Psychotrope : définition, liste, effets secondaires, drogue ?

Antidépresseurs, tranquillisants, somnifères… Les médicaments psychotropes sont couramment prescrits en France. Quand en prendre ? Quels sont leurs effets, risques et contre-indications ?

Psychotrope : définition, liste, effets secondaires, drogue ?
© facesportrait-123RF

Quelle est la définition d'un médicament psychotrope ? 

Un médicament psychotrope contribue au maintien de la santé mentale en traitant notamment la dépression, l'anxiété, la schizophrénie. A contrario, une drogue psychotrope perturbe l'activité mentale par des effets délétères sur la concentration, la mémoire et les perceptions. La majorité de ces drogues sont illicites (cannabis, cocaïne, héroïne, …). À noter que la prise d'un médicament psychotrope à fortes doses ou sur une longue période peut conduire à un état de dépendance comparable à celui d'une drogue. 

Comment agit un psychotrope ?

Un médicament psychotrope agit sur le système nerveux central, il module l'activité cérébrale en se fixant sur des récepteurs présents à la surface des neurones. Cette fixation permet de stimuler ou de bloquer la libération de neurotransmetteurs tels que la sérotonine, la noradrénaline, la dopamine, l'histamine, le GABA pour induire des effets neurologiques comme la sédation, la diminution de l'anxiété, la régulation de l'humeur, etc.

Indication : quand prendre un psychotrope ?

► Les antidépresseurs sont principalement indiqués dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs et la prévention des rechutes ainsi que le traitement des troubles psychiatriques (état de stress post-traumatique, trouble panique, trouble d'anxiété généralisé). D'autres indications existent : 

► Les anxiolytiques sont utilisés pour traiter les manifestations anxieuses sévères et invalidantes et les effets liés au sevrage alcoolique. Les médicaments Urbanyl® et Valium® (en gouttes) sont aussi indiqués dans le traitement de l'épilepsie
► Les régulateurs de l'humeur présentent à la fois une action curative et préventive sur les troubles bipolaires et les épisodes dépressifs associés.
► Les somnifères sont quant à eux administrés pour traiter une insomnie occasionnelle ou une insomnie transitoire.
► Les neuroleptiques sont prescrits pour traiter les crises liées à la schizophrénie et aux troubles bipolaires et prévenir les rechutes. Ils sont aussi administrés en cas de paranoïa ou d'hallucinations. Plus spécifiquement, la clozapine est utilisée pour traiter les troubles psychotiques chez un patient parkinsonien (si le traitement de première ligne est inefficace). Les médicaments Tercian® et Xeroquel® sont aussi indiqués comme traitements de l'anxiété et de la dépression sévère (en association à un antidépresseur). 
► Pour finir, les psychostimulants traitent le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) chez l'enfant à partir de 6 ans et la narcolepsie (en cas d'inefficacité du traitement recommandé).

Liste : quels sont les principaux médicaments psychotropes ?

Les antidépresseurs qui se décomposent en plusieurs catégories : 

  • les tricycliques (ou imipraminiques) : la clomipramine (Anafranil®), l'amitriptyline (Laroxyl®), la dosulépine (Prothiaden®), l'imipramine (Tofranil®), etc.
  • les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) : le citalopram (Seropram®), l'escitalopram (Seroplex®), la fluoxétine (Prozac®), la paroxétine (Deroxat®) et la sertraline (Zoloft®)
  • les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) : la duloxétine (Cymbalta®), la venlafaxine (Effexor®)
  • les inhibiteurs de monoamine oxydase (IMAO) : l'iproniazide (Marsilid®) et le moclobémide (Moclamine®)
  • les autres antidépresseurs : la miansérine, la mirtazapine (Norset®), la vortioxétine (Brintellix®)

►  Les anxiolytiques (tranquillisants) :

  • les benzodiazépines : l'alprazolam (Xanax®), le bromazépam (Lexomil®), le diazépam (Valium®), le prazépam (Lysanxia®), l'oxazépam (Seresta®), le clobazam (Urbanyl®), etc.
  • les antihistaminiques : l'hydroxyzine (Atarax®)

