Cancer des os : symptômes, douleur, quelle espérance de vie ?
Les cancers de l'os sont rares en France alors que les métastases osseuses sont, elles, plus fréquentes.
Quand on parle de cancer des os c'est pour désigner une tumeur qui prend naissance dans les cellules des os ou du cartilage (cancer "primitif" des os) ou une tumeur d'un autre organe qui se propage au niveau des os (métastases osseuses). Les cancers primitifs de l'os sont des maladies rares et représentent 0,5 à 1 % des nouveaux cancers chaque année, toutes localisations confondues, soit environ 300 nouveaux cas par an, selon la Fondation pour la Recherche Médicale. Il est plus fréquent chez les enfants et adolescents, plus rare chez les adultes.
Quel est le nom d'un cancer des os ?
En fonction de l'âge, on peut être touché par certains types de cancer de l'os :
- La tumeur d'Ewing chez les enfants,
- Le chondrosarcome, lymphome osseux primitif et le plasmocytome plus chez les adultes.
- L'ostéosarcome (le plus fréquent), qui représente 10% des sarcomes (mais moins de 0,5% de tous les cancers), peut toucher indifféremment les adultes et les enfants.
Cancer des os ou métastases osseuses ?
En pratique, quand on parle de cancer des os, on désigne généralement des métastases osseuses, qui concernent 80% des cancers des os. "Il s'agit d'une la migration de métastases provenant d'un cancer primitif (principalement du sein, du poumon, du rein, de la thyroïde et de la prostate) qui sont aller se nicher dans les os ", explique le Dr Audrey Monneur, cancérologue médicale à Institut Paoli Calmettes à Marseille. Les métastases peuvent ainsi toucher tous les os, même ceux du crâne, mais les localisations sur les extrémités des membres sont rares.
Quel est l'âge moyen du cancer des os ?
"Pour l'ostéosarcome, il y a deux pics de fréquence : un autour de 20 ans, et un autre autour de 60 ans", explique la cancérologue. Les tumeurs primitives osseuses, elles, font partie des cancers fréquents chez les enfants. Enfin, le chondrosarcome, concerne, lui, les personnes à partir de 40 ans.
Quelles chances de survie pour un cancer des os ?
► Pour l'ostéosarcome, la survie à 5 ans pour un cancer localisé (qui ne s'est pas étendu) est 70% sans métastases. Cela signifie que 70% des patients sont encore vivant 5 ans après le début du traitement. Mais si le cancer a développé des métastases (cancer de stade 4), ce chiffre tombe à 30%.
► Pour le sarcome d'Ewing, la survie à 5 ans est de 50% lorsque la tumeur est encore localisée.
► Concernant les métastases, cela dépend du cancer primaire : "On sait qu'avec le cancer du sein métastatique dans les os, on peut vivre encore 10 ou 12 ans avec progrès actuels, tout comme pour le cancer de la prostate, détaille la spécialiste. Cependant, pour le cancer du poumon, ce chiffre est plus bas", conclut-elle.
Quels sont les symptômes d'un cancer des os ?
"Le cancer primitif des os entraîne principalement des douleurs osseuses, mais peut aussi causer des fractures pathologiques sur un os abimé par la tumeur et, parfois, une tuméfaction douloureuse", détaille la spécialiste. Lors des métastases osseuses, les symptômes sont également des douleurs et parfois des fractures pathologiques, "mais aussi une hypercalcémie (c'est-à-dire une augmentation du taux de calcium) ou encore une compressions médullaires métastasique sur une artère, qui risque de comprimer la moelle épinière et entraîner une paralysie des membres inférieurs , explique-t-elle. C'est au cours d'un bilan réalisé après la découverte d'un cancer primitif qu'il est décelé avant l'apparition de douleurs osseuses.
Quelles sont les causes d'un cancer des os ?
Dans la plupart des cas, on ne connaît pas l'origine d'un cancer des os. Certains facteurs pourraient augmenter le risque : "Chez certaines personnes, une exposition à des radiations lors d'un traitement par la radiothérapie par exemple", déclare la spécialiste. La présence d'une pathologie osseuse sous-jacente, comme la maladie de Paget, ou des facteurs génétiques, tel que le syndrome de Li-Fraumeni (absence d'un gène permettant de lutter contre le développement de cancers) pourraient aussi jouer un rôle.
Comment pose-t-on le diagnostic d'un cancer des os ?
"Pour commencer, lorsqu'il y a une douleur osseuse, on fait une radio pour détecter le problème. Ensuite, certaines anomalies sur la radio nécessitent de faire une IRM et un scanner. Puis, lorsqu'il y a des lésions osseuses, il faut différencier s'il s'agit de métastase ou d'une tumeur primitive", explique la cancérologue. S'il s'agit métastases, alors les spécialistes doivent chercher d'où vient la tumeur primitive d'origine, via un scanner. "On fait aussi des scintigraphies osseuses pour voir si d'autres os sont touchés", ajoute Audrey Monneur. S'il s'agit d'une tumeur primitive osseuse (dans moins de 20% des cas), "on fait une IRM de la région et un scanner dans le cadre du bilan d'extension, pour voir s'il n'y a pas d'autres tumeurs ailleurs. Parfois, on faut aussi une scintigraphie ou des biopsies (prélèvement de tissus) de la moelle, selon les cas". Dans le cas des sarcomes, l'opération est délicate, et il y a des règles assez strictes.
Comment soigner un cancer des os ?
Pour les tumeurs primitives, "on pratique d'abord de la chimiothérapie néoadjuvante. Elle sert à réduire le volume tumoral et prévenir le risque de métastases, explique la cancérologue. Ensuite, on opère pour retirer la tumeur, et on vérifie le taux de réponse à la chimiothérapie – c'est-à-dire le nombre de cellules viables ou pas", détaille-t-elle. En fonction de ce taux, les professionnels vont décider de pratiquer une chimiothérapie post-opératoire plus ou moins importante. Une radiothérapie peut également être appliquée, en fonction du type de sarcome. Elle est généralement utilisée pour le sarcome d'Ewing. Dans le cas des métastases, "chaque traitement dépend du cancer primitif. S'il y a des douleurs osseuses, une radiothérapie peut être appliquée". En plus du traitement initial, il y a souvent une radiothérapie, associée à une chimiothérapie ou à une hormonothérapie. La radiologie interventionnelle peut aussi se révéler efficace en fonction des cas, tout comme la radiofréquence ou la cimentoplastie : "Celle-ci consiste à injecter du ciment dans la vertèbre cassé par la tumeur, pour lutter contre la douleur", explique la cancérologue. Pour prévenir les fractures, des bisphosphonates peuvent être utiles : il s'agit de traitement anti-rédemption osseuse.
Merci au Dr Audrey Monneur, cancérologue médicale à Institut Paoli Calmettes à Marseille.