Cancer du rectum : âge, symptômes, pronostic, traitement

Cancer du rectum : âge, symptômes, pronostic, traitement

Le cancer du rectum (ou rectal) reste longtemps inaperçu, puis des symptômes digestifs et abdominaux apparaissent quand la maladie évolue. A quel âge survient-il en moyenne ? Quels sont les traitements ? Quand recourir à une opération ? A une stomie ? Quel pronostic de survie ? Réponses avec notre expert.

Un cancer du rectum ou cancer rectal est une maladie des cellules qui tapissent l'intérieur du rectum. Il a un taux de survie à 5 ans, tous stades confondus, de 57%. Ce cancer survient généralement après 50 ans. On estime à environ 43 500 le nombre de nouveaux cas de cancers colorectaux (côlon ou rectum) en 2018 en France, dont un peu plus de la moitié (54 %) chez l'homme. Quels sont les symptômes d'alerte ? Les causes et l'âge de survenue ? Quels traitements pour le soigner ? Quand avoir recours à l'opération ? Détails. 

Définition : qu'est-ce qu'un cancer rectal ? 

"Le rectum est la partie terminale (15 derniers centimètres) du gros intestin, immédiatement au-dessus de l'anus, précise le Professeur Rivoire, responsable du Département de chirurgie carcinologique du Centre Léon Bérard de Lyon. Le cancer rectal se développe à partir des cellules qui tapissent la paroi interne du rectum. Le plus souvent, il provient d'une tumeur bénigne (un polype adénomateux) qui va évoluer lentement et finir par devenir cancéreuse." Grâce à un bilan initial, le médecin pourra confirmer la présence du cancer, définir sa localisation dans le rectum, sa taille (épaisseur dans la paroi du rectum) et son extension (atteinte ou non des ganglions proches du rectum, atteinte ou non des organes voisins et présence ou non de métastases au niveau d'autres organes).

Quels sont les symptômes d'un cancer du rectum ? 

Les cancers du rectum évoluent généralement en silence et de façon asymptomatique. Ils peuvent rester longtemps imperceptibles.
"Néanmoins, certains signes doivent alerter le patient et le conduire à consulter son médecin traitant, qui orientera selon, vers un gastroentérologue", rappelle le médecin.

  • La présence de sang mêlé aux selles. "Il s'agit du symptôme d'alerte le plus important. Il ne faut jamais incriminer des hémorroïdes (cause la plus fréquente) avant d'avoir consulté son médecin traitant afin qu'il vérifie (par un toucher rectal et une coloscopie) qu'il n'y a pas un cancer responsable de ce symptôme."
  • Une constipation soudaine ou qui s'aggrave,
  • Une diarrhée qui se prolonge, avec la présence de glaires dans les selles
  • Une alternance de diarrhée et de constipation
  • Des selles plus longues et plus minces que d'habitude
  • Un besoin pressant et répété d'aller à la selle (en particulier le matin),
  • Une tension au niveau du rectum ou la sensation qu'il est plein,
  • Une sensation d'évacuation incomplète ou de fausse envie d'aller à la selle, même juste après y être allé,
  • Des efforts d'expulsion des selles douloureux et inefficaces,
  • Une anémie d'apparition progressive 
  • "À un stade plus avancé, des complications peuvent survenir comme l'occlusion intestinale ou la perforation tumorale ; elles demandent une prise en charge en urgence ".

Quelles sont les causes d'un cancer du rectum ? 

"Les causes du cancer rectal ne sont pas parfaitement connues", reconnait le Professeur. Néanmoins, l'INCA rappelle que certaines personnes sont plus à risque : 

  • Les hommes et les femmes de plus de 50 ans sont considérés comme des individus à risque moyen de développer un cancer colorectal. L'âge moyen au moment du diagnostic est de 70 ans. Le dépistage repose sur la réalisation tous les 2 ans d'un test de recherche de sang dans les selles dans le cadre du programme national de dépistage organisé.
  • Les personnes dont un parent du premier degré (père, mère, frère, sœur, enfant) a été atteint d'un cancer colorectal ou d'un adénome de plus d'un centimètre avant 65 ans, et celles dont deux parents ont été atteints quel que soit l'âge au moment du diagnostic.
  • Les personnes atteintes de maladie inflammatoire chronique de l'intestin étendue au moment du diagnostic (rectocolite ulcéro hémorragique, maladie de crohn…) et évoluant depuis plus de 10 ans.
  • Les personnes atteintes de polypose adénomateuse familiale (PAF), une maladie génétique rare. Le risque d'avoir un cancer est quasi systématique si aucun traitement préventif n'est apporté.
  • Les personnes atteintes du syndrome de Lynch (ou HNPCC, autre maladie rare génétique). Le syndrome de Lynch est dû à plusieurs types d'anomalies génétiques, qui se manifestent par la survenue de cancers du côlon, du rectum ou d'autres organes (endomètre notamment).

Quel est l'âge moyen de survenue d'un cancer du rectum ? 

L'âge moyen au diagnostic est de 71 ans chez l'homme et de 72 ans chez la femme.

Comment pose-t-on le diagnostic d'un cancer du rectum ? 

