semaines d'intervalle de corticoïdes, explique le rhumatologue. Des exercices d'auto rééducation sont préconisés dans les 8 jours qui suivent l'infiltration". Des orthèses plantaires sont également prescrites pour atténuer l'hyper-appui antérieur. "Si ces orthèses ne sont pas nécessaires, des conseils de chaussage sont donnés au patient : talons moins hauts, extrémité antérieure plus large, semelle de bonne qualité", précise le Dr. Grange. En cas d'échec de ce traitement, ou éventuellement en présence de douleurs très intenses, la chirurgie peut être envisagée.
Peut-on soigner naturellement le syndrome de Morton ?
L'application de poche de froid peut aider à calmer les élancements, les sensations de chaleur et les douleurs provoquées par le syndrome. Un massage avec un gel à base d'arnica sera aussi salvateur. Effectuez des mouvements de pression-glissées sous le pied calmera le mal.
Quelles chaussures pour le syndrome de Morton ?
Optez pour des chaussures larges à l'avant du pied, afin de laisser aux orteils la possibilité de s'étaler. Veillez également à ce qu'elle ait un bon amorti afin de limiter l'impact répétitifs des chocs au sol, et un bon soutien de la voûte plantaire pour réduire la pression au niveau de la plante des pieds. L'utilisation de semelles peut également renforcer le confort de vos pieds.
Quand opérer en cas de syndrome de Morton ?
En cas d'échec des traitements, une intervention chirurgicale sera proposée. "Lorsque le névrome est de gros volume, on en réalise l'ablation par une courte cicatrice à la face dorsale du pied, explique le Dr Cyrille Cazeau, chirurgien orthopédique. L'opération se pratique sous anesthésie locale en chirurgie ambulatoire. L'inconvénient de cette ablation est l'apparition d'une perte de la sensibilité en miroir sur les deux orteils qui se côtoient. Lorsque le névrome est plus petit, on peut réaliser une décompression de celui-ci sans l'enlever, par une technique percutanée (incision de 2 mm)". Des pansements sont à réaliser durant une dizaine de jours. La reprise des activités normale est possible 1 à 2 mois après l'intervention.
Merci au Dr Cyrille Cazeau, chirurgien orthopédique à la Clinique Victor Hugo, à Paris et au Dr. Laurent Grange, rhumatologue au CHU Grenoble-Alpes et président de l'Association française de lutte anti-rhumatismale (AFLAR).