Comment reconnaître un ganglion cancéreux ?
Un ganglion peut souvent gonfler en cas d'infection virale banale comme un rhume, une grippe ou un Covid. Mais si ça persiste, il faut s'assurer que ce n'est pas une raison plus grave comme un cancer.
Les ganglions sont de petits organes en forme de haricot qui sont répartis dans tout l'organisme, au sein d'un réseau appelé système lymphatique, composé également des vaisseaux lymphatiques, des amygdales, de la rate. On en dénombre plus de 800 situés dans l'ensemble du corps : cou, aisselle, aine (ganglions superficiels) ou encore abdomen et thorax (ganglions profonds). Les ganglions ont pour vocation de défendre l'organisme contre les infections et les agents étrangers. Concrètement, les lymphocytes (globules blancs) vont rencontrer l'agent étranger (bactérie, virus par exemple en cas d'infection) et le combattre. C'est la raison pour laquelle ces ganglions vont gonfler en cas d'infection, entre autre, on parle alors d'adénopathie (ADP). On distingue les ADP localisés, des ADP multiples.
Qu'est-ce qui peut faire gonfler un ganglion ?
Les ganglions peuvent augmenter de volume pour diverses raisons. La cause la plus fréquente d'une adénopathie est infectieuse : syndrome viral comme la grippe, rhume, Covid, mononucléose, toxoplasmose ou plus rarement VIH…Les ganglions gonflent là où l'infection est localisée. "Par exemple, en cas de toux, rhinite, avec un virus de la sphère ORL, ce sont les ganglions du cou qui gonflent", détaille le Dr Clémentine Sarkozy. Si l'infection se produit au niveau génital ou inguinal, ce sont les ganglions inguinaux qui vont augmenter de volume. Une coupure sur le bras, si elle se surinfecte, peut provoquer une adénopathie au niveau des ganglions sous-axillaires ou du coude. L'orientation entre une cause bénigne (infection, VIH, maladie auto-immune par exemple) ou maligne (c'est-à-dire tumorale), comme un lymphome, se fait sur de multiples arguments, comme le nombre d'ADP, mais surtout la durée d'évolution. "Bien que cette cause soit beaucoup plus rare, il faut savoir l'éliminer car le lymphome constitue le 6e cancer en France avec 20 000 cas par an", continue-t-elle.
Comment reconnaître un ganglion cancéreux ?
Même si toute adénopathie doit amener à consulter un médecin, certains éléments peuvent être évocateurs d'un ganglion d'origine maligne :
► La durée d'évolution : un ganglion bénin dégonfle généralement en quelques jours. Si le ganglion ne disparaît pas, une consultation médicale s'impose :
► La taille : les ganglions qui mesurent moins de 1cm ne sont pas pathologiques ;
► L'aspect : un ganglion très dur, caillouteux et très adhérent au plan profond ;
► La douleur : un ganglion inflammatoire, lié à une infection, est volontiers douloureux ;
► La rougeur : une inflammation locale due à une piqûre ou à une griffure par va orienter le médecin dans ses hypothèses diagnostiques ;
► Les symptômes associés : un rhume, une griffure, une morsure de tique ou une coupure provoquent une adénopathie bénigne. À contrario, certains arguments cliniques sont en faveur d'une cause maligne, notamment si l'adénopathie s'accompagne d'une perte de poids, de sueurs, de fièvre nocturne, de fatigue, de dyspnée, de toux et de démangeaisons inexpliquées.
Le Dr Sarkozy insiste avant tout sur la nécessité de consulter en cas d'autopalpation de ganglion, car aucun diagnostic ne peut se faire simplement, et qu'un avis médical est toujours utile. Le médecin traitant pourra juger de la nécessité de faire une biopsie, qui sera le seul élément permettant de porter un diagnostic de certitude.
Un ganglion qui persiste plus d'un mois : on fait une biopsie !
Le diagnostic repose sur l'examen clinique. "Le médecin généraliste va d'abord rechercher s'il y a une ou plusieurs ADP, puis une infection dans le territoire de drainage, tout autour du ganglion gonflé (piqure..), il va par exemple, examiner les seins en as d'ADP axillaire, ou les organes GE en cas d'ADP inguinale... Puis, il va examiner la peau pour voir s'il n'y a pas un grain de beauté pathologique à proximité de l'ADP. Dans tous les cas, un examen clinique complet est nécessaire. S'il suspecte un ganglion cancéreux, il va adresser le patient à un hématologue ou à un oncologue. En cas d'adénopathie qui perdure depuis plus d'un mois, une biopsie est systématiquement réalisée", indique l'hématologue.
Merci au Dr Clémentine Sarkozy, hémato-oncologue à l'Institut Curie à Saint Cloud et Paris.