Accidents de ski : fréquents, mortels, nombre, les éviter
Chaque hiver, on dénombre en moyenne de 130 à 140 000 blessés dans les stations de ski en France. en stations. Entorse du genou, traumatisme crânien, rupture des ligaments... Liste des accidents les plus fréquents en ski ou snowboard, chiffres de la mortalité, et conseils de préparation aux sports d'hiver.
Les sensations de la glisse au ski sont un véritable bonheur... mais attention à rester prudents et à se préparer avant de partir pour réduire le risque d'accidents sur les pistes. Chaque hiver, on dénombre en moyenne de 130 à 140.000 blessés en stations, rappelle le site Domaines Skiables de France dans un communiqué de décembre 2021. Entorse du genou, traumatisme crânien, rupture des ligaments... Liste des plus fréquents et conseils de préparation pour les éviter.
Combien d'accidents au ski par an ?
Chaque hiver, on dénombre en moyenne de 130 à 140.000 blessés en stations, rappelle le site Domaines Skiables de France dans un communiqué de décembre 2021. Selon l'Observatoire d'accidentologie des sports d'hiver publié en 2020 par l'Association des médecins de montagne : 110 791 personnes personnes ont été blessées au sport d'hiver en 2020. Les chiffres de l'association des médecins de montagne (MEDM) montrent que seulement 5% des blessés nécessitent une hospitalisation immédiate. 95% sont soignés sur place dans les cabinets médicaux de montagne. Parmi les accidents, plus d'un quart des blessures à la tête, dont les traumatismes crâniens (TC), ont été occasionnées lors de collisions. Ces collisions représentent 10% des accidents sur les pistes. Les débutants sur les pistes sont deux fois plus exposés aux accidents. Chez les femmes adultes (plus de 25 ans), l'entorse du genou représente la moitié des diagnostics, et les ruptures du ligament croisé antérieur (LCA) 33%. Chez les 10-16 ans, la fracture du poignet atteint plus de la moitié des diagnostics.
Combien de morts par an au ski ?
Selon les chiffres publiés par l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA) en France, il y aurait une dizaine de décès traumatiques par an sur les domaines skiables français. Les décès "traumatiques" concernent les décès liés à une chute, glissade, choc sur un obstacle, collision… (à l'inverse des décès non traumatiques qui caractérisent les décès suite à un arrêt cardiaque sur les pistes par exemple, un malaise, une hypothermie...) La majorité de ces décès concerne la pratique du ski alpin (plus que le snowboard), hors piste et est lié à une collision.
Entorse du genou : le premier accident au ski
En numéro 1 des accidents de ski, viennent les entorses du genou : elles représentent près du tiers des accidents. Un virage mal engagé, des skis qui se croisent ou encore une chute anodine peuvent en effet suffire à bloquer le genou et à le tordre. Lorsque les ligaments sont distendus, c'est l'entorse simple. Mais si la torsion est plus violente, les ligaments qui soutiennent l'articulation peuvent lâcher : on parle de rupture des ligaments croisés.
Pour les éviter : Les entorses du genou ont augmenté depuis plusieurs années. Avant, la tendance était plutôt à la fracture du tibia. Aujourd'hui, ce sont surtout les genoux qui souffrent, quand on fait une chute à ski. "L'explication est toute simple, indique le Dr Thierry Bouchet. Avant, les chaussures de ski n'étaient pas aussi rigides : le tibia était donc en première ligne et se brisait. Aujourd'hui, elles sont dotées d'une tige métallique : le choc se fait donc plus haut, au niveau du genou." Ce qui n'est pas nécessairement mieux, car les blessures traumatismes sont parfois plus longues et difficiles à guérir. De plus, il faut savoir que plus d'une entorse sur deux est liée à un mauvais réglage des fixations. Vous l'aurez compris, il ne faut en aucun cas minimiser le choix du matériel et les règles d'utilisation. Un réglage à la va-vite, trop faible ou au contraire trop serré, et c'est la blessure assurée ! Prenez donc le temps de choisir des skis adaptés à votre niveau et à votre taille et de choisir des fixations avec un professionnel, selon les normes en vigueur.
Que faire en cas de rupture des ligaments au ski ?
