Allergie à l'ambroisie : pic, jusqu'à quand, que faire ?
Les pollens d'ambroisie montent en puissance en ce mois de septembre. Il est hautement allergène, quelques grains par mètre cube d'air suffisent à déclencher une allergie. Quels sont les symptômes ? Que faire ? Quels sont les traitements ? Réponses avec le Dr Sophie Silcret-Grieu, médecin allergologue.

Définition
Ambrosia artemisiifolia, l'ambroisie à feuilles d'armoise, communément appelée ambroisie, fait partie de la famille des composées, Astéracées. "Son pollen est hautement allergisant, particulièrement agressif et asthmogène", qui provoque et favorise l'asthme, indique le Dr Sophie Silcret-Grieu, allergologue. "Il suffit de 5 grains de pollen par mètre cube d'air pour déclencher l'allergie. Et l'on sait que le pollen des ambroisies sont émis en grande quantité : un plant adulte peut libérer jusqu'à 2,5 milliards de grains de pollens et il peut y avoir, lors de certaines périodes de météo défavorable (temps sec, chaleur, vent du sud), plus de 100 fois ce taux dans l'air que les malades inhalent. 6 à 12 % de la population exposée sont allergiques à l'ambroisie" explique le Dr Bruno Faure spécialiste de cette plante pour l'association Stop Ambroisie. De plus, ses grains de pollen sont de petite taille. Ils ont ainsi la capacité à rester plus longtemps dans l´atmosphère et peuvent parcourir de plus grandes distances puisqu´ils sont petits et légers.
Zones les plus touchées
Au cours des 20 dernières années, cette plante originaire d'Amérique du Nord, s'est propagée en Europe, notamment en France et plus intensément dans la vallée du Rhône où l'allergie à l'ambroisie touche 20% de sa population. Les zones plus touchées sont en Rhône-Alpes, dans la Drôme et l'Ardèche : Bourg de Péage, Bourg les Valence, Chabeuil, La Voulte, Loriol, Portes les Valence, Romans, Saint-Priest, Serrières, Valence, Vénissieux. La plante affectionne les terrains vagues, les friches, les bords des routes et des voies ferrées, les cultures, les vergers, et se propage très rapidement. Selon son lieu de croissance, l'ambroisie peut atteindre entre 5 cm et 150 cm de hauteur ; elle a une tige rougeâtre et velue, des feuilles pennatiséquées, des fleurs vertes disposées en épis avec des étamines jaunes. Elle est considérée comme une mauvaise herbe envahissante nuisible à l'environnement, son signalement et son arrachage (avant la montée en graines mi-août) est nécessaire.
Pic allergique
La plante germe dès le début avril. Les graines se forment dès la mi-août jusqu'à fin octobre : c'est à ce moment qu'elle libère son pollen, avec un pic vers la mi-août et jusqu'en septembre.
Symptômes
"Les symptômes sont ceux de la rhinite allergique saisonnière" indique le Dr Sophie Silcret-Grieu : nez bouché, éternuements, nez qui coule et démangeaisons. Ces symptômes peuvent s'accompagner d'une conjonctivite allergique saisonnière : yeux rouges qui piquent et gonflent, avec une sensation de sable dans les yeux. Chez certaines personnes très sensibles, les petits pollens peuvent pénétrer jusque dans les bronches, et provoquer des crises d´asthme : une diminution du souffle, des sifflements bronchiques, une toux persistante souvent nocturne, avec le risque de crises d'asthme sévères et d'oedème. La réaction allergique est d'autant plus rapide que l'allergène est asthmogène. Plus rarement, il peut advenir des problèmes cutanés : urticaire, eczéma, mais aussi une fatigue intense, des difficultés pour dormir. Toutes ces réactions sont aggravées par le vent (notamment vent du sud), mais améliorées par la pluie qui fait retomber les pollens au sol. Les réactions allergiques sont plus importantes à l´extérieur qu'à l´intérieur des habitations et plus le taux de pollens est élevé, plus les réactions allergiques se manifestent. "En Hongrie où quasiment l'ensemble du territoire est envahi, 60 % de la population est allergique à l'ambroisie", relate l'association Stop Ambroisie.
