Crise tonico-clonique : symptômes, causes, que faire ?
Appelée aussi "grand mal", la crise tonico-clonique est le plus spectaculaire des symptômes épileptiques. Définition, causes, symptômes et conduite à tenir avec le Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre à l'hôpital Paul Brousse et chercheuse à l'INSERM au sein de l'unité MOODS
Définition : qu'est-ce qu'une crise tonico-clonique ?
La crise tonico-clonique est une forme d'épilepsie. "L'épilepsie se définit par une décharge aberrante de tous les neurones, qui sont des cellules nerveuses électriques, en même temps (hypersynchrone) et maintenue. Elle peut être généralisée et s'exprimer par une crise tonico-clonique généralisée ou elle peut être partielle, c'est-à-dire qu'il y a une seule partie du cerveau qui se met à décharger anormalement et cela entraîne d'autres symptômes", explique le Pr Emmanuelle Duron.
Quels sont les symptômes ?
Les manifestations cliniques de la crise tonico-clonique sont les suivantes :
- Perte complète de conscience du patient
- Émission d'un cri bref qui marque le début de la crise
- Raidissement du corps et des membres accompagné d'un arrêt de la respiration pendant la phase tonique
- Phase clonique : secousses musculaires des 3 membre
- Risque important de morsure de la langue
- Phase sertoreuse : respiration très bruyante, hypersalivation
- Miction incontrôlée dans la plupart des cas, mais pas systématique
- Retour progressif à la conscience
- Amnésie
Quelles sont les causes ?
La crise tonico-clonique peut avoir diverses origines :
- Une anomalie ionique : la plus fréquente est l'hypoglycémie.
- Une alcoolisation aiguë ou en sevrage en alcool ou benzodiazepines.
- Une tumeur cérébrale ou un AVC, auquel cas il y aura d'autres symptômes avant la crise.
- Une encéphalite ou méningo-encéphalites.
- Hypoglycémie, hyponatremie
Quelles sont les différentes phases ?
► Phase tonique : elle est caractérisée par une contracture généralisée du corps. Cette phase dure de 10 à 30 secondes ;
► Phase clonique : elle est caractérisée par des secousses désordonnées et violentes affectant la face et les membres. Cette phase dure de 30 secondes à 2 ou 3 minutes.
► Phase stertoreuse : respiration bruyante , hypersalivation, perte d'urine, retour progressif à la conscience.
Comment est posé le diagnostic ?
"Le diagnostic d'une crise tonico-clonique est très facile à poser car les symptômes sont évidents. Un électroencéphalogramme réalisé pendant la crise peut venir confirmer le diagnostic", indique la neurologue-gériatre.
Il faut appeler les secours (15 ou 112)
Que faire et quelle est la conduite à tenir ?
"Face à une personne qui fait une crise tonico-clonique, il faut appeler les secours (15 ou 112), se présenter, se localiser, expliquer ce qu'il se passe et écouter les consignes données par le SAMU. Quand cela est possible, placer la victime en position latérale de sécurité (PLS) pour libérer les voies aériennes supérieures. Il ne faut surtout pas mettre les doigts dans la bouche. On la laisse récupérer, puis elle sera transportée à l'hôpital. Là, une prise de sang sera effectuée, ainsi qu'un IRM ou un scanner cérébral pour rechercher la cause de la crise tonico-clonique", conseille notre interlocutrice.
Quel est le traitement ?
Selon la cause de la crise tonico-clonique, le corps médical décidera si un traitement épileptique est nécessaire ou non. "En cas de crise isolée, par exemple lors d'une alcoolisation aiguë, aucun traitement n'est nécessaire. A partir de la deuxième crise, on estime que la personne est épileptique, on va donc lui donner des médicaments après avoir fait une IRM cérébrale et tout un bilan pour rechercher la cause de l'épilepsie. La majorité des traitements épileptiques prescrits sont des modulateurs de la transmission entre les neurones. Ils sont déterminés par le type d'épilepsie et leurs effets indésirables. C'est un traitement administré à vie. Les personnes épileptiques reçoivent des consignes bien précises : ils ne doivent pas conduire, pas prendre de bain tout seul ni aller se baigner pour éviter les noyades", précise le Pr Emmanuelle Duron.
Comment prévenir ?
Il est hélas impossible d'anticiper et de prévenir ce type de crises qui comporte pour le patient un réel danger selon le lieu et l'activité qu'il est en train d'exercer au moment où survient la crise (au volant d'une voiture, en élaguant des arbres à la tronçonneuse, en se promenant au bord d'une falaise...). Nous savons néanmoins que facteurs favorisent l'apparition de ces crises :
- Un sommeil irrégulier et fréquemment insuffisant
- Des émotions fortes (positives ou négatives)
- Une hyperoxygénation (par exemple, respiration ample et prolongée après une épreuve sportive)
- Stress dû à l'exposition à des niveaux sonores élevés
- Exposition à des images saccadées produisant l'effet d'un éclairage stroboscopique (télévision, jeux vidéo, discothèques...)
- Certains médicaments abaissent le seuil epileptogène (anti- dépresseurs), toxiques ou sevrage en toxiques
- Alcoolisation aigue, sevrage en benzodiazepine en alcool
Merci au Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre à l'hôpital Paul Brousse et chercheuse à l'INSERM au sein de l'unité MOODS