Cancers ORL : 6 symptômes inquiétants s'ils durent plus de 3 semaines
Les symptômes d'un cancer de la gorge ou de la bouche sont souvent banalisés et ignorés. Pourtant, des signes évocateurs qui persistent plus de 3 semaines doivent amener à consulter un médecin.
Peu spécifiques et souvent banalisés, les symptômes des cancers ORL (bouche, gorge, pharynx, larynx...) ne sont pourtant pas à prendre à la légère et nécessitent, s'ils persistent plus de 3 semaines, une consultation chez le médecin. Pour sensibiliser au dépistage de ces cancers, 'IUCT-Oncopole de Toulouse a lancé une campagne vidéo baptisée "Sous vos yeux", mettant en scène un homme de 45 ans présentant des symptômes évocateurs d'un cancer ORL. Pour rappel, les cancers ORL sont la 4ème cause de cancer en France, avec un pronostic souvent sombre en raison d'un diagnostic trop tardif. Pris en charge précocement, ils peuvent être guéris dans 9 cas sur 10. Les hommes sont largement plus touchés que les femmes : 70% contre 30%. Cependant, l'écart semble se creuser au fil du temps, en lien avec l'évolution du tabagisme, en baisse chez les hommes et en hausse chez les femmes. L'âge moyen au diagnostic est au-delà de 55 ans.
1. Une douleur à l'oreille ou à la gorge
"Généralement, on ne cherche pas un cancer dans l'oreille car les tumeurs à l'oreille sont exceptionnelles. En revanche, les inflammations au niveau de la gorge, notamment dans la région de l'amygdale, peuvent entraîner une douleur à l'oreille. Cette douleur est dite "irradiée" ou "projetée" à l'oreille. Certains patients ont mal à la gorge et à l'oreille, d'autres n'ont mal que dans les oreilles. Evidemment, une douleur à l'oreille n'est pas forcément un signe d'un cancer ORL et peut avoir une multitude de causes comme des problèmes inflammatoires ou des infections, mais il reste préférable de consulter" tient à rétablir le Pr Sébastien Vergez, Chef du département chirurgie de l'IUCT-Oncopole.
2. La voix cassée pendant plus de 3 semaines
"L'existence d'un enrouement ou d'une voix cassée qui persiste pendant plus de 3 semaines justifie d'une consultation médicale, avec son médecin traitant par exemple, qui décidera d'orienter ou pas son patient vers un ORL. Ce dernier pourra réaliser une fibroscopie par le nez du patient afin de visualiser le pharynx et le larynx", explique notre interlocuteur.
3. Des difficultés à déglutir
"Des difficultés à avaler, à la simple déglutition de la salive, ou des fausses routes quand on boit ou on mange peuvent être parfois en lien avec un cancer ORL. Soit à cause du volume de la tumeur dans la gorge qui déroute le trajet normal du bol alimentaire et qui l'amène vers le larynx, soit à cause d'une tumeur placée dans la gorge qui finit par paralyser le larynx. Le larynx ne fonctionnant plus correctement, cela provoque une déglutition inefficace. Mais comme pour tous les autres symptômes, ces signes peuvent être liés à une multitude d'étiologies non cancéreuses. Néanmoins, ils justifient une vérification", explique le Pr Vergez.
Si les symptômes se cumulent, la consultation médicale est encore plus justifiée.
4. Une grosseur dans le cou
"Les cancers de la bouche et de la gorge donnent facilement des ganglions au niveau du cou. C'est un mode de révélation assez fréquent de cancer. C'est d'ailleurs souvent le patient lui-même ou son entourage qui remarque la présence d'une boule au niveau du cou. La présence de ganglions dans le cou doit faire l'objet d'une consultation médicale, permettant de trouver l'anomalie en cause", observe le spécialiste.
5. Une narine bouchée d'un seul côté qui persiste
"Tous les symptômes précédemment évoqués étaient en lien avec les cancers de la bouche et de la gorge. En revanche, une narine bouchée d'un seul côté ou un écoulement de sang par le nez qui persiste concernent plutôt un cancer du nez ou des sinus, une tumeur rare qui est quasiment toujours détectée à un stade avancé. Bien qu'il y ait une multitude de causes possibles, la persistance d'une narine bouchée ou d'un saignement de nez doit tout de même inquiéter", signale-t-il.
6. Des taches rouges dans la bouche
De la même manière, des ulcères de la bouche qui ne guérissent pas et/ou des taches rouges ou blanches dans la bouche doivent amener à consulter un médecin et peuvent suspecter un cancer de la cavité buccale.
Y a-t-il des cancers de la bouche et de la gorge asymptomatiques ?
"Il n'y a pas de règle absolue. On peut avoir des cancers de la bouche ou de la gorge qui évoluent silencieusement et qui ne donnent pas de douleurs particulières car la lésion est petite. A contrario, on voit certains patients qui ne se plaignent d'aucun symptôme et qui pourtant, présentent une lésion avancée. Mais généralement, si on arrive à prendre le patient en charge juste après l'apparition des symptômes, on a de grandes chances que ce soit une tumeur débutante", répond le Pr Vergez.
Quand s'inquiéter et consulter ? La règle du "1 pour 3".
"Parmi les symptômes précédemment évoqués, il n'y en a pas un plus inquiétant qu'un autre. Pris individuellement, leur persistance au-delà de trois semaines est inquiétante. Mais si en plus, les symptômes se cumulent, la consultation médicale est encore plus justifiée. L'idée n'est pas non plus de créer une panique, mais d'inciter les gens à être à l'écoute de leurs symptômes pour ne pas passer à côté de quelque chose. Dans la majorité des cas, ce n'est pas grave et le médecin pourra rassurer son patient. Mais pour certains d'entre eux, ce sera la seule manière de détecter une maladie à un stade facilement curable", explique notre interlocuteur. Il convient de consulter selon la "règle du 1 pour 3" : autrement dit, si une personne présente l'UN des symptômes suivants depuis TROIS semaines, il faut consulter un professionnel de santé :
- Douleurs à la langue, à la gorge ou à l'oreille
- Ulcères de la bouche qui ne guérissent pas et/ou taches rouges ou blanches dans la bouche
- Narine bouchée d'un côté ou écoulement de sang par le nez
- Douleurs dans la gorge
- Enrouement persistant
- Déglutition douloureuse et/ou difficile
- Grosseur dans le cou
Merci au Pr Sébastien Vergez, Chef du département chirurgie de l'IUCT-Oncopole.