C'est quoi le bacille de Koch ?

C'est quoi le bacille de Koch ?

Le bacille de Koch (BK) attaque les poumons et peut entraîner des complications mortelles.

Découvert en 1882 par le médecin et biologiste allemand Robert Koch, le bacille de Koch (BK) est le germe responsable de la tuberculose, l'un des fléaux sanitaires planétaires de notre époque. "Il appartient à la famille des mycobactéries du complexe Mycobacterium tuberculosis, nous précise le Pr Roland Brosch, chef de l'unité de Pathogénomique mycobactérienne intégrée à l'Institut Pasteur. Cette bactérie est un agent pathogène obligatoire, spécialisée dans l'infection de l'homme. Typiquement, c'est une bactérie des voies respiratoires, qui attaque les poumons." Trois types de tuberculose sont répertoriés, en fonction de la localisation du foyer infectieux. "La forme la plus connue est la tuberculose infectieuse pulmonaire de l'adolescent et de l'adulte. Les enfants sont plutôt touchés par d'autres types de tuberculose, la tuberculose miliaire et la tuberculose méningite. Une tuberculose non contrôlée et en l'absence de traitement continue, la maladie peut prendre une forme grave. Elle se dissémine dans le corps, provoquant des tuberculoses extra pulmonaires, comme au niveau des os (tuberculose osseuse) ou de l'encéphale (encéphalite tuberculeuse par exemple)".

Comment se transmet le bacille de Koch ?

Le bacille de Koch se transmet par voies aériennes, via des micro-gouttelettes qui comprennent une charge bactérienne émise lorsqu'une personne infectée tousse. La transmission est rapide. En l'absence de traitement, l'Institut Pasteur rapporte qu'une personne infectée contamine entre 5 et 15 personnes en moyenne.

Une bactérie présente en France ?

En 2020, Santé Publique France a déclaré 4 606 cas de tuberculose (contre 5 106 cas en 2019). Trois catégories de populations ont été identifiées comme étant les plus infectées. Il s'agissait des personnes sans domicile fixe, des personnes nées hors de France ainsi que des personnes détenues. En effet, cette maladie est souvent associée à un contexte défavorisé. Hormis la France, la tuberculose est considérée par l'OMS comme une urgence sanitaire planétaire. "La tuberculose est l'une des premières maladies infectieuses dans le monde, faisant plus de 10 millions de nouveaux cas tous les ans et entraînant la mort de près de 1,4 million de personnes chaque année". 

Quels symptômes ?

La tuberculose est une maladie complexe, et le développement de celle-ci dépend de plusieurs facteurs, notamment de l'infection avec une souche virulente du bacille de Koch, mais aussi de l'état immunitaire et les conditions de vie de la personne infectée. "Généralement, le bacille de Koch est plus facilement contrôlé par les personnes en bonne santé. En cas d'infection, le système immunitaire essaie de détruire le bacille de Koch, souvent en vain. Par la respiration, le bacille parvient jusqu'aux alvéoles pulmonaires, puis est ingéré par les macrophages alvéolaires. Ces cellules immunitaires tentent de le neutraliser, mais le BK peut se défendre et rester vivant. Un granulome, une lésion inflammatoire proliférative contenant le bacille, se forme alors dans les poumons. Ce granulome peut souvent contenir l'infection via un contrôle immunitaire de la multiplication du bacille de Koch, explique le Pr Brosch. En d'autres termes, lorsque ce bouclier immunitaire piège le bacille dans le granulome, le bacille reste à l'état "dormant" ou "latent". En cas de déficience ou de faiblesse immunitaire, le bacille de Koch peut se multiplier et ainsi provoquer le développement d'une tuberculose active. Dans ce cas, le granulome est détruit, et les bactéries sont retransmises dans les voies aériennes, notamment avec du sang, d'où l'un des symptômes typiques de la maladie : la toux sanguinolente. Ainsi, lors de la toux, le BK est redistribué à d'autres personnes. L'autre symptôme est la fièvre persistante

Comment détecter le bacille de Koch ?

