Presbyacousie : définition, causes, traitement

Très fréquente, la presbyacousie est une baisse de l'audition liée à l'âge. Elle survient dans la deuxième moitié de la vie, vers 55-60 ans. Le point avec le Pr. Bruno Frachet, ORL, ancien chef de service à l'hôpital Rothschild à Paris et membre du conseil d'administration de la Fondation pour l'Audition.

Presbyacousie : définition, causes, traitement
© Andrey Popov

Qu'est-ce que la presbyacousie ?  

La presbyacousie est une perte progressive de l'audition liée au vieillissement habituel de notre appareil auditif. Elle apparaît vers 55 – 60 ans. Plus de 65 % des plus de 65 ans sont atteints de surdité. "Comme tous les organes, l'organe de l'audition vieillit. C'est la totalité de l'appareil auditif qui se dégrade, l'oreille externe, l'oreille interne et les voies nerveuses auditives du cerveau", note Bruno Frachet. Les cellules neurosensorielles, qui transforment les vibrations sonores en influx nerveux transmis au cerveau, se dégradent. Dans le même temps, le tympan et les osselets, qui transmettent les sons de notre environnement jusqu'à ces fameuses cellules neurosensorielles, deviennent moins souples et transmettent donc les informations avec moins de précision. Résultat : l'audition baisse. La presbyacousie est la première cause de surdité en France. "La presbyacousie s'exprime plus rapidement chez l'homme que la femme. L'oreille d'un homme de 60 ans équivaut à l'oreille d'une femme de 70 ans. Plusieurs raisons à cela : la génétique, le travail dans le bruit ou encore le tabagisme", poursuit l'ORL.

Bilatérale ou unilatérale ?

"La presbyacousie est toujours bilatérale. C'est d'ailleurs la définition de la presbyacousie, les deux oreilles sont touchées de manière à peu près symétrique, autant de surdité à droite qu'à gauche. Face à une perte d'audition unilatérale, je ne peux pas penser que c'est une presbyacousie", note le médecin.

Presbyacousie précoce

Il peut y avoir une presbyacousie précoce, plus tôt dans la vie. Dans ce cas, il s'agit généralement d'une atteinte génétique qui n'a pas été répertoriée ou diagnostiquée. "La presbyacousie est une grande catégorie de surdité liée au vieillissement, aux expositions sonores de toute une vie, et aussi à des facteurs génétique. La presbyacousie est l'audition altérée de la personne dans la deuxième moitié de la vie avec des mécanismes génétiques plus ou moins identifiés", précise Bruno Frachet.

Causes et facteurs de risque

La presbyacousie est une maladie de la vieillesse. L'âge est donc un facteur déterminant. Elle apparaît généralement autour de la soixantaine. On sait toutefois que certains comportements, dès notre enfance, peuvent favoriser une détérioration des divers éléments de l'oreille. Écouter de la musique trop fort avec ses écouteurs, se mettre trop près des haut-parleurs dans un concert ou dans une boîte de nuit, travailler en permanence dans un environnement bruyant... Tous ces comportements, violents pour les oreilles, sont considérés comme nocifs.

Symptômes

Au départ, la personne atteinte de presbyacousie ressent une gêne à converser dans des endroits bruyants. Souvent, elle a conscience d'entendre des sons, mais son cerveau ne parvient pas à les interpréter : elle entend mais ne comprend pas. Petit à petit, elle aura également du mal à comprendre quand on lui parle au téléphone, n'entendra plus toujours la sonnette de la porte d'entrée, etc. En général, les sons aigus disparaissent en premier. Parallèlement, les sons forts deviennent très désagréables pour l'oreille.
"C'est d'abord une surdité qui prédomine sur les sons aigus. L'un des premiers signes est une mauvaise compréhension de la parole dans le bruit puis de la parole tout court car pour la comprendre il faut être capable d'entendre les sons aigus", explique le professionnel. 

