Trouble trophique cutané : définition, symptômes, traitements
Même s'il peut apparaître spontanément, le trouble trophique fait souvent suite à une complication relative à une artérite, une varice, une lésion des centres nerveux ou à un traumatisme. Le Dr Pierre-André Becherel, dermatologue, nous explique les symptômes et les traitements.
Définition : qu'est-ce qu'un trouble trophique de la peau ?
Les troubles trophiques sont des problèmes liés à une mauvaise nutrition des organes en raison d'une mauvaise vascularisation ou d'un mauvais contrôle neurologique de cette nutrition. Les troubles trophiques peuvent avoir plusieurs origines : ils peuvent être spontanés, liés à une pathologie vasculaire (varices, artérite…) ou apparaître après un choc (fracture, entorse…). Les troubles trophiques se traduisent généralement par des problèmes cutanés (décoloration, ulcères…) ou sous-cutanés en affectant les muscles, les tendons.
Quels sont les symptômes ?
Lorsque les troubles trophiques cutanés touchent la peau, ils se traduisent par une pigmentation, une décoloration ou une atrophie. "Mais ils peuvent également atteindre les tissus sous-jacents (aponévroses, muscles, tendons, tissus graisseux), sous forme d'ulcérations. Ils peuvent dans certains cas toucher les organes profonds, provoquant des œdèmes, des escarres ou une atrophie musculaire", ajoute le dermatologue.
Quelles sont les localisations possibles ?
"Les extrémités sont avant tout touchées, car moins bien vascularisées que le reste de la peau (mains avec les ongles, pieds, nez, oreilles), répond le médecin. "Les jambes sont aussi souvent touchées car la peau sur les tibias est très fine, et la pesanteur fait que le sang peut plus difficilement refluer (dans le cas de varices par exemple)". Mais toute la peau peut être touchée. "Notamment après l'utilisation abusive de crèmes à base de cortisone, qui constitue une grande cause d'atrophie de la peau."
Quelles sont les causes ?
Le trouble trophique est la conséquence d'un mauvais apport circulatoire dans un tissu (obstruction d'une artère, gêne à la circulation veineuse, compression), ou d'une anomalie de la composition du sang (une avitaminose, par exemple). Il peut aussi apparaître suite à un choc (fracture, entorse…).
Quand et qui consulter ?
"Le dermatologue est bien sûr en première ligne, ainsi que les spécialistes des vaisseaux, les angiologues, reconnait le Dr Becherel. Dès que des taches marrons anormales apparaissent, ou que des plaies se constituent facilement sans guérir rapidement, il vaut mieux alors aller voir son dermatologue."
Quel est le diagnostic ?
Le diagnostic posé d'un trouble trophique cutané est purement clinique. "En revanche, le diagnostic étiologique et la prise en charge bénéficient d'explorations complémentaires", complète le dermatologue.
Quels sont les traitements ?
Ils dépendent de la cause de l'atrophie cutanée. "Si c'est dû à un excès de cortisone par exemple, il faut freiner à tout prix" informe le médecin. "S'il s'agit de varices, de nombreux traitements existent : laser, injections sclérosantes, suppression chirurgicale des varices, coagulation intravasculaire…" "S'il s'agit d'une artérite, donc d'artères bouchées, il faut alors déboucher chirurgicalement des artères et arrêter de fumer ce qui est une cause fréquente. Ne pas oublier non plus les expositions intempestives au soleil qui constituent une grande cause d'atrophie." Enfin, les crèmes contenant de l'acide hyaluronique, ou des dérivés de la vitamine A (rétinol) peuvent aider à corriger les troubles trophiques de la peau.
Merci au Dr Pierre-André Becherel, membre du collège scientifique de la Fondation Ramsay Santé et dermatologue pour l'Hôpital privé d'Antony, pour sa relecture.