Cancer généralisé : quelle survie ?
On dit qu'un cancer est généralisé quand, depuis la tumeur initiale, il s'est propagé dans d'autres parties du corps, pour créer de nouvelles tumeurs appelées métastases. On dit alors que le cancer est de stade 4 : le pronostic vital est engagé. Quelle espérance de vie ? Peut-on guérir ?
Par définition, un cancer généralisé est un cancer qui a développé des métastases. Autrement dit, c'est un cancer qui s'est propagé à d'autres parties du corps (au foie, à l'estomac, aux poumons, aux os...). On dit aussi que le cancer est de stade 4 ou de stade métastatique. Le pronostic vital est fortement engagé en cas de cancer généralisé. Quels symptômes ? Quelle espérance de vie ? Peut-on en guérir ?
C'est quoi un cancer généralisé ?
Un cancer généralisé est synonyme d'un cancer métastatique. Il s'agit d'un cancer initial, dit primitif, qui a développé des métastases qui ont migré dans différentes parties de l'organisme. "Les cellules cancéreuses qui composent la tumeur initiale ont la capacité de se détacher et de se glisser dans un vaisseau sanguin", explique le Professeur Éric Raymond, chef de Service Oncologie Médicale au Centre Hospitalier de Paris Saint-Joseph. "Ainsi, elles peuvent atteindre un autre organe, puisque le sang se distribue un peu partout. Souvent, c'est le foie, les os, les poumons et le cerveau", détaille-t-il. Cette propagation peut être due au type de cancer, à sa durée, à son grade ou à son emplacement. Le pronostic vital est fortement engagé en cas de cancer généralisé.
Quels sont les symptômes en cas de cancer généralisé ?
Il y a des symptômes communs au cancer généralisé :
- Fatigue
- Perte de poids
- Manque d'appétit
"On appelle cela les signes généraux. Malheureusement, ils sont communs à beaucoup d'autres maladies, explique le cancérologue. Ensuite, il y a les symptômes en fonction de la zone ou l'organe touché : par exemple, des douleurs s'il y a des lésions osseuses, ou au contraire en cas de métastases au foie, cela peut passer inaperçu". La nécessité médicale est donc d'essayer de détecter le plus tôt possible ces lésions cancéreuses, avec des scanners, "même lorsqu'elles sont petites et n'induisent pas de symptômes", précise le médecin.
C'est quoi le stade d'un cancer généralisé ?
On appelle le cancer métastatique le cancer de stade 4. Cela ne signifie pas que c'est la "phase terminale", mais que le cancer a touché d'autres organes. Il n'y a pas de stades du cancer généralisé : "A partir du moment où le cancer est métastatique, on le considère comme une maladie globale, qu'il y ait une ou plusieurs métastases", explique le spécialiste.
Quelles chances de survie en cas de cancer généralisé ?
Le pronostic va dépendre principalement de l'endroit où les métastases vont aller. "Si cela touche l'un des trois organes majeurs, le cerveau, des poumons, ou le foie, et que l'atteinte est importante, le pronostic vital peut être mis en jeu", indique le spécialiste. Mais cela dépend surtout du nombre et de la taille des lésions : s'il y a plusieurs métastases, ou une grosse qui peut se compliquer, le pronostique vital peut être engagé. "Néanmoins, il est important de rappeler que, même quand on a des métastases, tout n'est pas perdu, tiens à préciser le cancérologue. De nombreux progrès ont été faits pour que la guérison soit plus accessible." Et même lorsque l'on est gravement touché, il n'y a pas forcément de décès imminent. L'espérance de vie peut être longue ". En effet, l'exemple le plus significatif est celui de l'ancien président François Mitterrand, atteint d'un cancer de la prostate métastatique pendant ses deux septennats. "Il ne faut pas baisser les bras : aujourd'hui, on peut guérir au bout de plusieurs années, si on arrive à faire tous les traitements", précise le professeur Raymond.
Quels traitements quand le cancer est généralisé ?
Les traitements généraux : chimiothérapie, thérapies ciblées et immunothérapie
"Il y a 20 ans, on n'avait pratiquement que la chimiothérapie et l'hormonothérapie", explique notre interlocuteur. Il existe plusieurs types de chimiothérapies selon le cancer. Ce traitement consiste à tuer les cellules cancéreuses, mais cette technique présente un inconvénient de taille. En effet, le traitement ne parvient pas toujours à faire la différence entre les cellules saines et les cellules cancéreuses, ce qui entraîne beaucoup d'effets secondaires.
L'immunothérapie
L'immunothérapie peut être efficace sur certains cancers sensibles aux hormones sexuelles. Cela consiste à bloquer "le récepteur hormonal sur les cellules cancéreuses, ce qui les empêche de proliférer. Mais l'arsenal pour lutter contre les métastases s'est beaucoup enrichit. Aujourd'hui, on adjoint à ces traitements de nouveaux médicaments : les thérapies ciblées et l'immunothérapie". Les thérapies ciblées sont de tout nouveaux médicaments capables de détruire spécifiquement les cellules cancéreuses. Quant à l'immunothérapie, c'est une technique qui ne marche que chez certains patients : cela consiste à stimuler les défenses de l'organisme contre les cellules cancéreuses.
Les traitements locaux : radiothérapie, radiofréquence...
La chirurgie a fait beaucoup de progrès, donc on est capable de traiter la lésion chirurgicalement. Il y a aussi la radiothérapie : "cela consiste à focaliser un faisceau de rayon sur une des métastases qui est dangereuse, pour la détruire. C'est utilisé, par exemple, dans les métastases cérébrales qui sont souvent difficiles à opérer, mais qu'on peut cibler avec la radiothérapie sans faire trop de dégâts au cerveau sain", détaille le Professeur Éric Raymond. Au cours des dix dernières années, des traitements locaux-régionaux ont été développés en radiologie, et sont pratiqués par des radiologues interventionnels. C'est le cas de la radiofréquence : sous anesthésie générale, "on intègre une aiguille avec une impulsion électrique dans la tumeur. Cela va permettre de chauffer la zone, ce qui va réduire la tumeur localement". Cette technique est très souvent utilisée pour compléter le traitement par chimiothérapie ou immunothérapie. "Traiter le cancer des deux côtés, général et local, multiplie ainsi les chances de guérison", rappelle le spécialiste en oncologie.
Merci au Professeur Éric Raymond, chef de Service Oncologie Médicale au Centre Hospitalier de Paris Saint-Joseph.