Capsulite rétractile (épaule gelée) : durée, IRM, traitement
La capsulite rétractile (ou épaule gelée) est une inflammation de la membrane qui entoure l'articulation de l'épaule. Douleur et perte de mouvement sont les principaux symptômes. Comment la soigner ? Réponses du Pr Patrick Boyer, chirurgien orthopédiste, spécialiste de l'épaule à l'hôpital Bichat.
La capsulite rétractile (ou capsulite de l'épaule) est une atteinte bénigne de l'articulation de l'épaule, qui est plus fréquente chez les femmes de 40-60 ans. On l'appelle aussi "épaule gelée" car la personne atteinte est de plus en plus limitée dans ses mouvements d'épaule (dans toutes les directions : abaissement, rotation, abduction, adduction, élévation, inclinaison, flexion). Cela en fait une forme chronique d'arthrite de l'épaule. Selon l'Hôpital Américain de Paris, elle pourrait toucher 10% de la population. Quels sont les symptômes ? Comment débloquer l'épaule ? Comment la soigner ? Toutes les réponses.
Définition : c'est quoi une capsulite rétractile ou "épaule gelée" ?
La capsule est une membrane qui entoure l'articulation de l'épaule. Il arrive que ce tissu s'enflamme et se rigidifie : c'est ce qu'on appelle une capsulite rétractile aussi appelée "épaule gelée". Cette affection est en fait une forme chronique d'arthrite de l'épaule au niveau de l'articulation située entre l'omoplate et l'humérus. Elle provoque un enraidissement progressif de l'épaule avec des douleurs augmentées par les mouvements.
Quels sont les symptômes d'une capsulite rétractile ?
La capsulite rétractile se manifeste en trois phases :
- Phase 1 : des douleurs permanentes de l'épaule pouvant irradier jusqu'au coude, plus intensément au cours de la nuit au point de perturber la qualité du sommeil. Cette phase dure généralement de 1 à 4 mois.
- Phase 2 : une raideur ou enraidissement de l'articulation (d'où le nom d'épaule gelée) empêchant bon nombre de mouvements. Au fur et à mesure que la raideur s'intensifie, la douleur diminue. La douleur devient intermittente et est moins intense que durant la phase 1. Cette phase dure environ de 3 à 12 mois.
- Phase 3 : la disparition de la rigidité puis réapparition de la mobilité de l'épaule. Cette phase dure environ de 6 mois à 2 ans.
Combien de temps dure une capsulite rétractile ?
On constate une guérison spontanée en 18 mois avec, parfois, la persistance d'une très légère raideur.
A quel âge a-t-on le plus de risque d'avoir une capsulite rétractile ?
Si tout le monde peut être concerné, les femmes, en période de péri-ménopause ou de ménopause installée sont plus touchées. Les hommes peuvent également être concernés. Généralement, cette affection de l'épaule se manifeste chez les 40-60 ans.
Quelles sont les causes d'une capsulite rétractile ?
La capsulite est liée à une rétraction de la capsule qui entoure l'articulation de l'épaule. Localement on constate souvent une hypervascularisation (on parle de néovascularisation) qui entraîne une inflammation, à l'origine du mécanisme de rétraction. On ne connaît pas la cause exacte de la capsulite rétractile. Cette inflammation peut survenir en cas de :
- Une fatigue importante.
- Une période de stress.
- Un traumatisme local comme une chute.
- Une atteinte neurologique (une attaque cérébrale par exemple)
- L'immobilisation de l'épaule par attelle ou plâtre (à la suite d'une fracture, d'une mastectomie, ou d'une chirurgie thoracique)
- Une autre affection de l'épaule, comme une tendinite, une bursite ou une rupture de la coiffe des rotateurs.
- La prise de certains médicaments (antiviraux, contre le sida, traitement antituberculeux, iode…).
- La capsulite rétractile est souvent associée à certaines conditions médicales préexistantes, dont le diabète, les maladies cardiaques, les désordres thyroïdiens et les pathologies cervicales.
Qui consulter ?
Si vous observez une douleur sans raison à l'épaule, surtout si elle s'accompagne d'une perte de mouvement, consultez votre médecin généraliste ou un physiothérapeute.
Comment pose-t-on le diagnostic d'une capsulite rétractile ?
► Interrogatoire et examen clinique. "La phase douloureuse amplifiée la nuit et la perte de mobilité de l'épaule permettent de diagnostiquer une capsulite rétractile, explique le Pr Patrick Boyer, chirurgien orthopédiste, spécialiste de l'épaule à l'hôpital Bichat. Mais parfois, la symptomatologie peut être trompeuse.
