Dissection aortique : signes, cause, pronostic
L'aorte est le plus grand vaisseau du corps humain. Parfois, sous la pression du sang, une brèche peut se créer et laisser passer le sang, provoquant une déchirure de l'aorte et/ou de ses vaisseaux. Comment cela survient-il ? Quelles sont les conséquences ? Quel traitement peut-on mettre en place ?
Qu'est ce qu'une dissection aortique ?
La paroi de l'aorte est composée de trois couches : interne, moyenne et externe. "Lorsque la couche interne se rompt, le sang passe entre les couches moyennes et externes, explique le Dr. Jean-François Renucci. La pression est telle, qu'il provoque une déchirure, ou dissection, de l'aorte, et possiblement d'autres vaisseaux. Dans les cas les plus graves, cela peut entrainer une rupture complète de l'aorte". Il existe deux types de déchirure, selon la zone où elle se produit :
► Type A. "La déchirure se produit à partir du cœur, c'est-à-dire de la valve aortique, et s'arrête avant le début de l'artère sous-clavière (celle qui va dans le bras gauche)", indique le Dr. Renucci. Elle peut provoquer une défaillance de la valve, et entrainer une insuffisance aortique.
► Type B. "La rupture se produit après la naissance de l'artère sous-clavière, précise le Dr. Renucci. Elle peut s'étendre aux autres vaisseaux, comme ceux de la tête, et descendre vers l'abdomen, et disséquer les artères des reins".
Quels sont les signes cliniques d'une dissection aortique ?
Une déchirure aortique est très douloureuse. "Elle se caractérise par de fortes douleurs au niveau du thorax, remarque le Dr. Rennuci. Elles irradient vers le dos et, parfois, vers l'abdomen". La dissection de l'aorte entraine également des difficultés respiratoires (dyspnée) ainsi que des vomissements. Si la déchirure atteint les vaisseaux de la tête, elle peut entrainer une perte de connaissance, voire un Accident Vasculaire Cérébral.
Quelles sont les causes d'une dissection aortique ?
Plusieurs causes peuvent provoquer cette rupture :
- une hypertension artérielle sévère et non traitée (le plus souvent)
- Certaines maladies génétiques rares, comme le syndrome de Mafran ou le syndrome d'Ehlers-Danlos.
- une infection de l'aorte (plus rare)
Quelle espérance de vie en cas de dissection aortique ?
C'est surtout pour le type A que le risque est grand. "L'atteinte de la valve aortique constitue une urgence absolue de chirurgie cardiaque, remarque le médecin vasculaire. Faute de quoi, elle entraine un décès presque instantané, le patient perdant environ 5L de sang par minute", indique le Dr. Renucci. Le type B est moins à risque. Par la suite, pour les deux types, une surveillance accrue, notamment de la pression artérielle, est indispensable, moyennant quoi, la situation peut rester stable très longtemps et l'espérance de vie ne s'en trouve pas affectée.
Comment diagnostique-t-on une dissection aortique ?
Un examen d'imagerie permet de savoir à quel niveau la déchirure s'est produite. La réalisation d'un scanner aortique avec injection est l'examen clé. En parallèle, une échographie et une radiographie du thorax permettent d'obtenir une image du cœur.
Quel traitement pour soigner une dissection aortique ?
Le traitement dépendra du type de déchirure. S'il est de type A, une intervention chirurgicale permet de remplacer la partie de l'aorte lésée par un tube. Si la déchirure est de type B, le traitement est d'abord médical afin de faire baisser la pression artérielle. Par la suite, une intervention chirurgicale peut être nécessaire : elle repose sur la mise en place d'une prothèse. "Celle-ci est introduite dans une artère de la cuisse grâce à un cathéter. Sous contrôle écho-guidé, le chirurgien remonte la prothèse jusqu'à la zone déchirée, où il l'a déploie. Il retire ensuite le cathéter de guidage", indique notre expert.
Quels sont les risques de séquelles d'une dissection aortique ?
Par la suite, il peut y avoir des conséquences de la mauvaise perfusion des organes mais habituellement on intervient chirurgicalement. A moyen terme, l'aorte fragilisée peut se dilater provoquant un anévrysme, d'où l'importance de la surveillance pour pouvoir réaliser un traitement spécifique, le plus souvent par la mise en place d'une endoprothèse.
Merci au Dr. Jean-François Renucci, médecin vasculaire au CHU de la Timone, à Marseille.