►  Les hypnotiques (somnifères) : 

  • les benzodiazépines et apparentés : le loprazolam (Havlane®), le lormétazépam, la zopiclone (Imovane®), le zolpidem (Stilnox®), etc.
  • les antihistaminiques : la doxylamine (Donormyl®), l'alimémazine (Théralène®) et la prométhazine (Phénergan®)

►  Les normothymiques (régulateurs de l'humeur) : le lithium (Teralithe®) et certains antiépileptiques (Tégrétol®, Lamictal®, Dépakote® et Depamide®)

►  Les neuroleptiques (antipsychotiques) :

  • 1re génération : la cyamémazine (Tercian®), l'halopéridol (Haldol®), la chlorpromazine (Largactil®), le pimozide (Orap®), etc.
  • 2e génération (neuroleptiques dits atypiques) : l'aripiprazole (Abilify®), l'amisulpride (Solian®), la clozapine (Leponex®), la quétiapine (Xeroquel®), la rispéridone (Risperdal®), etc.

►  Les psychostimulants : le méthylphénidate (Quasym®, Ritaline®, Medikinet®)

Quels sont les effets secondaires des psychotropes ?

Tous les antidépresseurs peuvent aggraver l'état dépressif pendant les 2 premières semaines du traitement. Son efficacité apparaîtra dans un délai de 2 à 3 semaines. 
► Les tricycliques sont fréquemment responsables de somnolence, de tremblements, de maux de tête, de nausées et d'insomnie. D'autres effets sont fréquents : constipation, bouche sèche, douleurs abdominales, troubles visuels associés à un risque de glaucome, palpitations cardiaques et rétention urinaire. Une prise de poids et une hypotension orthostatique sont souvent observées.
► Les effets secondaires des ISRS et les IRSNA sont des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées voire constipation), des maux de tête, des troubles du sommeil, des vertiges de l'anxiété et de la fatigue. De même, une variation du poids, une sécheresse buccale, une atteinte du foie et des palpitations cardiaques sont rapportées.  
► Les effets secondaires les plus fréquents avec les IMAO sont une insomnie, une irritabilité, des vertiges, des maux de tête et une sécheresse de la bouche.
Les anxiolytiques induisent fréquemment de la somnolence, des vertiges, des difficultés à se concentrer et une constipation. Ces médicaments présentent un risque de diminution progressive de leur efficacité. L'organisme s'habitue au médicament et le patient est tenté d'augmenter les doses. À noter que toute modification de la posologie doit être réalisée par un médecin. 

Les hypnotiques sont associés à un risque de chutes, de maux de tête, de cauchemars, de fatigue, d'hallucinations. Les antihistaminiques (anxiolytiques ou hypnotiques) causent fréquemment des vertiges, une somnolence, une constipation, une hypotension orthostatique, des palpitations cardiaques, mais également une rétention urinaire et des troubles visuels pouvant conduire à un glaucome. 
En outre, les benzodiazépines (anxiolytiques ou hypnotiques) exposent à un risque de dépendance avec un syndrome de sevrage en cas d'interruption brutale du traitement (sans espacement des doses). Ce phénomène se manifeste par de l'anxiété, une insomnie, des tremblements, des maux de tête, des crampes et des nausées. Pour cette raison, la prescription de la plupart des anxiolytiques est limitée à 12 semaines, et celle des hypnotiques à 4 semaines. En raison de la somnolence induite par ces traitements, une vigilance est requise chez les conducteurs de machines et chez les personnes âgées (risque de chutes majoré).