Le pollen est majoritairement émis en milieu de nuit, dispersé par le vent.
Période : jusqu'à quand durent les pollens de l'ambroisie ?
La présence du pollen apparaît dans les deux premières semaines d'août et se prolonge jusqu'à fin septembre, parfois jusqu'aux premières semaines d'octobre. Les réactions allergiques et la gène respiratoire chez les personnes sensibles sont immédiates et directement liées à la quantité de pollens présents dans l'air. Le pollen est majoritairement émis en milieu de nuit, dispersé par le vent. La pluie au contraire à tendance à plaquer les grains de pollen au sol.
Que faire ?
Face aux symptômes
"Les patients asthmatiques et allergiques aux pollens d'ambroisie, tout comme aux autres allergènes doivent plus que jamais poursuivre leur traitement de fond, souligne la médecin allergologue. Il ne faut surtout pas interrompre le traitement de fond" : les inhalateurs mais également les antihistaminiques oraux, qui permettent de limiter la libération d'histamine dans l'organisme. "Il leur est conseillé d'être vigilant à leur réaction allergique et de consulter un médecin qui pourra majorer le traitement", au besoin.
Se méfier des allergies croisées
L'allergie croisée est une réaction à une substance alors que la personne est sensibilisée à une autre substance chimiquement apparentée. "Les allergies croisées aux pollens et aux fruits sont surprenantes, comme le pollen de bouleau qui donne des allergies croisées aux fruits à noyaux et à pépins. Les personnes allergiques aux pollens de l'ambroisie ont des allergies croisées possibles avec le melon, à cause de leur protéine commune" souligne le Dr Silcret-Grieu, mais également à la banane et à la pastèque. Toutefois, "la protéine en cause est détruite lorsque le fruit est cuit."
Traitements
Les traitements médicaux efficaces existent. Les allergologues prescrivent pendant la saison : des anti-histaminiques, des corticoïdes locaux, des bronchodilatateurs, ou en préventifs : une désensibilisation spécifique, à débuter quelques mois avant la saison. Une des caractéristiques de l'ambroisie est de nécessiter très fréquemment de plus fortes doses de traitement que les autres allergènes (pollens du printemps, par exemple) ou de devoir associer les deux types de traitement (désensibilisation et traitements médicamenteux), selon le Dr Faure.
Des huiles essentielles contre cette allergie ?
Les huiles essentielles (HE) ne sont généralement pas conseillées aux allergiques, aux asthmatiques. Les allergologues redoutent leurs usages, pour leur "risque de générer des allergies" précise le Dr Silcret-Grieu, alors que "certaines huiles essentielles peuvent être intéressantes" reconnait la médecin. Toutefois, il faut être conseillé par un spécialiste en aromathérapie. Françoise Couic-Marinier Docteur en pharmacie et formatrice en aromathérapie recommande de "respirer un mélange HE d'estragon et de camomille romaine. En cas de crise : mettre sous la langue avec un peu de miel une goutte d'HE de camomille romaine et nettoyer les yeux avec de l'hydrolat de bleuet anti allergique et apaisant."
D'autres traitements naturels ?
Françoise Couic-Marinier, experte en huile essentielle a "Un produit "miracle" existe en prévention : allergyl du Laboratoire Gilbert, un produit très doux qui permet de créer une barrière naturelle dans le nez pour stopper l'introduction des pollens et leur inhalation." Par ailleurs il est conseillé en période de forte circulation des pollens de "se laver les cheveux après être sortie, d'aérer chez soi tôt le matin ou tard le soir, et de se rincer le nez, avec du sérum physiologique par exemple" indique la médecin allergologue.
Merci au Dr Sophie Silcret-Grieu, médecin allergologue à Paris, et à Françoise Couic-Marinier, Dr en pharmacie et formatrice en aromathérapie et phytothérapie.
Sources :