"Lorsqu'une personne présente des symptômes d'un cancer du rectum ou qu'une anomalie est décelée lors d'un test de dépistage, le toucher rectal réalisé par le médecin fait partie de l'examen de base, poursuit le spécialiste. Il permet d'alerter sur la présence d'une tumeur ou de confirmer la présence de sang dans les selles. Le bilan initial doit alors être réalisé afin d'établir un diagnostic. Il a pour objectif de confirmer la présence d'un cancer, de le localiser et de définir sa taille (épaisseur dans la paroi du rectum) et son extension." Ce bilan comprend une consultation avec un gastroentérologue, des examens du côlon et du rectum (coloscopie, sigmoïdoscopie, rectoscopie), qui permettent de voir la tumeur et d'en réaliser une biopsie. L'examen anatomopathologique confirme le diagnostic de cancer du rectum (adénocarcinome). Des analyses de sang sont également réalisées pour diagnostiquer une anémie et pour doser des marqueurs tumoraux (Antigène Carcino-Embryonnaire et CA 19-9). "Le bilan d'extension consiste à évaluer l'étendue du cancer, informe le spécialiste. C'est ce qui permet de définir le stade du cancer. Il repose sur la réalisation d'un scanner thoraco-abdomino-pelvien et d'une IRM rectale. Ces examens sont parfois complétés par une échographie endorectale. Ils permettent de vérifier si des ganglions lymphatiques sont touchés par la maladie cancéreuse et si des métastases se sont développées dans d'autres parties du corps (principalement le foie et les poumons)."

Schéma d'un toucher rectal

Quels sont les traitements d'un cancer du rectum ?

"Le traitement des cancers du rectum a fait de très gros progrès au cours des 20 dernières années, reconnait le spécialiste. Il est pluridisciplinaire et repose le plus souvent sur la succession de la radiothérapie, de la chimiothérapie et de la chirurgie. Dans l'ordre ses objectifs sont de guérir le patient, tout en permettant de préserver l'anus et une qualité de vie correcte en termes de continence anale et de fonctions urinaire et sexuelle." 

→ La chirurgie est le principal traitement des cancers du rectum. Elle est souvent réalisée 6 à 8 semaines après un traitement préalable par radiothérapie (radiothérapie pré-opératoire). "L'opération consiste à retirer le rectum et la tumeur qui s'y est développée (proctectomie) avec une marge de tissu sain de part et d'autre de la tumeur, ainsi que le réseau de ganglions lymphatiques contenu dans le mésorectum et le long de l'artère qui irrigue le rectum (on parle alors de curage ganglionnaire)." Le type de chirurgie va dépendre de l'endroit où est située la tumeur et de sa distance par rapport au sphincter anal.  L'opération nécessite une hospitalisation de cinq à dix jours en moyenne. "Elle peut nécessiter la réalisation d'une stomie (anus artificiel, poche) transitoire (quelques semaines) ou définitive (dans 10 à 20% des cas). Outre la douleur et la fatigue liées aux traitements, cette chirurgie est responsable d'effets secondaires importants (troubles du transit intestinal, fragmentation des selles [nécessité d'aller à la selle de manière répétée tout au long de la journée], impériosités [nécessité d'aller très rapidement à la selle quand l'envie survient, au risque de ne pouvoir se retenir], troubles plus ou moins importants de la continence, de la miction et de la sexualité, …). Ces troubles doivent être signalés et pris en charge rapidement."

→ La radiothérapie pré-opératoire est très souvent indiquée. Elle permet d'améliorer le taux de guérison et d'améliorer le taux de conservation de l'anus. En règle générale, elle dure 5 semaines. Elle est souvent associée à une chimiothérapie par voie orale (radio-chimiothérapie). 

→ La chimiothérapie peut aussi être indiquée après la chirurgie, son objectif est de réduire le risque de récidive à distance.
"Si le cancer du rectum s'est développé au contact du sphincter anal et qu'il envahit celui-ci, le recours à une stomie (poche) définitive est nécessaire afin de pouvoir éradiquer toutes les cellules cancéreuses et garantir les meilleures chances possibles de guérison. Dans ce cas, la prise en charge et l'éducation du patient par une infirmière stomathérapeute (spécialisée dans l'appareillage des stomies et leur apprentissage) permettra d'évaluer le mieux possible les besoins du patient et de lui apprendre à faire la technique de l'irrigation colique afin qu'il retrouve la meilleure qualité de vie possible."

Quel est le taux de survie du cancer du rectum ?

Pour l'ensemble des cancers colorectaux, tous stades confondus, le taux de survie après 5 ans est de 57 %. Cela signifie qu'un peu plus de la moitié des personnes malades sont encore en vie 5 ans après le diagnostic. Mais ce taux est très variable selon le stade du cancer au moment du diagnostic. Le taux de survie à 5 et 10 ans, des patients opérés après radio-chimiothérapie se situe entre 75 et 80%. "A l'heure actuelle, les nombreux progrès réalisés dans la prise en charge multidisciplinaire (association chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie) des cancers du rectum, associés au diagnostic de plus en plus précoce grâce au développement du dépistage, permettent de guérir de plus en plus de patients, de limiter l'étendue de la chirurgie, d'améliorer le taux de chirurgie avec conservation de l'anus, et de préserver le mieux possible la qualité de vie des patients", conclut le Professeur Rivoire. 

Merci au Pr Michel Rivoire, responsable du Département de chirurgie carcinologique du Centre Léon Bérard à Lyon