► Des radiographies sont habituellement réalisées dans le but d'éliminer d'autres causes d'épaule douloureuse et/ou enraidie (tendinose calcifiante, omarthrose, arthrite, etc.). Elles sont le plus souvent normales ou révèlent parfois une hypertransparence osseuse hétérogène de la tête humérale, souvent à prédominance sous-chondrale
► IRM : examen qui permet de confirmer le diagnostic de la capsulite, mais aussi d'éliminer d'autres diagnostics différentiels comme une rupture de la coiffe des rotateurs.
► Bilan sanguin
Que voit-on à l'IRM en cas de capsulite ?
Lorsqu'une IRM est demandée, on peut observer (source : Capsulite de l'épaule en IRM, A. Cotten, S. Jousse-Joulin) :
- Un épaississement capsulosynovial du récessus axillaire (> 3 ou 4 mm)
- Un hypersignal T2 modéré de ce même récessus, à confronter à une autre structure (tendon bicipital, labrum, etc.)
- La présence d'anomalies de signal de la graisse adjacente
- Un épaississement du ligament coracohuméral "trop bien visible" et une oblitération partielle ou complète du triangle graisseux sous-coracoïdien
- Des anomalies de signal non spécifiques de la moelle osseuse de la tête humérale
- Un rehaussement capsulosynovial glénohuméral volontiers intense après injection de gadolinium
Quel traitement pour soigner une capsulite ?
En première intention, le traitement repose sur :
► La prise de crèmes en application locale comme des topiques.
► La prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) oraux
► Parfois des infiltrations ou des injections de corticoïdes.
► De la rééducation chez le kiné
En revanche, "la chirurgie n'est pas conseillée car elle entraîne une aggravation de la capsulite rétractile", précise le Pr. Boyer. Mais parfois, elle peut être proposée en cas d'échec des autres traitements, tout comme l'embolisation, un traitement de radiologie interventionnelle qui consiste à insérer un cathéter par une artère du poignet (sous anesthésie locale).
Quand faire de la rééducation ?
"La kinésithérapie et l'immersion en eau chaude permettent d'obtenir de bons résultats pendant la phase évolutive de la maladie mais également pendant la période de rééducation", indique le Pr Boyer. La sollicitation en douceur de l'articulation au cours des séances évite l'atrophie musculaire due à l'immobilisation de l'épaule que le patient a tendance à s'imposer spontanément.
Quels sont les remèdes naturels pour soulager une capsulite ?
- Une douche chaude sur la zone concernée peut soulager le mal. Tout comme l'application d'une bouillotte.
- En dehors de la période douloureuse, la pratique de quelques mouvements de gymnastique comme des étirements peut aider à donner une meilleure mobilité. Cessez en cas de douleurs.
- En phytothérapie, la prise d'harpagophytum peut calmer l'inflammation net les douleurs articulaires
- Des massages avec une huile d'arnica.
- Ostéopathie : Grâce à des manipulations douces, des pressions et des étirements, quelques séances d'ostéopathie peuvent aider à retrouver mobilité et amplitude à l'épaule. Rendez-vous chez le spécialiste avec vos radios. Certaines mutuelles prennent en charge les séances.
Quelles sont les séquelles possibles après une capsulite ?
Bien que cette maladie guérisse toujours, elle peut laisser quelques séquelles comme des raideurs.
Quelle prévention pour l'éviter ?
Aucune règle de prévention n'est médicalement préconisée à l'heure actuelle, nulle cause extérieure n'ayant été relevée comme étant responsable d'une capsule rétractile de façon récurrente.
Pronostic : quel temps de guérison en cas de capsulite ?
Le pronostic est favorable pour la plupart des personnes. Il faut compter à un deux ans pour une récupération complète.
Peut-on travailler avec une capsulite rétractile ?
Tout dépend de l'étendue de la capsulite. Une capsulite nécessite parfois un arrêt de travail pouvant s'étendre de quelques jours à plusieurs mois, afin de mettre l'articulation au repos complet. C'est votre médecin qui le déterminera. Généralement, l'arrêt de travail est de :
- Quelques jours à 2 semaines pour un travail sédentaire, de bureau
- Quelques mois pour un travail exigeant de conduire
- Six mois pour un travail manuel lourd
Merci au Pr Patrick Boyer, chirurgien orthopédiste, spécialiste de l'épaule à l'hôpital Bichat.