"Le traumatisme le plus fréquent, c'est la rupture du ligament croisé antérieur, développe le Dr Thierry Bouchet, chirurgien orthopédiste à Paris. En France, elle concerne 25 000 personnes par an, dont deux tiers sont des femmes. C'est une blessure fréquente dans les accidents de ski, mais on en voit encore plus dans le cadre de sports comme le rugby, le football ou les arts martiaux." Outre le fait de voir son séjour gâché, l'entorse avec rupture des ligaments croisés peut présenter de lourdes conséquences : évolution vers une arthrose précoce du genou, intervention chirurgicale, rééducation... mais aussi instabilité persistante et fragilité de l'articulation. D'autres petits traumatismes et douleurs peuvent survenir, notamment si le genou est déjà un peu abîmé, souffrant par exemple d'arthrose de la rotule. Les frôlements transversaux peuvent entraîner un épanchement du liquide synovial, situé dans l'articulation, ce qui provoquera un gonflement du genou. Des douleurs musculaires sont également susceptibles de se manifester. "Ce qui a changé dans les dernières décennies, c'est qu'on n'opère plus systématiquement "en bas des pistes" (c'est-à-dire juste après l'accident), lorsqu'il y a rupture de ligaments, se réjouit Thierry Bouchet. C'est loin d'être toujours nécessaire."
Dans un premier temps, le médecin va donc chercher à soulager la douleur et à diminuer le gonflement. Plusieurs moyens sont à disposition :
- Les antalgiques, pour commencer. "En France, on utilise surtout le paracétamol. Si cela ne suffit pas, il y a les dérivés morphiniques."
- Une poche de glace peut aider à résorber le gonflement. "On conseillera aussi au patient de surélever sa jambe quand il est assis ou allongé. Cela permet au sang de moins stagner." Pour aider, le médecin peut éventuellement prescrire des anticoagulants, mais c'est à réfléchir, car s'ils permettent au sang de mieux circuler, ils risquent aussi d'empêcher l'hématome de se résorber rapidement.
S'il s'agit effectivement d'une entorse, avec rupture de ligaments ou non, vous aurez peut-être une attelle à porter, afin d'éviter de solliciter l'articulation. "Elle peut être portée pendant plusieurs semaines. Cela dépend notamment du ligament qui est touché. Attention, cela ne veut pas dire que vous devrez rester allongé pendant des semaines. "Au contraire, il est recommandé de bouger et de vaquer à ses occupations, précise le Dr Bouchet. Cela évite que les muscles s'atrophient et cela facilite la circulation sanguine." Après quelques semaines de convalescence, vous allez être amené à consulter un spécialiste pour déterminer si le repos a suffi à votre articulation pour se remettre ou si vous allez devoir subir d'autres soins. Rendez-vous chez un médecin du sport ou un traumatologue. Outre le questionnaire de rigueur (douleur, gêne à la marche, etc.), il va demander des examens probablement plus précis que ceux passés au moment de l'accident, pour affiner le diagnostic et vérifier si la convalescence se passe bien. Il s'agit souvent d'une IRM. Une fois qu'il aura ces éléments en sa possession, il va donner un pronostic. Exemple : "guérison spontanée sans soins particuliers" ou "risque de séquelle si aucun soin n'est apporté", etc. En fonction de ce pronostic, il va préconiser un traitement qui n'est pas toujours, loin s'en faut, l'opération. "On commence souvent par une rééducation de plusieurs mois. Le but est que le patient retrouve une vie complètement normale. C'est tout à fait possible dans beaucoup de cas." Généralement, au bout de 6 mois, le genou a retrouvé toute sa mobilité et aucune activité n'est à proscrire, pas même l'activité physique, à l'exception des sports traumatiques comme le football ou le rugby. Vous pouvez sans problème reprendre la natation, le vélo et même... le ski. "Si on est bon skieur, on peut parfaitement skier avec un ligament croisé rompu" indique le Dr Bouchet. Il est tout de même important de ne pas précipiter les choses : vous devez d'abord obtenir l'aval de votre médecin et vous y remettre progressivement.
Les ligaments, ce sont ces "élastiques naturels" qui connectent les os d'une articulation entre eux. Chaque genou est doté de quatre types de ligaments, désignés selon leur position. Il y a le ligament latéral interne (LLI), le ligament latéral externe (LLE), le ligament croisé antérieur (LCA) et le ligament croisé postérieur (LCP). Si le choc et la torsion sont trop intenses, certains de ces ligaments peuvent se briser. |
Quel est le risque de traumatisme crânien ?
