Immunité collective et Covid : quel taux en France, seuil à atteindre ?
L'immunité collective casse la chaîne de transmission d'un virus et permet d'éteindre une épidémie, soit en laissant les gens s'exposer, soit en les vaccinant d'où l'incitation du gouvernement à se faire vacciner contre le Covid en pleine pandémie. Quel taux atteindre ? Où en est la France ? Définition, chiffres et images.
Parmi les pistes pour contrer une épidémie comme celle du Covid-19 figure le principe de l'immunité collective, aussi appelée immunité "de groupe" ou immunité grégaire. L'immunité collective casse la chaîne de transmission d'un virus et permet d'éteindre une épidémie, soit en laissant les gens s'exposer, soit en les vaccinant. Avec la mise à disposition de quatre vaccins contre le Covid, le gouvernement français pousse la population à se faire vacciner pour parvenir à cette fameuse immunité collective. Au 27 juin, 21 millions de Français ont un schéma vaccinal complet soit 31.6% de la population totale, indique le ministère de la Santé. "Entre ceux qui sont tombés malades et ceux qui sont vaccinés, on arrive à peu près à 50% d'immunité collective" déclarait l'épidémiologiste Didier Pittet sur France Inter le 18 mai. Pour stopper le virus, il faut que ce taux grimpe au moins à 80%, on en est encore loin... Quelle est la définition de l'immunité collective ? Quelle efficacité contre un virus ? Et quels dangers ?
Définition : c'est quoi l'immunité collective ?
L'immunité collective correspond au niveau de la protection immunitaire d'une population vis-à-vis d'un agent infectieux. Une fois ce niveau atteint, l'épidémie s'arrête. Pour l'atteindre, deux options : exposer les gens au virus ou les en protéger (via un vaccin).
→ Dans le premier cas, on laisse circuler les gens et ainsi l'agent infectieux jusqu'à ce qu'un certain pourcentage de la population soit infectée. Plus il y a de personnes infectées, plus elles sont censées développer des anticorps contre l'infection et moins elles en contamineront de nouvelles. Avec le temps, cette immunisation collective casse la chaîne de transmission du virus et la maladie s'éteint.
→ Dans le second cas, l'immunité collective est obtenue en protégeant les individus contre le virus. Les vaccins entraînent notre système immunitaire à produire des protéines qui combattent la maladie (les anticorps), comme lorsque nous sommes exposés à une maladie. Les personnes vaccinées sont protégées contre la maladie en question et ne peuvent pas la transmettre, ce qui brise les chaînes de transmission.
Quel est l'intérêt de l'immunité collective ?
L'acquisition d'une immunité collective a un double objectif : stopper la propagation de maladies contagieuses et mortelles et protéger les plus fragiles qui ne peuvent être vaccinés contre celles-ci :
- les nouveau-nés trop jeunes pour être vaccinés,
- les personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons médicales (immunodéficience, greffes d'organes, traitements contre le cancer, réactions allergiques),
- les personnes dont le système immunitaire est affaibli, comme les personnes âgées.
Quel seuil atteindre pour arrêter l'épidémie ?
"Le pourcentage de personnes qui doivent posséder des anticorps pour parvenir à l'immunité collective contre une maladie donnée dépend de chaque maladie", rappelle l'OMS le 15 octobre. Par exemple, l'immunité collective contre la rougeole est obtenue quand environ 95 % d'une population est vaccinée. Les 5 % restants sont protégés du fait que la rougeole ne se propagera pas parmi les personnes vaccinées. Pour la poliomyélite, le seuil est d'environ 80 %. Dans le cadre de l'épidémie Covid-19, les experts ont d'abord estimé qu'il faudrait atteindre des seuils de 50 à 60% voire 70% de la population ayant développé des anticorps (soit naturellement, soit par la vaccination). Aujourd'hui, et certainement avec l'apparition de variants du Covid, les spécialistes indiquent qu'il faut au moins atteindre un taux de 80% d'immunité collective pour stopper l'épidémie.
Quel taux en France contre la Covid-19 ?
Au 27 juin, 21 millions de Français ont un schéma vaccinal complet soit 31.6% de la population totale, indique le ministère de la Santé."Entre ceux qui sont tombés malades et ceux qui sont vaccinés, on arrive à peu près à 50% d'immunité collective" déclarait l'épidémiologiste Didier Pitter sur France Inter le 18 mai. L'Institut Pasteur a développé des méthodes pour estimer la proportion de la population ayant été infectée par SARS-CoV-2, en se basant notamment sur les enquêtes sérologiques. La dernière estimation a été publiée en avril 2021, par régions. "Il faut bien faire attention à l'interprétation de ces estimations, prévient cependant l'institut. Si l'infection confère sans doute une immunité sur le court terme, il est possible que cette dernière s'estompe avec le temps. La proportion d'infectés que nous estimons doit donc être interprétée comme une borne supérieure pour la proportion de la population étant immunisée suite à une infection. Par ailleurs, il faut bien garder en tête les limites de ces estimations qui reposent sur des hypothèses assez fortes. Par exemple, nous faisons l'hypothèse que la probabilité d'être hospitalisé lorsqu'on est infecté est restée constante dans chaque groupe d'âge. Il est néanmoins possible que ces probabilités aient varié au cours de la pandémie ou d'une région à l'autre."
Quels sont les risques de l'immunité collective ?
Si l'immunité collective présente des intérêts sanitaires et économiques pour les pays, elle comporte aussi des risques. Principalement en terme de mortalité car en laissant les gens être infectés par un virus pour s'immuniser au fur et à mesure, le taux de létalité peut être très élevé. "Essayer de parvenir à l'" immunité collective " en laissant se propager librement un virus dangereux serait problématique du point de vue scientifique et contraire à l'éthique, a déclaré l'OMS le 15 octobre. Laisser le virus circuler au sein de populations, quel que soit leur âge ou leur état de santé, revient à laisser libre champ à des infections, des souffrances et des décès inutiles." Or "dans la plupart des pays, la vaste majorité des gens restent sensibles au virus".
Sources :
Immunité collective, confinement et COVID-19, OMS, 15 octobre 2020.
Premiers résultats des enquêtes de santé publique de l'Inserm sur la Covid-19 : facteurs de risque individuels et sociaux. Communiqué de presse Inserm 9 octobre 2020.