Presbyacousie et vertiges

La presbyacousie est souvent isolée mais elle est parfois accompagnée d'acouphènes et/ou de troubles de l'équilibre et de vertiges, car l'organe de l'équilibre vieillit, lui aussi.

Diagnostic

"Les examens qui permettent de poser le diagnostic de l'hypoacousie ne sont pas intrusifs. Il s'agit surtout d'un diagnostic d'élimination qui nous met sur la piste du vieillissement de l'individu", explique le spécialiste. Il existe deux grandes catégories d'examen de l'audition : des examens fonctionnels qui permettent d'explorer l'audition et des examens d'imagerie (scanner et IRM).

Audiogramme

L'audiogramme est le graphique qui traduit les capacités auditives de la personne. "C'est l'examen principal pour tester l'audition", déclare notre expert. L'audiogramme est un test obligatoire pour la prescription d'un appareil auditif. "Le plus fiable est l'audiométrie vocale : on prononce des mots à différentes intensités sonores et on demande à la personne de les répéter. On dispose à la fin d'un graphique : si à la puissance sonore normale (60 dB), un seul mot sur deux ou moins d'un mot sur deux est compris, le patient aura alors du mal à suivre une conversation. C'est ainsi qu'on mesure l'audition de la personne et qu'on décide ou non d'appareiller le patient. Si avec un appareil mis en place autour de l'oreille, on est encore à moins d'un mot compris sur deux, à 60 dB, il s'agit d'une surdité sévère et on peut alors penser à l'implant cochléaire."Auparavant on réalisera un audiogramme tonal qui consiste à envoyer des sons purs à différentes intensités. " Avec cet examen tonal, le professionnel va évaluer le niveau et le mécanisme de la surdité, mais ses conséquences sociales, dans la vie quotidienne, sont bien mieux repérées avec l'audiométrie vocale ", explique Bruno Frachet.

Comment évolue la presbyacousie ?

La presbyacousie peut conduire à une surdité de plus en plus marquée, pour arriver à une surdité sévère. Cette évolution peut cependant prendre des années. Théoriquement, l'oreille humaine perçoit les sons entre 0 et 120 décibels. Lorsque la surdité progresse, on commence par ne plus entendre les sons les plus faibles (entre 0 et 20), puis ceux un peu plus forts (entre 20 et 40), etc.
"Globalement, on perd en moyenne 1 à 2 % d'audition par année de vie, à partir de la trentaine. L'évolution est très progressive et ne mène pas à une surdité complète, habituellement. Il faut toutefois trouver un moyen de corriger l'audition car sinon, on a tendance à se retirer de l'activité sociale. Et moins le cerveau est stimulé, plus le sujet risque un altération de la cognition", développe le spécialiste.

Traitement

Il n'y pas de traitement contre la presbyacousie mais on peut prendre soin de son audition pour ne pas cumuler les risques. C'est la prévention. Il existe aussi une note génétique dans cette maladie, nous ne sommes pas égaux face à la presbyacousie. "Il n'est pas possible de soigner la presbyacousie. En revanche, des solutions sont aujourd'hui disponibles et très efficaces pour améliorer l'audition et rendre une vie sociale aux personnes atteintes : ce sont les prothèses auditives et l'implant cochléaire", note Bruno Frachet. "On doit aussi faire de la prévention en luttant contre le surpoids, le cholestérol, le diabète qui nuisent à tous les vaisseaux de l'organisme dont ceux de l'oreille interne notamment. L'exposition sonore trop forte pendant le loisir doit être évitée, tout comme les médicaments ototoxiques", ajoute notre expert. "Il faut donc se protéger raisonnablement les oreilles tout au long de la vie, car si on arrive dans la deuxième moitié de sa vie les oreilles déjà abîmées, alors la presbyacousie sera encore plus sévère."

Merci au Pr. Bruno Frachet, ORL, ancien chef de service à l'hôpital Rothschild à Paris et membre du conseil d'administration de la Fondation pour l'Audition.

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