Flutter auriculaire : c'est quoi, causes, traitements
Le flutter auriculaire est un trouble du rythme cardiaque qui se caractérise le plus souvent par une tachycardie. À quoi est-il dû ? Quels sont les risques de complication ? Comment le traiter ? Réponses avec le Pr Alain Furber, chef du service cardiologie du CHU d'Angers.
Définition : c'est quoi un flutter auriculaire ?
Le flutter auriculaire est un trouble du rythme cardiaque entrainant des contractions coordonnées et régulières des oreillettes à un rythme trop rapide. Il peut être permanent ou se manifester par crises. Cette pathologie peut être découverte lors de la réalisation d'un électrocardiogramme de façon fortuite, ou lorsque le patient se plaint de sensations de palpitations rapides. Cette pathologie est liée à une atteinte de l'activité électrique des oreillettes. "En général, une impulsion électrique auriculaire sur 2 ou sur 3 atteint le ventricule entraînant une fréquence ventriculaire rapide (tachycardie) ", explique le Pr Alain Furber. Cette tachycardie à 100 à 150 battements par minute environ de durée variable ou parfois permanentes a un aspect typique et facilement reconnu sur l'électrocardiogramme (aspect en dents de scie). Peuvent apparaître également des symptômes de mauvaise tolérance : une fatigue à l'effort, un essoufflement et des douleurs situées au niveau du thorax.
Quelles différences avec une fibrillation auriculaire ?
"La fibrillation auriculaire, déclenchée par une activité électrique chaotique de l'oreillette, se caractérise par un rythme cardiaque irrégulier alors que le flutter auriculaire induit, du fait d'une activité électrique de l'oreillette plus coordonnée, un rythme cardiaque régulier, note le président de la Fédération Française de Cardiologie. Ces deux troubles du rythme peuvent être rapides, c'est-à-dire des tachycardies".
Quelles sont les causes ?
Le flutter auriculaire est souvent provoqué par l'hypertension artérielle, une maladie des artères coronaires, une cardiopathie congénitale ou des pathologies des valvules cardiaques. "C'est le reflet d'une atteinte cardiaque entraînant une dilatation de l'oreillette qui favorise la survenue de cette arythmie. Dans certains cas, il n'y a pas d'atteinte cardiaque, le flutter auriculaire étant déclenché par une consommation excessive d'alcool ou l'existence d'une atteinte de la glande thyroîde (hyperthyroïdie). ", continue-t-il.
Quels sont les risques de complication ?
Un flutter auriculaire peut se transformer en fibrillation auriculaire et augmenter le risque de voir survenir un AVC et une insuffisance cardiaque. "Les risques de complication sont liés à la rapidité du trouble du rythme (mauvaise tolérance) : un cœur qui bat trop vite peut conduire à une insuffisance cardiaque. Cela est d'autant plus embêtant lorsque cela survient chez un patient qui a déjà une maladie cardiaque. Dans ce trouble du rythme, la vidange de l'oreillette ne se fait pas bien : il y a du sang qui stagne dans l'oreillette, avec la possible formation de petits caillots pouvant entraîner un AVC ", précise le spécialiste.
Quels sont les symptômes ?
La plupart du temps, quand le flutter est bien supporté, il se manifeste simplement par une sensation de palpitations, une impression que son cœur bat vite. "Quand il est mal supporté avec une fréquence cardiaque rapide, le flutter peut se caractériser par une insuffisance cardiaque, un œdème pulmonaire avec parfois, une chute assez brutale du débit cardiaque qui donne lieu à des syncopes (une perte de connaissance et sensation de malaise avec des palpitations cardiaques) ", indique le Président de la Fédération Française de Cardiologie.
Quand s'inquiéter ?
Quand il n'y a pas d'atteinte cardiaque sous-jacente, ce trouble du rythme peut être bien toléré mais lorsqu'il perdure, cela peut entraîner une cardiopathie rythmique, c'est-à-dire une atteinte du cœur. "Dans tous les cas, il faut faire quelque chose parce que le risque de faire un AVC par migration d'un caillot vers les artères cérébrales est important ", prévient le Pr Alain Furber.
Quel médecin consulter ?
Un cardiologue.
Quel est le diagnostic ?
Un électrocardiogramme (ECG) permet d'établir le diagnostic. Il arrive que le trouble se calme au moment où l'examen est effectué. Dans ce cas, l'ECG peut être complété par un Holter ECG qui enregistre les données sur 24 heures.
Quels sont les traitements ?
"Le traitement du flutter est centré sur le contrôle de la fréquence cardiaque et sur la prévention des accidents emboliques", indique le cardiologue. Il consiste :
- à prendre en charge la cardiopathie sous-jacente.
- à prévenir la principale complication du flutter qui est la possibilité de survenue d'une embolie, migration d'un caillot de sang qui se bloque dans un vaisseau sanguin, pouvant être responsable d'accident vasculaire cérébral par exemple.
- le ralentissement de la fréquence cardiaque est essentielle en ayant recours à des bêta-bloquants, ou des inhibiteurs des canaux calciques, parfois si le flutter est mal toléré à un choc électrique..
Quand envisager l'ablation du nœud auriculo-ventriculaire ?
"Si le trouble du rythme est permanent, on va d'abord chercher à ralentir la fréquence cardiaque à l'aide de bêtabloquants ou d'inhibiteurs calciques bradycardisants. Des médicaments anti-arythmiques peuvent être utilisés pour rétablir puis maintenir un rythme normal. Si ce traitement anti-arythmique ne se révèle pas efficace, on peut être amené à proposer une ablation par radiofréquence, assez rapidement", surtout si l'arythmie lors des crises est rapide et mal supportée, concède le Pr Alain Furber.
Merci au Pr Alain Furber, chef du service cardiologie du CHU d'Angers et président de la Fédération Française de Cardiologie.