Douleur au bras gauche : infarctus, autres causes ?
Une douleur au bras gauche est très souvent une source d'inquiétude car généralement associée à l'infarctus du myocarde. Pourtant avoir mal au bras gauche peut provenir d'autres causes. Lesquelles ? Fatigue ? Quand s'inquiéter ? Comment la soigner ? Réponses avec le Dr Fanny Roure.
Avoir mal au bras gauche (engourdissement, fourmillement...) n'est pas nécessairement le signe d'un infarctus du myocarde. Il faut distinguer les douleurs musculaire et cardiaque, ou encore la douleur de fatigue. La douleur au bras gauche peut provenir de différentes causes qu'il faut reconnaitre pour la soigner au mieux. Quels sont les symptômes d'une douleur au bras gauche ? Quelles sont les causes ? Quand faut-il s'inquiéter d'avoir mal au bras gauche ? Comment la soigner ?
Quels sont les symptômes d'une douleur au bras gauche ?
"Tout d'abord il est important de rappeler que le bras en médecine ne concerne pas tout le membre supérieur mais seulement la partie qui va de l'épaule au coude. Ensuite il y a l'avant-bras, le poignet et la main" rappelle le Dr Fanny Roure, rhumatologue. Les douleurs au bras sont courantes. Elles peuvent concerner les muscles, les articulations (coude, poignet, épaule), les tendons, être localisées ou diffuses, brèves ou constantes, lancinante, irradiantes et parfois handicapantes. Elles peuvent être suivies de fourmillements, d'un manque de sensibilité au niveau des doigts qui deviennent froids et blancs, ou de douleurs au poignet. Mais en cas de douleur au bras gauche, accompagnée d'autres douleurs dans l'épaule, la poitrine, ou de douleurs dans la mâchoire, d'un essoufflement, il faut rapidement appeler un service d'urgence.
Quelles sont les causes d'une douleur au bras gauche ?
► La cause cardiaque, la plus grave, correspondant à un infarctus du myocarde. "Typiquement la douleur est thoracique gauche, avec une sensation d'étai et de serrement, favorisée par l'effort. Elle peut irradier dans la gorge, la mâchoire ou le bras gauche, il s'agit parfois d'ailleurs le seul signe, notamment chez les femmes", détaille le médecin. On retrouve des facteurs de risque cardiovasculaires (tabagisme, diabète, hypertension, hypercholestérolémie, sédentarité, surpoids, stress, infarctus dans la famille) et on note parfois des alertes dans les semaines précédentes. Un seul réflexe, composer le 15 !
► Les causes rhumatologiques, les plus fréquentes. La douleur est centrée sur l'articulation avec des difficultés au mouvement et parfois un gonflement. "S'il s'agit de l'épaule, on peut évoquer une tendinopathie (on préfère aujourd'hui ce terme à celui de tendinite) de la coiffe des rotateurs, plus fréquentes avec l'âge et les microtraumatismes répétés, ou bien une capsulite (s'y associe alors un enraidissement de l'épaule avec une perte de mobilité)", poursuit la spécialiste. Ces douleurs irradient volontiers dans le bras, dans les trapèzes et les cervicales. L'arthrose d'épaule existe mais est assez rare. Les examens de choix sont alors représentés par la radiographie et l'échographie, et parfois dans un deuxième temps par l'IRM. S'il s'agit du coude, on évoque en premier lieu une tendinopathie, la plus fréquente étant le fameux "tennis elbow". " Elle n'est pas toujours lié au sport mais aussi au bricolage ou aux mouvement répétitifs au travail ", insiste notre interlocutrice. Le diagnostic est fait par le médecin, nul besoin d'avoir recours à l'imagerie en première intention ! S'il s'agit de la base du pouce, "on peut évoquer une arthrose de la base du pouce (il y a parfois une déformation et des douleurs des doigts associées) ou bien des lésions tendineuses (ténosynovite de Quervain par exemple)". À noter que l'arthrose du poignet est assez rare, sauf en cas de traumatisme passé (fracture, entorse grave).
► Les causes neurologiques. "Les manifestations sont alors fréquemment neuropathiques, c'est-à-dire que la douleur est ressentie comme une brûlure, une lourdeur, des décharges électriques avec perte de sensibilité, fourmillements et engourdissements. Une perte de force est un signe de gravité", assure le Dr Roure. L'électromyogramme, réalise par le neurologue le plus souvent, met en évidence une compression nerveuse, qui peut siéger :
- au niveau cervical (névralgie cervico brachiale, liées à une arthrose ou une hernie discale cervicale) avec un trajet souvent bien précis allant des cervicales aux doigts.
- au niveau du poignet (syndrome du canal carpien) avec des douleurs typiquement ressenties dans les 3 premiers doigts de la main parfois l'ensemble de la main), volontiers nocturnes et matinales. À terme on peut retrouver une maladresse ou une fonte musculaire de la partie charnue du pouce (amyotrophie thénarienne).
- au niveau du coude parfois (compression du nerf ulnaire), avec une irradiation sur le côté de l'avant-bras jusqu'au 4e et 5e doigts et parfois
► Autres causes (rares) : tumeur osseuse ou phlébite du bras.
Quels examens faire si on a mal au bras gauche ?
"Les examens complémentaires sont guidés par la clinique, c'est-à-dire après que le médecin a examiné et surtout bien "interrogé" au préalable le patient sur les caractéristiques de sa douleur (mécanique, inflammatoire, nocturne…). Si la douleur persiste, l'avis d'un rhumatologue est souhaitable pour une prise en charge optimale", répond la rhumatologue. Analyse de sang, doppler, examens d'imagerie permettent de confirmer le diagnostic avec exactitude.
Quand faut-il s'inquiéter d'une douleur au bras gauche ?
De fait de leur retentissement sur les mouvements des bras, les douleurs au bras gauche sont vite invalidantes. Elles peuvent interférer avec les activités quotidiennes et doivent donc être prises en charge rapidement. En cas d'infartcus, "typiquement la douleur est thoracique gauche, avec une sensation d'étau et de serrement, favorisée par l'effort. Elle peut irradier dans la gorge, la mâchoire ou le bras gauche, il s'agit parfois d'ailleurs le seul signe, notamment chez les femmes".
Comment soigner une douleur au bras gauche ?
Tout dépend évidemment de la cause. "Antalgiques et anti-inflammatoires, kinésithérapie, voire infiltrations de cortisone font partie de l'arsenal thérapeutique. L'immobilisation n'est souvent pas nécessaire, en revanche la mise au repos du tendon est indispensable si ce dernier est atteint", conclut le Dr Roure.
Merci au Dr Fanny Roure, rhumatologue à l'Hôpital Pitié Salpêtrière- à Paris