Polyarthrite rhizomélique : causes, est-ce guérissable ?
Cette maladie inflammatoire entraine un enraidissement progressif et douloureux de certaines articulations, comme les épaules et les hanches. Comment cette maladie survient-elle ? Quels sont les traitements ? Peut-on en guérir ? Les explications du Dr Augustin Latourte, rhumatologue à l'hôpital Lariboisière, à Paris.
Définition : c'est quoi la polyarthrite rhizomélique ?
De son nom complet pseudo polyarthrite rhizomélique ou syndrome de Forestier-Certonciny, la polyarthrite rhizomélique est un rhumatisme inflammatoire chronique. Cette affection touche en particulier les articulations des épaules, du rachis cervical (au niveau de la nuque) et des hanches. Elle survient le plus souvent après 50 ans et touche deux fois plus de femmes que d'hommes. Elle évolue par poussées successives mais n'entraine pas de destruction des articulations. Elle est souvent associée à la présence d'une autre maladie, la maladie de Horton. "Aussi appelée "artérite temporale", il s'agit une affection inflammatoire qui touche les grands vaisseaux sanguins (y compris l'aorte, celui qui transporte le sang du cœur vers le reste du corps) : peu à peu, l'inflammation de la paroi de ces vaisseaux peut les obstruer ", explique le Dr. Augustin Latourte.
Quels sont les symptômes de la polyarthrite rhizomélique ?
La pseudo-polyarthrite rhizomélique entraîne les symptômes suivants :
- Des inflammations des articulations de façon fréquemment symétrique entre les deux côtés du corps
- Des douleurs et raideurs au niveau des articulations atteintes, plus importantes la nuit et le matin au réveil, avec un "dérouillage" des articulations qui peut prendre parfois plusieurs heures
- De la fatigue, un moindre appétit et une perte de poids
- Les maux de tête ou des troubles visuels (baisse de vision) évoquent une maladie de Horton, et doivent faire consulter un médecin en urgence.
Quelles sont les causes de la polyarthrite rhizomélique ?
La cause exacte n'est pas connue. Des pistes comme une maladie auto-immune, des facteurs génétiques ou une infection virale sont évoquées. Mais en l'absence de prise en charge, la maladie évolue pour environ 30% des cas vers l'association à la maladie de Horton, une inflammation des artères.
Comment pose-t-on le diagnostic de la polyarthrite rhizomélique ?
Un examen clinique et la description des symptômes par le patient suffit le plus souvent à poser le diagnostic. "La prescription d'un examen sanguin à la recherche d'un marqueur de l'inflammation, comme la Protéine C réactive ou la vitesse de sédimentation, est utile pour le diagnostic et le suivi du traitement", précise le Dr. Latourte.
Peut-on en guérir d'une polyarthrite rhizomélique ?
Il s'agit d'une maladie résolutive, c'est-à-dire qu'elle peut disparaître d'elle-même. La cause de sa disparition est aussi inconnue que celle de son développement. "Toutefois, dans certains cas, la maladie peut rechuter quelques mois voire quelques années après la première poussée inflammatoire" indique l'expert.
Quel est le traitement de la polyarthrite rhizomélique ?
Le traitement repose essentiellement sur la prise de corticoïdes durant quelques jours ou semaines à doses décroissantes. Une fois la dose minimale efficace déterminée, celle-ci sera poursuivie pendant au moins une année. "En raison des effets secondaires de cette classe de médicaments lorsqu'elle est utilisée au long cours, une supplémentation en calcium et en vitamine D peut être associée pour prévenir une ostéoporose. D'autres molécules peuvent parfois être utilisées pour aider à la décroissance des doses de corticoïdes, comme le méthotrexate", recommande le rhumatologue.
Quels sont les remèdes naturels de la polyarthrite rhizomélique ?
Différentes solutions douces peuvent vous apporter un mieux être. Parmi elles, l'huile essentielle de Gaulthérie couchée car elle possède des propriétés anti-inflammatoires et antalgiques. Elle s'utilise diluée à raison de 20 gouttes dans 25 ml d'huile végétale. A masser une à deux fois par jour, en petite quantité, sur la région douloureuse. " Elle ne doit pas être utilisée chez les personnes allergiques à l'aspirine ou sous anticoagulants", précise Sylvie Hampikian, pharmacologue spécialisée en phyto-aromathérapie. "Dans ce cas, mieux vaut la remplacer par l'huile essentielle de gingembre officinal ou celle d'Eucalyptus citronnée". Enfin, l'application de froid (patch, poche de glace ou, en système D, un sac de petits pois surgelés près avoir protégé la peau d'un linge fin) peut aider à réduire la douleur articulaire. "Mais ces solutions alternatives ne suffisent pas à obtenir la rémission de la maladie et ne peuvent donc pas remplacer les corticoïdes : elles ne doivent s'envisager qu'en complément de ces derniers", prévient le Dr. Latourte.
Merci au Dr. Augustin Latourte, rhumatologue à l'hôpital Lariboisière à Paris.