Le lithium est souvent responsable de tremblements des extrémités, d'une prise de poids, de troubles de la mémoire, de troubles du rythme cardiaque, de nausées et vomissements, d'une soif intense et d'œdèmes périphériques. Les effets secondaires des épileptiques utilisés comme régulateurs de l'humeur sont ceux des antiépileptiques de 1re génération, à savoir une atteinte du foie, des nausées, des maux de tête, des vertiges et de la somnolence.
Les effets indésirables des neuroleptiques sont notamment une prise de poids (jusqu'à 20 kg avec la clozapine), de la somnolence, des troubles cardiaques, des symptômes anticholinergiques (rétention urinaire, bouche sèche, constipation, troubles visuels, palpitations cardiaques). Les neuroleptiques de 1re génération causent fréquemment des mouvements anormaux et des tremblements, plus rares avec les neuroleptiques de 2e génération. Une vigilance est requise avec la clozapine pouvant induire une chute importante des globules blancs. Pour cette raison, sa délivrance est soumise à un dosage des globules blancs une fois par semaine durant les 18 premières semaines du traitement. 
Les spécialités à base de méthylphénidate provoquent des rhinopharyngites, une diminution de l'appétit associée à une perte de poids, de l'insomnie, de l'anxiété, des maux de tête, une hypertension, des vertiges et de la somnolence. Chez les enfants prenant ce traitement, une surveillance du poids, de la taille, de l'appétit, de la pression artérielle et des troubles psychiatriques est effectuée tous les 6 mois. 

Quelles sont les contre-indications des psychotropes ?

Tous les psychotropes sont contre-indiqués en cas d'allergie à l'un des composants du médicament. Concernant les antidépresseurs 

► Les tricycliques ne doivent pas être pris en cas de risque de glaucome à angle fermé ou de rétention urinaire, d'infarctus du myocarde récent, et dans certains cas de maladie sévère du foie.
Les ISRS et les IRSNA présentent peu de contre-indications spécifiques. Le citalopram ne doit pas être administré chez un insuffisant rénal sévère. De plus, le citalopram et l'escitalopram sont contre-indiqués en cas de troubles cardiaques (allongement de l'espace QT). La duloxétine quant à elle est proscrite en cas de maladie du foie, d'insuffisance rénale sévère, d'hypertension artérielle non équilibrée. Les tricycliques, les ISRS et les IRSNA ne doivent pas être associés à un IMAO au risque d'induire un syndrome sérotoninergique (agitation, tremblements, fièvre).
La prise d'IMAO doit être évitée en cas d'allaitement, d'insuffisance hépatique et de phéochromocytome (tumeur des glandes surrénales). La consommation d'aliments riches en tyramine et en tryptophane (fromages fermentés, viandes faisandées, extraits de levures) est à exclure durant le traitement. Une telle association peut entrainer des crises hypertensives graves voire mortelles.
► Les contre-indications des benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques sont l'apnée du sommeil, l'insuffisance respiratoire sévère, l'altération de la fonction du foie et la myasthénie (maladie qui affaiblit les muscles).
► Les antihistaminiques (anxiolytiques ou hypnotiques) sont contre-indiqués en cas de risque de rétention urinaire et d'antécédents de glaucome à angle fermé.
Le médicament Teralithe® ne doit pas être pris en cas d'insuffisance rénale difficile à surveiller, d'insuffisance cardiaque, de maladie d'Addison (maladie des glandes surrénales), de syndrome de Brugada (maladie cardiaque grave), chez les patients allergiques au blé et les femmes allaitantes.
Les neuroleptiques ne présentent pas tous les mêmes contre-indications. Les plus fréquemment retrouvées sont : un glaucome à angle fermé, un risque de rétention urinaire, une atteinte cardiaque (troubles du rythme, espace QT augmenté), insuffisance rénale ou hépatique sévère, carence en potassium. Leur utilisation doit être limitée chez les patients ayant la maladie de Parkinson en raison du risque d'aggravation des symptômes. Seule la clozapine est recommandée dans ce cas, elle est mieux tolérée que les autres neuroleptiques.
Le méthylphénidate présente de nombreuses contre-indications : glaucome, hyperthyroïdie, dépression sévère, schizophrénie, troubles bipolaires, hypertension sévère, insuffisance cardiaque et angine de poitrine.

Sources : 
- Base de données publique des médicaments, ANSM
- Observatoire français des drogues et des tendances addictives

Autour du même sujet