Notre-Dame de Paris : nouvelles analyses et rentrée reportée

L'incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris survenu le 15 avril a entraîné des retombées de poussières de plomb à risque pour la santé des habitants, travailleurs voire touristes fréquentant les abords du monument. La rentrée scolaire a dû être reportée dans 5 écoles parisiennes. Liste des mesures prises par la mairie.

Notre-Dame de Paris : nouvelles analyses et rentrée reportée
© Ekaterina Pokrovsky-123RF

|Mis à jour le 2 septembre 2019 à 10h26] Depuis l'incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril dernier, l'Agence Régionale de Santé d'Île-de-France surveille de près les effets des retombées de poussières de plomb sur la santé des personnes vivant et/ou travaillant aux alentours. Ce vendredi 30 août, l'ARS recommande la mise en place de nouvelles analyses de détection du plomb dans cinq écoles du Diocèse de Paris, estimant ainsi que les prélèvements déjà effectués dans ces établissements sont pour le moment insuffisants ("volumes de prélèvements insuffisants, localisation imprécise, valeur limite de quantification inadaptée", a listé l'ARS dans un communiqué). Par ailleurs, le rectorat de Paris a demandé aussitôt le report de la rentrée scolaire dans ces établissements privés. Sont concernées les écoles de Sainte-Catherine (5e), Sainte-Clotilde (7e), Saint-Jean-Gabriel (4e), Saint-Thomas d'Aquin (7e) et  Saint-Victor (5e). 

Pendant l'été, des travaux de dépollution ont été effectués dans plusieurs établissements près de Notre-Dame. À l'issue de ces travaux, de nouveaux prélèvements ont été réalisés pour évaluer leur efficacité. "À ce jour, tous les établissements publics sont conformes aux normes de sécurité et accueilleront leurs élèves lundi 2 septembre", a souligné le rectorat. Parmi les mesures appliquées par la mairie de Paris :

  • Contrôle des taux de plomb dans les crèches, écoles et domiciles des assistantes maternelles situés à 500 mètres du monument : "Les prélèvements sont conformes" indique la ville. La liste des prélèvements par établissements est consultable en ligne.
  • Information à destination des agents amenés à travailler dans les zones potentiellement exposées. Un document écrit a été remis individuellement avec une prescription de bilan sanguin spécifique pour 145 d'entre eux à date. "Aucun résultat anormal n'a été noté jusqu'à présent" selon la mairie de Paris.
  • Pour toutes les personnes qui se rendent autour du parvis de Notre-Dame, des traitements vont être mis en place : "Le parvis fait l'objet d'un traitement spécifique, placé sous la responsabilité de l'État, au regard des fortes concentrations en plomb qui y ont été mesurées. Les rues adjacentes au parvis bénéficieront du même protocole de traitement."
  • Pour rappel lundi 3 juin 2019, l'Agence régionale de santé annonçait le cas d'un enfant habitant à côté de la cathédrale, sur l'Île de la Cité, et ayant un taux de plomb supérieur au seuil réglementaire de 50 microgrammes par litre de sang. Le taux à partir duquel on parle de saturnisme. Suite à la détection de ce cas, l'ARS demandait aux femmes enceintes et aux familles d'enfants de moins de 7 ans qui résident sur l'Île de la Cité de se rendre chez leur médecin traitant pour faire doser leur niveau de plomb
  • Dans un communiqué du 9 mai, l'ARS indiquait avoir fait effectuer des mesures par le Laboratoire Central de Préfecture de Police de Paris (LCPP) pour évaluer les concentrations en plomb dans l'air et dans les poussières déposées. Les résultats "démontraient la présence de dépôts de poussières résiduelles de plomb dans les abords immédiats de la cathédrale". L'agence conseillait alors aux riverains et à toutes personnes fréquentant régulièrement les abords de la cathédrale, de :
  • privilégier l'emploi d'une serpillière humide, plutôt que d'un balai ou d'un aspirateur, pour nettoyer son logement ;
  • se laver régulièrement les mains (particulièrement avant les repas ou après un contact avec le sol), garder des ongles courts et ne pas se les ronger ;
  • laver fréquemment les jouets des enfants et autres objets qu'ils sont susceptibles de porter à la bouche.

Quels sont les risques du saturnisme chez les enfants ?

La contamination par le plomb est à l'origine du saturnisme qui touche principalement les enfants de moins de 6 ans et les femmes enceintes (plus exactement l'enfant à naître), en raison d'un métabolisme plus favorable à l'absorption du plomb que les adultes. Depuis le 17 juin 2015, le taux définissant le saturnisme a été abaissé à 50 microgrammes de plomb par litre de sang (il était de 100 auparavant). "Une fois dans l'organisme, le plomb se stocke, notamment dans les os, d'où il peut être libéré dans le sang, des années ou même des dizaines d'années plus tard. L'élimination du plomb dans l'organisme est lente après l'arrêt de l'exposition : sa demi-vie est de 15 à 20 ans" explique le ministère de la Santé.

Les effets du plomb dépendent de sa quantité dans le sang. Parmi eux :

- A 50 microgrammes : troubles cognitifs (troubles de l'attention, hyperactivité, difficultés d'apprentissage), petit poids à la naissance quand l'enfant a été exposé pendant la grossesse, retard de développement, baisse de l'acuité auditive.

- Jusqu'à 100 microgrammes : baisse de points de quotient intellectuel.

- A 500 microgrammes : encéphalopathies, neuropathies, retard de la maturation sexuelle et pubertaire, moindre fabrication de vitamine D.

- A 1000 microgrammes : anémie, encéphalopathies sévères, ralentissement du transit digestif.

- A plus de 1000 microgrammes : risque de décès. 

Un excès de plomb peut aussi entraîner des coliques saturnines, des douleurs abdominales, des perturbations de la pression artérielle, de la fonction rénale et de la reproduction. Chez la femme enceinte intoxiquée par le plomb, il existe des risques d'avortement, d'accouchement prématuré ou d'hypertension artérielle gravidique.

Les cas de saturnisme infantiles doivent faire l'objet d'une déclaration obligatoire et déclenchent une procédure d'urgence visant à supprimer l'exposition au plomb de l'enfant concerné. L'ARS d’Île-de-France a ainsi ouvert une "enquête environnementale" pour identifier, dans les lieux de vie de cet enfant, "la ou les causes de cette imprégnation et vérifier qu'elle n'est pas liée à d'autres facteurs que l'épisode exceptionnel" de l'incendie de Notre-Dame de Paris.

Source ; Diagnostiquer et prévenir le saturnisme avant 18 ans, Santé publique France, décembre 2017, 

Expositions au plomb : détermination de nouveaux objectifs de gestion, Haut Conseil de la Santé Publique, 2014.