Antiulcéreux : liste, indications, effets secondaires

Mopral, Mopralpro, Zoltum... Le recours à des antiulcéreux est parfois nécessaire pour soulager les symptômes liés à l'acidité gastrique et éviter la survenue de complications. Comment ces médicaments agissent-ils et quand faut-il les prendre ? Quels sont leurs risques ?

Antiulcéreux : liste, indications, effets secondaires
© monticello-123RF

Définition : c'est quoi un antiulcéreux ? 

Un antiulcéreux est un médicament utilisé pour traiter ou prévenir l'apparition d'ulcères gastriques et duodénaux. Il permet de lutter contre l'acidité gastrique en protégeant l'estomac lorsque des lésions sont déjà présentes ou en empêchant leur survenue et leur récidive. Attention, l'acidité gastrique et la muqueuse de l'estomac sont néanmoins indispensables à la bonne assimilation des nutriments par les voies digestives, c'est pourquoi les antiulcéreux ne doivent être utilisés que lorsque cela est nécessaire, et de préférence sur avis médical.

Quel est le mode d'action d'un antiulcéreux ?

Il existe différents types d'antiulcéreux : les antisécrétoires (tels que les inhibiteurs de la pompe à protons et les antihistaminiques H2), les antiacides, le sucralfate et les associations destinées à lutter contre la bactérie Helicobacter pylori. Les antisécrétoires agissent en diminuant la sécrétion d'acide chlorhydrique dans l'estomac :

Les antihistaminiques H2 (antiulcéreux les plus répandus) bloquent les récepteurs à l'histamine (molécule à l'origine de sécrétions d'acide) présents sur la paroi de l'estomac. Ils peuvent être utilisés par voie orale ou par voie intraveineuse. 
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) agissent sur la pompe H+/Na+/K+ ATPase, dont le rôle est d'échanger des ions K+ contre des ions H+ qui, une fois libérés dans l'estomac, permettent l'obtention de l'acide chlorhydrique (HCl). Sous l'action des IPP, l'activité de cette pompe-enzyme se retrouve boquée pendant plusieurs heures.

Les antiacides neutralisent quant à eux l'acidité de l'estomac une fois produite, soit par réaction chimique (exemple : médicaments à base de sels d'aluminium et de magnésium), soit par effet barrière en tapissant la paroi de l'estomac et formant une sorte de gel protecteur. Ce sont des médicaments d'appoint courants, que l'on retrouve en vente libre lors de recours à l'automédication.

Le sucralfate est une substance dérivée du saccharose qui agit en inhibant les sécrétions enzymatiques, en protégeant la muqueuse de l'estomac (forme une barrière protectrice) et en stimulant la sécrétion de prostaglandines, éléments naturels de défense contre l'acidité.

► Enfin, les associations visant à lutter contre la bactérie Helicobacter pylori associent des antiacides (IPP) à des antibiotiques. Ils agissent essentiellement en éradiquant la bactérie responsable des ulcères. Le seul médicament commercialisé est le Pylera®.

Quelles sont les indications d'un antiulcéreux ? 

Les antiulcéreux sont des traitements d'appoint. Ils sont indiqués dans le traitement symptomatique des manifestations douloureuses au cours des affections œso-gastro-duodénales. Ils préviennent ou traitent les symptômes liés à l'hyperacidité gastrique lors de reflux gastro-œsophagiens (RGO) ainsi que les ulcères gastro-duodénaux, et évitent leur récidive. Certains d'entre eux comme les IPP ou les antihistaminiques H2 sont aussi indiqués en association avec des antibiotiques pour éradiquer H. pylori, ainsi que pour prendre en charge le syndrome de Zollinger-Ellison. Les antiulcéreux interviennent en complément des mesures hygiéno-diététiques telles que la suppression du tabac, de l'alcool, les AINS (anti-inflammatoires), et d'une alimentation variée et équilibrée. La cimétidine est indiquée de plus pour alcaliniser le liquide gastrique en anesthésie obstétricale.

