Médicaments anesthésiques : types, nom, comment ça marche ?

Les anesthésiques sont utilisés pour supprimer les sensations douloureuses. Qu'est-ce que c'est exactement ? Un gaz ? Une solution injectable ? Comment agissent-ils ? Dans quels cas les utiliser ? Quels sont les risques et les contre-indications ?

Médicaments anesthésiques : types, nom, comment ça marche ?
© stylephotographs-123RF

Définition : c'est quoi un médicament anesthésique ?

Un anesthésique général permet d'induire temporairement une perte de conscience (état comparable au sommeil), une immobilité et une amnésie en vue de réaliser un geste médical douloureux. Le patient est donc incapable de réagir à la douleur. Dans le cadre d'une intervention chirurgicale, il est fréquemment associé à un analgésique et à un relaxant musculaire. Un anesthésique local est utilisé pour prévenir les douleurs liées à des soins ou à des actes médicaux et pour soulager des douleurs causées par un zona. Son action cible une zone précise. 

Quels sont les différents types d'anesthésiques ? 

Les anesthésiques généraux se présentent sous deux formes : 

  • les gaz inhalés (protoxyde d'azote, agents halogénés) 
  • les solutions injectables par voie intraveineuse

Les anesthésiques locaux présentent diverses utilisations, ils regroupent les anesthésiques : 

  • de la peau et des muqueuses (Emlapatch®, Emla crème®)
  • à usage dentaire (solutions injectables) et buccale (Dentobaume®)
  • à usage ophtalmologique (collyres)
  • à usage ORL (gouttes auriculaires, pastilles, collutoires)
  • gastro-œsophagiens et de l'urètre (gels)    
  • pour infiltrations (injectés seuls ou en association à un corticoïde dans le canal carpien ou au niveau d'une articulation)
  • de la colonne vertébrale (injectés dans le liquide céphalo-rachidien au contact de la moelle épinière)
  • pour péridurales. Couramment utilisés lors d'un accouchement, ils sont administrés entre les méninges entourant la moelle épinière et les vertèbres lombaires. 
  • sous forme d'emplâtres médicamenteux (pour les douleurs liées au zona)

Il existe également des anesthésiques moins spécifiques employés par exemple pour l'anesthésie locale ou loco-régionale du bras dans le cadre d'une chirurgie. Ce sont des anesthésiques de conduction (solutions injectables qui insensibilisent une zone par un blocage de l'influx nerveux). Plusieurs anesthésiques sont exclusivement réservés à un usage hospitalier : les anesthésiques généraux, les anesthésiques locaux indiqués dans l'anesthésie de la colonne vertébrale et la péridurale. Par ailleurs, les anesthésiques à usage ophtalmique et dentaire sont uniquement destinés à un usage professionnel. 

Comment agit un anesthésique ?

Un anesthésique général exerce une action au niveau du cerveau et de la moelle épinière. Le mécanisme d'action est partiellement connu. Ce type de médicament stimule plusieurs récepteurs au niveau des neurones dont le récepteur GABA-A. Le GABA (acide gamma-aminobutyrique) est un neurotransmetteur qui freine la transmission des signaux nerveux. Un anesthésique local bloque le passage du sodium à l'intérieur des fibres nerveuses cibles. Cette action rend la peau et les muqueuses insensibles à la douleur par une diminution de l'amplitude et de la vitesse de l'influx nerveux. Seuls les nerfs situés dans la zone d'administration sont insensibilisés. Son délai d'action est de l'ordre de quelques dizaines de secondes.

Quelles sont les indications des médicaments anesthésiques ?