En cas de suspicion de tuberculose en présence de symptômes évocateurs, des examens biologiques sont envisagés. La mise en culture (analyse des crachats) ou le test rapide PCR peut être prescrit. De plus, il existe aussi des marqueurs immunologiques dans le sang et les tests sanguins permettent de diagnostiquer le contact potentiel avec le bacille. En revanche, en cas de test positif, les biologistes ignorent s'il s'agit d'une tuberculose latente ou active. Un diagnostic précoce permet d'éviter la transmission à d'autres personnes. 

Est-ce qu'on peut guérir de cette bactérie ?

Le traitement standard de la tuberculose repose sur la prise de 4 antibiotiques antituberculeux de première intention. "Ces traitements doivent être administrés ensemble en cas de tuberculose sensible et non-résistante. Il s'agit de l'isoniazide, de la rifampicine, du pyrazinamide et de l'éthambutol, répond le spécialiste. La prise dure plusieurs mois, car en cas de tuberculose active, la charge bactérienne dans les poumons est très élevée. Chaque antibiotique attaque le bacille par un ciblage différent, et ainsi cette combinaison empêche le bacille de Koch de s'échapper du traitement par des mutations. Dans le cas contraire, le bacille de Koch a les facultés de devenir résistant au traitement." Après deux mois de ces 4 antibiotiques, deux sont donnés pendant les 4 mois suivants. La durée du traitement standard est donc de 6 mois. "Si le patient suit son traitement, respecte sa posologie et sa durée, alors il va guérir. Plus de 98 % des patients sont traités à l'aide de ce traitement standard."

Suivre le traitement jusqu'au bout, même si les symptômes diminuent

En deuxième intention : pour faire face à l'un des problèmes majeurs actuels est le développement de l'antibiorésistance, qui participe à l'aggravation de la maladie, "il faut utiliser des médicaments antituberculeux de deuxième ou troisième intention, avec lesquels le traitement est plus long, plus coûteux et plus difficile. Dans certains cas, nous parlons de bactéries extensivement résistantes, lorsqu'elles résistent à la plupart des molécules disponibles. Ainsi, il est très important de poursuivre la recherche pour développer des nouvelles molécules antituberculeuses, qui pourraient être utilisées contre les souches multi- et extensivement résistantes."

Faut-il opérer ?

"La chirurgie peut être évoquée, malgré des risques importants. L'idéal est donc de savoir rapidement si une souche est résistante à un traitement. Aussi, il est indispensable pour le patient de suivre le traitement jusqu'au bout, même si les symptômes diminuent. Sinon, c'est ainsi que des rechutes de la maladie apparaissent et des souches résistantes se développent."

Comment prévenir une infection ?

La vaccination des enfants par le BCG (Bacille de Calmette et Guérin) avant la scolarité n'est plus obligatoire depuis 2007 en France, mais reste recommandé chez les enfants à risque élevé de tuberculose, notamment pour les protéger des formes graves. "Les enfants sont sensibles à la tuberculose, et la vaccination par le BCG permet d'éviter les méningites et les encéphalites. Toutefois, cette immunité qui fonctionne bien sur les enfants, diminue au moment de l'adolescence. C'est pourquoi les adolescents et les adultes peuvent faire une tuberculose active malgré la vaccination. Même si cette maladie remonte en nombre dans des contextes particuliers, comme la pauvreté ou la guerre, la tuberculose reste un problème majeur dans de nombreuses grandes villes, incluant Paris, détaille le spécialiste. Trouver un nouveau vaccin qui empêcherait les adolescents et les adultes de développer la tuberculose pulmonaire est l'une de nos cibles, et c'est pourquoi la recherche active sur le BCG et d'autres candidats vaccins continue."