Liste des antiulcéreux principaux en France

Aujourd'hui, les antiulcéreux commercialisés sont les suivants : 

  • Les antihistaminiques H2 : la cimétidine et la famotidine
  • Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : l'oméprazole (Mopral®, Mopralpro®, Zoltum®), l'ésoméprazole (Inexium®), le lanzoprazole (Lanzor®, Ogast®, Ogastoro®), le pantoprazole (Inipomp®, Eupantol®, Ipraalox®) et le rabéprazole (Pariet®)
  • Les topiques anti-ulcéreux : le sucralfate (Ulcar®, Kéal®)
  • Les antiacides : antiacide avec bicarbonate de sodium (Gaviscon® et génériques, Gavisconell®, Gavisconpro®, Maalox reflux®), l'hydroxyde d'aluminium (Rocgel®), l'hydroxyde d'aluminium associé à l'hydroxyde de magnésium (Gelox®, Maalox®), le phosphate d'aluminium (Phosphalugel®), l'hydrotalcite (Rennieliquo®) et les associations de sels avec des anti-flatulents (Rennie Deflatine®, Polysilane Delalande®)
  • Les associations ciblant Helicobacter pylori : Pylera®
  • Les analogues de prostaglandines (comme le Cytotec®) ne sont aujourd'hui plus commercialisés dans l'indication antiulcéreuse, en raison de leur usage détourné (IVG et déclenchement de l'accouchement).

Quels sont les effets secondaires d'un antiulcéreux ? 

Les antiulcéreux sont globalement bien tolérés. Ils peuvent parfois entraîner des troubles digestifs (exemples : constipation avec le sucralfate ou les sels d'aluminium ; diarrhées avec les sels de magnésium ; diarrhées, nausées, vomissements et douleurs abdominales avec les IPP ; sécheresse buccale, pertes d'appétit, ballonnements, nausées et vomissements avec les antihistaminiques H2), des maux de tête, des vertiges, de la fatigue ou des étourdissements et dans de rares cas, des réactions allergiques, des atteintes hépatiques (exemple : IPP et  antihistaminiques H2) ou encore des troubles rénaux (exemple : néphrite interstitielle aigüe avec des IPP et la cimétidine). Les antihistaminiques H2 peuvent également entraîner, bien que très rarement : des troubles du rythme cardiaque, de la confusion (surtout chez la personne âgée et l'insuffisant rénal), des hallucinations, des anomalies de la numération de formule sanguine, des chutes de cheveux, une dépression, de la gynécomastie et des écoulements de lait. Le Pylera® peut donner un goût métallique dans la bouche en plus d'autres troubles digestifs courants. Les effets néfastes des antiulcéreux résident surtout dans les risques d'interactions car en modifiant le pH de l'estomac ou en formant une barrière protectrice, ils sont susceptibles de modifier l'absorption des autres médicaments, mais aussi des nutriments. Il faut donc s'assurer de l'absence d'interaction médicamenteuse et, en cas de prise d'un antiacide topique gastrique (formant une barrière protectrice sur la paroi de l'estomac), éviter la prise des autres médicaments dans les 2 heures qui suivent et qui précèdent. Aussi, la diminution de l'acidité gastrique pourrait entraîner au long cours des fractures osseuses, de l'hypomagnésémie (déficit en magnésium) et des infections telles que des pneumopathies ou des infections digestives, bien que cela soit encore controversé à ce jour.

Quelles sont les contre-indications d'un antiulcéreux ?

Les antiulcéreux ne doivent être pris que si l'état de santé le justifie, de préférence après un avis médical, et dans le respect de leurs indications. En effet, leur prise pourrait retarder le diagnostic d'un ulcère ou encore d'un cancer de l'estomac, et ainsi retarder une prise en charge adéquate. Tous les antiulcéreux sont contre-indiqués en cas d'hypersensibilité à la substance active ou à un excipient du médicament. Les IPP sont également contre-indiqués avec le nelfinavir. Les antihistaminiques H2 (cimétidine) sont aussi contre-indiqués avec le carvédilol et sont déconseillés avec la phénytoïne, la carmustine et la lomustine. Le sucralfate et certains antiacides contenant du magnésium ou de l'aluminium ne sont pas recommandés en traitement prolongé en cas d'insuffisance rénale chronique du fait des risques d'encéphalopathie et d'hypophosphatémie. Gelox®, en raison de la présence d'argile, est également contre-indiqué en cas de sténose du tube digestif. Enfin, il peut exister certaines autres contre-indications propres à chaque molécule antiulcéreuse.