En 2020, les traumatismes crâniens ont représenté 3% des accidents de ski. Plus d'un quart des blessures localisées à la tête, dont les traumatismes crâniens, ont été occasionnées lors de collisions. Ces collisions représentent 10% des accidents sur les pistes. Le port du casque est indispensable afin de minimiser les risques, chez les enfants, mais aussi chez les adultes. Comme pour le choix des skis, il est important d'utiliser un casque aux normes et ajusté à sa taille. On ne récupère donc pas le casque de l’aîné pour le mettre à sa petite sœur !
Quels sont les accidents fréquents en snowboard ?
C'est surtout le cas, chez les jeunes de moins de 16 ans (50 % des diagnostics). Les lésions des épaules et des bras sont aussi fréquentes chez les surfeurs. "Ils n'ont pas de bâtons, leurs mains sont libres. Le réflexe, quand ils tombent, est donc d'essayer de se rattraper avec les mains. D'où fractures et entorses du poignet, notamment."
Les risques de collision entre surfeurs des neiges sont par ailleurs élevés. Certaines figures où l'on se retrouve dos à la piste, donc où la visibilité est réduite, augmentent les risques de heurter un autre skieur ou surfeur.
Voici quelques précautions indispensables : se munir de protège-poignets, redoubler de vigilance en cas de virages backside, ne pas se lancer dans des figures trop compliquées lorsqu'on n'a pas le niveau, porter un casque.
L'accident bête : chuter à l'arrêt !
Il y a aussi l'accident bête au ski : vous êtes à l'arrêt, tranquille sur vos deux skis, et quelqu'un vous renverse. Et alors vous perdez l'équilibre. "C'est le cas de figure le plus fréquent, confirme Thierry Bouchet. Et on peut se faire vraiment mal, car notre corps est détendu, relâché, il n'est pas préparé à la chute." Alors qu'à l'inverse, quand on descend une piste, les muscles sont vraiment contractés, on est prêt à réagir au quart de tour en cas de déséquilibre et on est plus prudent. A l'arrêt, un déséquilibre soudain, une bousculade et le genou se vrille beaucoup plus facilement sous notre poids.
La pratique du vélo est aussi recommandée pour muscler les jambes avant un séjour au ski.
Comment se préparer avant d'aller au ski pour éviter l'accident ?
• Se préparer physiquement : En plus du choix du matériel, il est important de bien se préparer physiquement avant de faire du ski. Plus le corps sera préparé à l'effort, plus les articulations seront protégées. L'idéal étant de faire du sport régulièrement. Le cas échéant, une préparation de deux mois en amont sera mieux que rien. Pendant l'année, les sports "doux" comme le footing et la natation sont parfaits pour une adaptation à la fois cardio-respiratoire et ostéo-articulaire. La pratique du vélo est aussi recommandée pour muscler les jambes, mais se forcer à monter des escaliers à pied tous les jours fonctionne aussi pour avoir des cuisses en béton. Une fois sur place, veillez à vous échauffer avant de skier ainsi qu'à la suite d'une longue pause et étirez-vous après l'effort. Prévoyez aussi des encas pour l'énergie et pensez à vous hydrater tout au long de la journée.
• Arriver reposé : "C'est rarement le cas, regrette Thierry Bouchet. En général, on part le vendredi soir, après une semaine de travail, on roule toute la nuit pour arriver le samedi matin, qui correspond à la première journée de location du chalet. Résultat : on se lance sur les pistes alors que l'on est épuisé." Généralement, ça ne s'arrange pas durant le séjour : on skie toute la journée, ce qui s'avère souvent épuisant physiquement quand on n'a pas l'entraînement. Le soir, comme ce sont les vacances et qu'il faut bien en profiter... C'est souvent soirée raclette ou fondue, coucher tardif.... Pas l'idéal quand on se lève le lendemain à 7h pour être sur les pistes dès l'ouverture ! Mieux vaut skier des demi-journées plutôt que des journées entières et alterner avec d'autres activités, moins épuisantes physiquement.
Sources
Bilan des accidents de sport de montagne, 2009-2018, ENSA
SKI COOL : Une campagne de prévention pour inciter à la prudence sur les pistes de ski. Domaines skiables de France. Communiqué de presse. Décembre 2021.
L'accidentologie des sports d'hiver saison 2019-2020. Médecins de montagne.