Antidépresseurs : liste, effets, indications, sevrage
Prescrits de manière encadrée, les antidépresseurs sont des médicaments qui peuvent aider à diminuer les symptômes d'une dépression. Quels sont leurs effets ? Lesquels sont légers ? Puissants ? Sont-ils disponibles sans ordonnance ? Sont ils dangereux à long terme ? Liste, effets secondaires et précautions avec le Dr Patrick Lemoine, psychiatre.
Définition : qu'est ce qu'un antidépresseur ?
Les antidépresseurs sont des médicaments psychotropes, ce qui signifie qu'ils contiennent des substances qui agissent sur le psychisme. Ils ont pour but de traiter les symptômes d'une dépression : tristesse, idées noires, abattements, insomnies, angoisses… "Il existe 2 catégories de dépression : la dépression sévère pour laquelle les antidépresseurs sont indispensables du fait de la souffrance et du risque suicidaire et la dépression modérée ou légère, de très loin la plus fréquente, et qui ne nécessite la prise d'antidépresseurs qu'au cas par cas", explique le Dr Patrick Lemoine.
Liste : noms des principaux antidépresseurs en France
Il existe 4 grandes familles d'antidépresseurs et une trentaine de médicaments différents. Les différentes catégories sont :
- Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) : Citalopram®, Divarius®, Escitalopram®, Floxyfral®, Fluoxétine®, Paroxétine®, Prozac®
- Inhibiteurs de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) : Cymbalta®, Duloxétine®, Venlafaxine®
- Inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) : Moclamine® et Marsilid®
- Imipraminiques : Anafranil®, Clomipramine®, Tofranil®, Défanyl®
Noms des antidépresseurs légers
Stablon® est prescrit en cas de troubles légers. "Mais certaines plantes peuvent être tout aussi efficaces, voire même davantage, que les antidépresseurs classiques dans le traitement de dépressions légères et modérées : c'est le cas de Mélioran® (une combinaison de Safran et Rhodiole), remarque le Dr. Lemoine. En revanche, il n'aura pas d'effet dans les dépressions sévères."
Les effets bénéfiques se font sentir entre 2 et 6 semaines,
Quelles sont les indications ?
Les antidépresseurs sont prescrits pour soulager les symptômes de la dépression, en particulier la tristesse et l'abattement. "Certains d'entre eux peuvent aussi être utilisés en traitement de certaines formes d'anxiété. Les effets bénéfiques tardent un peu à se faire sentir, entre 2 et 6 semaines, précise le Dr Lemoine. C'est la raison pour laquelle en cas de symptômes très gênants, un anxiolytique peut y être associé les premiers jours".
Comment agissent-ils ?
Il faut d'abord comprendre comment fonctionne le cerveau. "Les synapses permettent la circulation des informations entre les neurones, grâce à des neurotransmetteurs, que sont notamment la sérotonine et la noradrénaline, explique le psychiatre. Chez les personnes dépressives, il existe un déséquilibre de certains neurotransmetteurs. En équilibrant les concentrations en ces neurotransmetteurs, les antidépresseurs favorisent la transmission des messages entre les neurones". A la clé, ils aident à retrouver le sommeil, l'appétit, l'énergie, des pensées positives…
Disponibles avec ou sans ordonnance ?
Cette classe de médicaments n'est délivrée que sur ordonnance. "En règle générale, il faut toujours faire un électrocardiogramme auparavant car ils peuvent entraîner une aggravation de certains troubles du rythme cardiaque avec un risque de mort subite", recommande notre expert.
Quels sont les effets secondaires ?
Ils varient en fonction du type de médicaments et la sensibilité des patients. Mais on retrouve :
- Somnolence
- Constipation, sécheresse de la bouche, anurie (prostate) pour les imipraminiques
- Prise ou, plus rarement, perte de poids
- Excitation
- Baisse de la libido et difficultés érectiles (tous mais en particulier la paroxétine et les IRS)
- Baisse de tension en position debout avec vertiges en se relevant
- Problèmes de mémoire, surtout avec les imipraminiques chez les personnes âgées
- Problèmes d'accommodation au niveau de la vue
Ces médicaments n'entraînent pas de risque de dépendance ou d'accoutumance. Néanmoins il convient de ne pas les arrêter d'un coup (syndrome d'interruption).
Quels sont les risques d'interactions médicamenteuses ?
"Les antidépresseurs peuvent interagir avec d'autres médicaments. Les imipraminiques, par exemple, peuvent augmenter les effets de ceux contre l'hypertension artérielle ainsi que de certains antihistaminiques présents dans les médicaments contre le rhume, les allergies et l'insomnie", prévient le Dr. Lemoine. Il est donc indispensable de prévenir votre médecin avant tout traitement.
Antidépresseurs et alcool : quels dangers ?
La consommation d'alcool est déconseillée avec la prise d'antidépresseur car les effets combinés de ces deux substances peuvent engendrer des troubles du comportement et une ivresse plus rapide.
Quelles sont les contre-indications ?
→ Les antidépresseurs contre contre-indiqués lors de la grossesse et de l'allaitement et en cas d'anomalie à l'ECG (QTc long).
→ Les imipraminiques sont contre-indiqués en cas d'adénome de la prostate
→ En cas de trouble bipolaire (maniaco-dépression). Ce sont alors les régulateurs de l'humeur comme le lithium ou la lamotrigine, le Dépakote et le Tégrétol qui doivent prendre le relais et être pris définitivement.
Quelle est la durée de la prise ?
En moyenne, elle est de 6 mois après la disparition des symptômes, renouvelable si les troubles dépressifs perdurent. "Il n'est pas rare qu'un antidépresseur soit pris durant plusieurs années, notamment dans le trouble panique", assure le psychiatre.
Comment arrêter un antidépresseur ?
"Il ne faut jamais arrêter votre traitement antidépresseur de votre propre chef, même si vous sou sentez bien mieux. C'est l'une des principales causes de rechute", assure le psychiatre. L'arrêt du traitement se fait en accord commun entre le patient et son médecin prescripteur. Les doses sont alors réduites progressivement sur une période pouvant durer de quelques jours (entre 2 et 5) à plusieurs mois, afin d'éviter le symptôme d'interruption. Celui-ci peut se manifester par des symptômes très désagréables comme un syndrome grippal, de l'anxiété, de l'irritabilité, des cauchemars ou encore des insomnies. Dès lors, le médecin peut choisir d'augmenter de nouveau les doses avant de mettre en place un calendrier encore plus progressif.
Merci au Dr Patrick Lemoine, psychiatre.