Convulsion hyperthermique : conduite à tenir, conséquences
Chez l'enfant, les convulsions hyperthermiques ou "crise fébrile" correspondent à une crise d'épilepsie liée à la fièvre. Le plus souvent sans conséquence elle ne nécessite un traitement que pour des récidives de crises de longue durée. Explications avec le Pr Stéphane Auvin, médecin pédiatre dans le Service de neurologie pédiatrique à l'hôpital Robert-Debré (Paris).
Définition
Le terme de "convulsion hyperthermique" a été remplacé par "crise fébrile" car plus adapté médicalement. "La crise fébrile est une crise d'épilepsie liée à la fièvre mais pas due à une infection du système nerveux central" définit le Pr Stéphane Auvin, médecin pédiatre dans le Service de neurologie pédiatrique à l'hôpital Robert-Debré (Paris). Elle peut survenir même avec une faible fièvre (température corporelle peu élevée). "Il n'y a pas de rapport avec le degré de température corporelle et la survenue de la crise fébrile" souligne ce spécialiste. "Plus de la moitié des épisodes de crises fébriles ne sont pas convulsifs (secousses répétitives des membres supérieurs ou des 4 membres). C'est pourquoi le terme de convulsion hyperthermique ou convulsion fébrile a été abandonné. Les crises fébriles surviennent souvent entre 6 mois et 5 ans" informe ce spécialiste. Il est important de savoir que la majorité de ces crises fébriles sont bénignes. Les crises fébriles sont divisées en crises fébriles simples ou compliquées.
Crise fébrile simple
La plupart des crises fébriles sont simples et bénignes et présentent un bon pronostic.
- La crise survient chez des enfants âgés d'un an ou plus
- La crise est généralisée
- Sa durée est inférieure à 15 minutes et il n'y a qu'un épisode isolé (pas de récidive dans les 24h)
- Elle n'entraîne pas de déficit neurologique : l'examen neurologique est normal
- Il n'y a pas d'antécédents neurologiques
Crise fébrile compliquée
Les critères cliniques des crises fébriles compliquées sont :
- survenue à un âge inférieur à un an
- une crise supérieure à 15m ou avec une récidive dans les 24h
- crise focalisée, touchant une moitié du corps (ou une partie du corps)
- examen neurologique anormal
- existence d'antécédents familiaux neurologiques
Quel est l'âge de survenue ?
Les crises fébriles ne concernent que les enfants entre 6 mois et 5 ans. "Le pic d'incidence est 18 mois" précise le Pr Stéphane Auvin. "30% des enfants qui ont fait un épisode de crise fébrile récidivent ultérieurement, c'est pour cela qu'il faut bien expliquer la conduite à tenir en cas de récidive" informe ce spécialiste.
Facteurs de risques
Les facteurs de risque sont ceux des maladies neurologiques. "Il peut y avoir une prédisposition familiale. Si un ascendant du premier degré (parents ou frère ou sœur) a fait des crises fébriles, un enfant est plus à risque de présenter des crises fébriles" informe le Pr Stéphane Auvin. "Il s'agit dans ce cas le plus souvent de crises courtes, répétitives, mais rarement suivies d'épilepsie ou de séquelle neurologique par la suite" précise-t-il.
"Les crises fébriles sont très fréquentes car elles touchent 2 à 5% des enfants de moins de 5 ans"
Ces convulsions surviennent-elles chez l'adulte ?
Les adultes ne sont pas concernés par les crises fébriles.
Crise fébrile chez le nourrisson : fréquence, que faire ?
"Les crises fébriles sont très fréquentes car elles touchent 2 à 5% des enfants de moins de 5 ans" informe le spécialiste. Elles sont la cause la plus fréquente de crise d'épilepsie durant l'enfance.
Si la crise fébrile dure plus de 5 minutes, ce qui est rare, faites le 15.
→ "Lorsque cela arrive, il est recommandé de coucher l'enfant sur le côté pour que la respiration se fasse bien et pour prévenir l'inhalation en cas de vomissement, de déplacer les jouets autour de lui plutôt que de déplacer l'enfant" indique le Pr Auvin. "Il ne faut pas mettre d'objet ou un doigt dans la bouche de l'enfant. Il ne risque pas d'avaler sa langue. Si la crise fébrile dure plus de 5 minutes, ce qui est rare, faites le 15" conseille-t-il.
L'enfant doit être vu rapidement par un médecin pour éliminer une urgence (infection du système nerveux central : méningite, encéphalite...). Des examens complémentaires, dont parfois une ponction lombaire, peuvent être effectués.
Symptômes
La crise fébrile est un symptôme comme le vomissement. Elle peut se caractériser par des convulsions (secousses répétées des membres) mais également par un malaise hypotonique. "L'enfant perd connaissance, parfois avec révulsion oculaire (les yeux se révulsent)" explique le Pr Stéphane Auvin.
Conséquences
"La majorité des patients font un unique épisode de crise fébrile" informe le Pr Stéphane Auvin. Plus rarement, la crise fébrile est la première manifestation d'une maladie neurologique. Cela concerne alors des enfants qui ont des facteurs de risque (ceux qui ont une lésion cérébrale après avoir fait par exemple un accident vasculaire cérébral à la naissance). "Les conséquences des crises fébriles sont rares, rassure notre interlocuteur. Une étude a montré que sur 200 crises fébriles de plus de 5 minutes, moins de 2% des enfants avaient des séquelles neurologiques et sur ce pourcentage certains avaient ces séquelles neurologiques avant la crise fébrile dans un contexte de facteurs de risque."
Traitement
"A part cas exceptionnels, aucun traitement de fond n'est mis en place aujourd'hui contrairement à ce qui se faisait auparavant" informe le Pr Stéphane Auvin. "Un traitement anti-épileptique est mis en place lorsqu'il y a un vrai risque d'épilepsie" précise-t-il.
Hospitalisation
"L'hospitalisation n'est pas rare dans la pratique mais elle est rarement motivée par un besoin médical" précise le Pr Stéphane Auvin.
Prévention
"Traiter la fièvre de façon agressive avec des antipyrétiques n'est pas efficace pour prévenir les crises fébriles, informe le Pr Auvin. Un traitement anti-épileptique d'urgence par une benzodiazépine (diazépam, midazolam...) est prescrite en prévention des crises longues lorsqu'un enfant a déjà présenté des crises fébriles. Ce traitement peut être administré par voie buccale ou par voie rectale lorsque la crise dure plus de 5 minutes."
Merci au Pr Stéphane Auvin, médecin pédiatre dans le Service de neurologie pédiatrique à l'hôpital Robert-Debré (Paris).