Les anesthésiques généraux, administrés par inhalation ou par voie intraveineuse, sont utilisés pour induire une perte de connaissance avant une intervention chirurgicale ou un acte médical qui le nécessite (fibroscopie, coloscopie). Les médicaments anesthésiques locaux sont notamment indiqués dans le traitement préventif de la douleur localisée :  
► avant une exploration de l'appareil urinaire (Xylocaïne gel urétral®), d'une fibroscopie de l'œsophage, de l'estomac ou du larynx (Xylocaïne visqueuse®) 
► avant une intervention chirurgicale ou un acte médical douloureux : anesthésie oculaire (extraction d'un corps étranger, mesure de la pression oculaire), anesthésie de la bouche, des gencives et des tissus environnants (extraction d'une dent, pose d'un implant dentaire, retrait d'une tumeur de la bouche), anesthésie de la peau (prise de sang, pose d'un cathéter, chirurgie superficielle, nettoyage d'une plaie comme un ulcère de jambe ou une escarre). Une anesthésie de conduction peut être réalisée dans le cadre d'une chirurgie. Cette technique consiste à anesthésier les nerfs pour rendre insensibles les territoires qui y sont associés. 
Par ailleurs, les anesthésiques locaux sont prescrits pour soulager localement les douleurs qui se caractérisent par : 

Quels sont les effets secondaires des anesthésiques ? 

Quelle que soit leur zone d'administration, les anesthésiques locaux sont fréquemment responsables d'irritations, de démangeaisons, d'éruptions cutanées voire de brûlures. Des réactions allergiques se manifestant par une inflammation de la peau ou plus rarement un choc allergique grave peuvent survenir. Plus spécifiquement, la crème Emla® peut induire des œdèmes et une pâleur au site d'application. Les pastilles et les collutoires contenant un anesthésique local causent fréquemment un engourdissement de la langue et du pharynx. Il existe un risque de fausse-route pouvant provoquer un étouffement. Pour limiter ce risque, ces médicaments ne doivent pas être administrés dans les 15 minutes précédant la prise d'un repas ou d'une boisson. Les anesthésiques généraux peuvent causer une dépression respiratoire ou une hypotension artérielle. Les autres effets secondaires (atteintes du foie et des reins, hallucinations) diffèrent en fonction de la molécule. Les effets secondaires causés par la lidocaïne en solution injectable ou en gel urétral sont principalement des troubles cardiovasculaires (hypotension, diminution des palpitations cardiaques, arrêt cardiaque en cas de surdosage) et des troubles neurologiques (perte de conscience, convulsions, maux de tête, agitation).

Quelles sont les contre-indications des anesthésiques ?

Tous les anesthésiques sont contre-indiqués en cas d'une allergie à l'un des composants du médicament. Les médicaments à base de lidocaïne ne doivent pas être prescrits chez les patients ayant une porphyrie (maladie héréditaire rare). L'administration par voie intraveineuse est formellement proscrite pour des concentrations supérieures à 5 mg/mL, chez les enfants de moins de 5 ans et lorsque la spécialité comporte de l'adrénaline. Concernant les gels anesthésiants, Xylocaïne® en gel urétral et Xylocaïne visqueuse® (réservée à l'adulte) sont contre-indiquées chez les patients souffrant d'épilepsie non contrôlée. En anesthésie à usage ORL, les pastilles ne peuvent être administrées chez les enfants qu'à partir de 6 ans. Les collutoires peuvent être pris dès l'âge de 6 ans voire 12 ans pour certains (Eludril®). En outre, l'utilisation de gouttes auriculaires est contre-indiquée en cas de perforation du tympan. Les emplâtres médicamenteux de Versatis® (indiqués dans les douleurs du zona) ne doivent pas être appliqués sur une peau inflammatoire ou lésée. Les anesthésiques généraux présentent peu de contre-indications. Les agents halogénés ne doivent pas être administrés en cas d'hypertension intracrânienne. Le protoxyde d'azote quant à lui est formellement contre-indiqué en cas de pneumothorax (présence d'air dans la double membrane enveloppant les poumons).

Sources : 

- Base de données publique des médicaments

- Inforhumato.com

- Anesthésiques généraux et médicaments utilisés en anesthésie : les points essentiels, pharmacomédicale.org 

- Anesthésiques locaux : les points essentiels, pharmacomédicale.org 

Autour du même sujet