Intoxication au plomb : conseils de prévention, conséquences santé

Le plomb est particulièrement toxique chez les enfants de moins de 7 ans. Ingéré ou inhalé à forte dose, il peut avoir des conséquences digestives et neurologiques graves. Selon un rapport de l'Anses, les espaces extérieurs comme les trottoirs et les aires de jeux représentent des zones à risque.

Intoxication au plomb : conseils de prévention, conséquences santé
© Olesia Bilkei - 123RF

Polluant de l'environnement, le plomb est présent à l'état de poussière dans l'air et peut contaminer les espaces extérieur publics (trottoirs, voiries, mobilier urbain ou encore aires de jeux), des sources de contamination jusqu'ici peu étudiées, indique l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) dans un rapport sur l'exposition au plomb publié le 7 février 2020. Problème, cette substance est particulièrement dangereuse pour la santé des jeunes enfants, qui sont plus susceptibles d'ingérer des particules de plomb en portant leurs mains ou des objets contaminés à la bouche. L'absorption de plomb est grave surtout avant l'âge de 7 ans : le système nerveux et osseux de l'enfant est en plein développement et son métabolisme absorbe le plomb plus facilement que celui d'un adulte. Bien qu'il soit difficile de quantifier cette exposition, l'Anses, saisie par les ministères en charge de la Santé et du Travail à la suite de l'incendie de Notre-Dame de Paris, a émis des recommandations afin de réduire durablement l'exposition des populations au plomb.

Les bons gestes pour limiter son exposition au plomb

Dans son rapport, l'Anses rappelle les gestes de prévention pour limiter l'exposition au plomb :

  • Se laver fréquemment les mains, particulièrement avant les repas et après un contact avec les sols. Les parents doivent aider les jeunes enfants à se laver les mains pour s'assurer qu'ils le fassent correctement.
  • Veiller à ce que les enfants aient les ongles coupés courts pour éviter l'ingestion des poussières de plomb.
  • Se déchausser dès l'arrivée dans un logement afin de limiter le transport de poussières.
  • Ne pas manger ou boire pendant certaines tâches exposant aux poussières (ménage, jardinage...)
  • Faire doser le plomb dans le sang (plombémie) pour les populations vulnérables et à risque accru de contamination, en particulier les enfants et les travailleurs exposés aux poussières extérieures. Chez un enfant et adolescent de moins de 18 ans, une plombémie égale ou supérieure à 50 microgrammes par litre de sang indique un saturnisme. Chaque cas de saturnisme infantile doit obligatoirement faire l'objet d'une déclaration auprès des autorités sanitaires (ARS) par un professionnel de santé. Cela permet de déclencher une procédure d'urgence afin d'identifier l'origine de l'intoxication et de mettre en place les mesures nécessaires. 

Intoxication au plomb : les conséquences sur la santé

L'intoxication au plomb, par contact ou par ingestion, peut entraîner le saturnisme, une maladie caractérisée par la présence excessive de plomb dans l'organisme. Elle est particulièrement nocive pour les enfants et les femmes enceintes. Les effets d'une intoxication au plomb sont variables selon l'âge et la durée d'exposition. Le saturnisme peut causer des troubles réversibles comme une anémie ou des problèmes digestifs (coliques, douleurs abdominales, ralentissement du transit...), mais également des troubles irréversibles comme des troubles du langage, du comportement, un ralentissement de la croissance, des difficultés motrices ou une baisse de l'acuité auditive. A des quantités dans le sang très élevées (entre 500 à 1 000 microgrammes par litre de sang), le plomb peut entraîner des encéphalopathies sévères, voire des décès

Le plomb peut pénétrer dans l'organisme par :

  • la voie digestive, après ingestion par la bouche
  • la voie respiratoire, après inhalation de poussières fines de plomb
  • la peau ou les muqueuses, après un contact avec des poussières de plomb
  • la voie transplacentaire lorsque la femme enceinte avale du plomb et la transmet au fœtus via le placenta. 

En 1996, près de 85 000 enfants entre 1 et 6 ans étaient touchés par une intoxication au plomb en France. En 2009, grâce à différentes mesures mises en oeuvre (suppression de l'essence au plomb, meilleur traitement des eaux, réhabilitation de l'habitat ancien...) ce n'est plus que 4 700 enfants qui sont concernés. Rappelons que le plomb peut être émis dans l'air par des sites industriels ou artisanaux, puis se déposer dans l'environnement. Mais il peut également se retrouver dans les poussières du fait d'érosion ou de lessivage d'éléments architecturaux qui en contiennent, ou enfin, être lié à une pollution accidentelle, comme ce fut le cas lors de l'incendie de Notre-Dame de Paris en avril 2019 (la toiture de l'édifice contenait une quantité importante de plomb). 

L'enfant est-il exposé au plomb ?

Votre enfant risque une intoxication au plomb si vous répondez "oui" à l'une de ces questions. Il est donc conseillé d'en parler à votre médecin généraliste

  • Votre enfant vit ou se rend régulièrement dans un bâtiment construit avant 1949 (date avant laquelle des peintures à base de céruse (carbonate de plomb de couleur blanche) étaient couramment utilisées) ? Si oui, les peintures sont-elles écaillées ?
  • Une autre personne de l'entourage de votre enfant a-t-elle été intoxiquée par le plomb ?
  • Votre enfant vit-il ou fréquente-t-il régulièrement un lieu proche d'un site industriel à risque en activité ou non ?
  • Vous ou votre conjoint exercez-vous une activité professionnelle ou de loisir à risque ?
  • Y a-t-il chez vous des canalisations en plomb ? Si oui, votre enfant boit-il l'eau du robinet ?
  • Votre enfant est-il arrivé récemment en France ? Si oui, a-t-il été exposé au plomb dans son pays d'origine ?

Sources :

  • Exposition au plomb dans les espaces extérieurs, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. 
  • Saturnisme : définition et risques, Assurance Maladie
  • Pollution au plomb suite à l'incendie de Notre-Dame : questions - réponses, ARS Île-de-France.